Lorsque l’on évoque Holy Serpent, on visualise de suite un quatuor talentueux sorti de nulle part en 2014, qui réalise coup sur coup deux albums de qualités – Holy Serpent en 2015 et Temples en 2016 –, et à qui tout semble réussir. D’heavy psych à acid doom rock vintage, les Autraliens domptent vite un jeu qui, s’il ne réinvente pas le genre, a le mérite de lui faire honneur. Le 18 octobre 2019, une nouvelle pierre nommée Endless s’ajoute au glorieux édifice du label Riding Easy. Et au regard de ces précédents exploits, on est en droit d’attendre du lourd dudit album.
Dès les premiers accords de « Lord Deceptor » nous sommes envoyés dans cette noirceur électrique ; ambiance particulière issue du subtil mélange entre mandales percutantes et délicates caresses. La voix de Scott ne sature pas ou peu, située au carrefour entre la douceur de Julien Pras (Mars Red Sky), avec cette même sensation de hauteur inaccessible, et l’apathie incantatoire de Dorthia Cottrell (Windhand). Côté instrument, l’écriture s’articule autour d’un doom acide certes lancinant, mais investi d’une profonde énergie. Une puissance qui se distille avec justesse au fur et à mesure des pistes, et qui se voit sublimée par une prod impeccable.
Comme « For No One » nous le rappelle, une grande quantité de fuzz habille l’album du début à la fin et en parfait le propos. Et même si l’introduction de « Marijuana Trench » suggère un retour à l’acoustique, il ne s’agit que d’une ruse visant à amplifier la gifle qui survient deux minutes plus tard.
Endless apparaît finalement à l’image de l’artwork qu’il revêt : un reptile ardent qui serpente avec une lenteur dévastatrice sur une vaste terre désertique, laissant cendre et charbon dans son sillage, sous les yeux prudents des vulnérables témoins de son passage. Ce troisième album, c’est non seulement la confirmation du talent prodigue des Australiens, mais également pour eux un tracé en direction du panthéon des groupes qu’on ne pourra guère ignorer demain.
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