Gorilla et Grifter sont deux groupes anglais dont nous avons trop peu d’échos depuis quelques années – même si Grifter s’est rappelé à nos souvenirs il y a peu par la grâce (!!) de son dernier album The Return Of The Bearded Brethren. Quant à Gorilla, leurs plus récentes sorties ont été distribuées si confidentiellement qu’on avait oublié jusqu’à leur existence (même si leur « Maximum Riff Mania » a laissé quelques traces au début du millénaire, encore bien présentes jusqu’à aujourd’hui) – il faut dire que leur frontman a désormais plus de succès avec The Admiral Sir Cloudesley Shovell… Quoi qu’il en soit, ces groupes sont toujours actifs, surtout sur leurs terres grand-britanniques en réalité. Par le biais du label anglais qui a le vent en poupe, HeaviSike (Bright Curse, etc…), les deux groupes, qui partagent plus que leur nationalité (même approche musicale, même attitude…) se voient rassemblés pour un EP collaboratif qui fait bien plaisir par où il passe.
Huit titres, quatre chacun : très vite l’on comprend que l’heure n’est ni à la tergiversation ni à la subtilité. Ce « Both Barrels » de Grifter convoque Lemmy en invité unique, et l’on est vite écrasé par l’influence Motorheadienne, même si le clin d’œil grossier est clairement un hommage plutôt qu’un plagiat. Il en va de même pour un « Grind Yer Down » du même tonneau (de whisky-coca) : la voix de Johnny Gorilla, qui n’est jamais très loin de celle du bassiste légendaire sus-mentionné, apporte la dose de Houblon tiède qui porte la baraque sur ces quatre premiers titres (la face A du vinyl), et autant de petites tornades jouées pied au plancher. Il n’empêche, cette ombre de Motörhead qui couvre les quatre productions du groupe sur cet EP nous détachent trop de la qualité intrinsèque de Grifter. Plus d’originalité, et un vrai travail (conscient – il faut qu’ils ouvrent les yeux et les oreilles pour mieux se détacher de cette influence) aurait été de bon aloi ici.
De l’originalité, chez Grifter, on en trouve quand même un peu plus. Le trio anglais partage clairement avec l’autre trio anglas une certaine idée du gros rock qui tâche, et ils s’y entendent pour porter des compos qui, si elles ne visent pas à briller par leur originalité éclatante, apportent bien plus de relief que les productions de Gorilla sur le recto de cette galette. Gros riffs, compos marquées au fer rouge comme pour mieux attester de leur provenance directe de la patrie du gros rock graisseux, mais aussi quelques breaks un peu décalés ici ou là, un chant moins percutant mais tout à fait adapté aux atermoiements du groupe… Les compos de Grifter sont moins immédiates que celles de Gorilla, mais on est plus enclin à y revenir après un gros paquet d’écoutes. Un signe ? Dans tous les cas, clairement les premières écoutes jouent en la faveur de Gorilla, hôte de la face A, tandis que les écoutes suivantes incitent plutôt à user la face B de Grifter, plus riche.
On sort donc de cette grosse demi-heure un peu repus, après quatre titres de chaque groupe délivrés comme autant de parpaings, miroirs grossissant de leur musicalité respective.
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