Après quatre albums discrets, parus sur des labels différents, et plus de 8 ans après leur précédent méfait (le très bon Harvester of Bongloads) on pensait la cause entendue, et le groupe disparu pour de bon, au cimetière des doomsters underground qui n’ont jamais eu l’opportunité de « percer ». Ce In the Dawn of November, qui sort très opportunément… en juin (ah, ces champions du marketing) arrive donc par surprise, et l’on se prend à espérer qu’il puisse être l’album de la révélation…
Les premières écoutes viennent nous rappeler quel groupe solide est à la manœuvre : le trio américain se complait dans un stoner doom rugueux, dans une veine massive, mais avec une mise en son assez propre (tout est relatif). On reste toutefois assez proches d’influences metal/stoner metal, comme souvent avec les groupes de cette tendance en provenance des USA : les rythmiques ont beau être pesantes et bien appuyées, on reste sur du mid-tempo assez ralenti, et on ne verse jamais dans la lenteur absolue. L’apport mélodique se veut donc crucial dans l’équilibre du groupe, et c’est bien ce trait distinctif qui, mêlé à la puissance de riffs très lourds, vient décupler l’intérêt qu’il génère.
Les six compos proposées sont assez variées pour ne jamais susciter l’ennui ou le sentiment de répétition et, fait appréciable, le groupe, s’il maîtrise les règles d’or du doom, ne s’en retrouve jamais prisonnier : voir par exemple comme il peut développer le crépusculaire « I Wanna be Dead » et son riff lancinant sur plus de douze minutes (un refrain stoner doom d’école) sans jamais tourner en rond, ou bien d’un autre côté emballer un « Sick of your Shit » au moins aussi accrocheur en moins de cinq minutes – parce que tout est dit, et que « faire durer » serait artificiel. Sans parler du punchy « Depressive Episode », son son de basse glaireux, sa guitare au fuzz baveux, et ses relents de vieux punk crossover.
Pour enrober le tout, deux autres belles pièces de stoner doom assez classiques mais toujours efficaces sont à relever : le très accrocheur « Cemetary Blues » vient encore appuyer la capacité du groupe à pondre des refrains doom que l’on se prend à entonner très vite à l’unisson, tandis que le morceau éponyme du disque s’emploie à montrer l’ensemble de la palette musicale du groupe : mélodie omniprésente, rythmiques pachydermiques, leads vibrantes…
In the Dawn of November est-il donc l’album qui pourrait faire exploser le groupe sur la « scène » stoner doom mondiale ? Qualitativement, la maîtrise stylistique est là, et le savoir-faire du groupe rejaillit dans tous les contours de ses compos : efficace et très accrocheur, ce disque a ce qu’il faut pour ravir les doomsters de tous horizons, amateurs d’un doom intègre, parfois aux limites de l’orthodoxie certes, mais toujours au service du genre. A ce titre, il est dommage de rater ce disque. En revanche, il est difficile d’imaginer le groupe prendre un essor incroyable dans les conditions actuelles, avec un label certes qualitatif mais aux moyens limités, et une propension à tourner live un peu restreinte de la part du groupe… Croisons les doigts toutefois, car ils méritent un autre statut.
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