Godsleep – Thousand Sons Of Sleep


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« Thousand Sons Of Sleep ». Avec un titre pareil, la filiation de Godsleep avec la bande à Pike semble toute trouvée. Alors OK, c’est du stoner, la déduction est acceptée. Mais s’arrêter ici serait très réducteur et manquerait de pertinence. Après un rapide test génétique, on s’est rendu compte que les géniteurs potentiels de Godsleep étaient surement bien différents. Bilan de l’ADN joint ci-contre. Merci de prendre en considération les aléas de la science.

Godsleep, quartet d’Athènes, nous livre ici son premier album. Composé de sept titres, il est une sorte de déclaration d’amour au genre stoner et aux grands acteurs de la scène. Amateurs d’aventures et de pirouettes en tout genre, ce disque n’est pas le vôtre. Vous l’aurez compris, ici on avance en terrain conquis. Et d’entrée de jeu. « When the desert calls you, you must be there », c’est sur ces belles paroles que s’ouvre le premier titre, « The call ». Cette ballade relevée d’un soupçon de psychédélisme nous plonge directement sous un soleil aride. La chaleur est écrasante et la voix vacille aux rythmes des ondulations du mirage à l’horizon. Le décor est planté, mais vite bousillé par un riff ravageur qui sent bon l’humidité et le cambouis. Le groupe aime en effet recueillir tout ce qui traine dans la boue ou la sueur pour le transcrire le plus fidèlement en musique. Et le résultat est plutôt satisfaisant, quand on écoute des titres comme le supra groovy « Wrong Turn » ou le plus léthargique « I Want You ».  Tout au long de l’album, on pense inévitablement à Down et à ses hymnes du bayou, d’autant plus que la voix de Kostas ressemble à s’y méprendre à celle d’Anselmo. Vous savez, cette voix qui vient de très loin, pratiquée les yeux plissés, la gueule grande ouverte et la goutte au front. Du genre je mets mes tripes sur la table et je vous en sers volontiers. On en a d’ailleurs droit à une bonne ration sur le magnifique « Thirteen », avec un passage a cappella où l’on jurerait que Tonton Phil s’est invité sur l’enregistrement. Cette chanson est une belle synthèse de l’étendue sonore du groupe. Certes, si nos grecs sont en effet adeptes d’ambiances marécageuses, ils boxent aussi dans une autre catégorie. Quand on quitte Down et son atmosphère menaçante, c’est pour retrouver l’énergie radieuse d’un Truckfighters. Le groupe excelle donc aussi dans un riffing plus souriant, plus cosmique que bluesy, comme sur « This Is Mine », dont le groove semble tout droit sorti d’un Gravity X. À l’image du titre introductif, on retrouve aussi des virées plus lancinantes, comme les deux derniers « Home » et « Feel Like Home ». Accroupi, quelques gouttes de sang perlant sur le sable après une telle déculottée, on termine l’écoute de cet album sur ce retour à la maison rédempteur.

Cet album ne nous surprend pas mais ce n’est certainement pas son but. Pas d’entourloupe, pas d’artifice ni de tromperie sur la marchandise, on sait à quoi s’attendre. Mais bon dieu que c’est bon ! C’est bien ficelé, ça bouge superbement et on ne s’ennuie jamais. N’est ce pas plus judicieux de proposer du traditionnel maîtrisé que du novateur insipide ? On laissera conclure M. Michon Fleury, ce célèbre poète du gras, par son adéquat proverbe : « La tradition, ça a du bon ».

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