Ce qui est génial avec le Stoner, c’est que cet univers musical agit comme un charmant convecteur temporel, nous permettant de remonter le temps, comme ce cher Marty McFly venu nous rendre visite un certain 21 octobre 2015. Quelques jours avant son arrivé, les Gentlemans Pistols nous ont offert leur troisième album : Hustler’s Row, sorti le 16 octobre 2015, histoire de faire découvrir des sonorités dignes des années 1970.
Ce qui est frappant, c’est tout d’abord la pochette de ce troisième opus, réalisée par John Pearson. Car en effet, nous sommes à une époque où ce genre de formation, ravivant fortement l’héritage de Led Zeppelin, use de design tout en couleur et de psychédélisme à vous donner l’impression d’assister à de perpétuelles répétitions iconographique. Il est très appréciable de voir que le groupe a fait un choix original à travers la volonté d’interrompre un cycle coloré et de se prêter au jeu du noir et du gris, contrastés par un sanguinolent titre d’album au sol. On y découvre tout un univers de débauche, de sexualité, de folie et de meurtre face à la maternité et une fécondité qui s’associent étrangement à un homme tenant sa femme morte et sortant d’une boutique au nom du groupe britannique. Mais est-ce que cette ambiance caractérise bien la teneure musicale de Hustler’s Row ?
Il est impossible de se faire une vraie idée dès la première écoute, tant cet album respire un rock 70’ très classique. James Atkinson, chanteur guitariste et leader incontesté du groupe avait cette volonté de surpasser un intéressant deuxième album et sorti en 2011 (At her Majesty’s Pleasure). Pourtant, après avoir appris à connaître ce nouvel album, on constate qu’il se divise en deux parties maladroitement réparties. En effet, Gentlemans Pistols ouvrent le bal avec une première face (si on est adepte du vinyle) des plus moyennes. On se retrouve dans un univers fidèle aux années 1970, avec un groupe qui joue bien et qui possède un son plus que vintage. Néanmoins, à mesure que les titres défilent, on ressent cette impression de déjà tant entendu en si peu de temps (Kadavar , Graveyard, … ). Ainsi l’ouverture de « The Searcher » ou du premier single et clip vidéo « Devil’s Advocate On Call » n’arrivent pas à convaincre. Relativisons tout de même les choses puisque « Time Wasters » redonne un élan de fraicheur.
Et ce n’est pas fini, puisque la deuxième partie est riche en surprises. C’est notamment avec « Personal Fantazy Wonderland », « Lady Teaser » et « Dazzle Drizzler » que cet album prend une certaine ampleur musicale, grâce notamment à Bill Steer (Carcass, ex-Firebird, Napalm Death,…) très en forme. On retrouve ainsi tous les ingrédients qui font le succès des sujets de sa Majesté, Groove et rythmiques séduisants, guitares enjouées et dignes de grands morceaux des années 1970, voix clairement maîtrisées ; de quoi vous donner l’envie de voyager sur les routes de Grande Bretagne. Seul petit bémol à cette progression, cette deuxième vitesse se retrouve bloquée par un final des plus interrogateurs avec le titre éponyme de l’album « Hustler’s Row » qui n’emballe pas. Par sa volonté de mener une balade qui monte et qui finalement n’apporte rien de plus qu’un solo oublié et casé en toute fin de titre, le groupe nous laisse sur une fin perplexe.
Hustler’s Row met donc du temps à décoller mais se rattrape très vite avec un petit point de chute un peu maladroit en fin d’album. On peut ainsi imaginer que Gentlemans Pistols saura faire encore mieux la prochaine fois, en prenant plus de risque, tout en gardant cette ambiance 70’ qu’ils maîtrisent plutôt bien.
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