Le trio italien a beau faire ce qu’il peut, dans les esprits il est toujours un peu engoncé dans son concept légèrement infantile (Humulus = Houblon), dont il aura toujours du mal à se dépêtrer, nonobstant l’ambition musicale qu’il a commencé à dessiner avec son album précédent. Revenus au bercail (Go Down records) pour leur ici-présent troisième long format, le groupe y intronise aussi Thomas Masheroni, rien moins que son troisième guitariste/chanteur ; un par album ! Pas un détail quand même, de voir un line-up tenir la distance porté par sa section rythmique seulement, quand on connaît l’influence du jeu de guitare sur ce style musical.
Du coup, l’identité du groupe s’en trouve secouée, légitimement, et l’on a du mal à retrouver nos petits – tout chamboulés que nous étions déjà (rappelons-le) par le step entre les deux premiers albums. Pour ce nouveau disque, le trio s’est appuyé sur une longue période de jams visant à intégrer le petit nouveau et constituer le « nouveau » son Humulus, et a sollicité rien moins que Stefan Koglek, môssier Colour Haze, pour superviser la production du disque. Voilà qui fixe une ambition.
L’écoute du disque révèle, effectivement, une facette plus complexe et mature de Humulus. Cet ensemble de compos (7 chansons, 43 minutes – rien à redire) est riche et diversifié, intéressant de bout en bout, couvrant un stoner rock de large spectre, à la sauce transalpine. L’apport de Masheroni est significatif, une large part de la musicalité du groupe reposant sur ce travail de guitare, et en particulier sur cette dualité entre des riffs bien charpentés (« Secret Room », « Black Water »…) et surtout des arpèges disséminés à la moindre occasion (lead d’intro sur « Shimmer Haze » ou « Buried By Tree », la plupart des leads sur le gros « Operating Manual… », le solo tout en feeling sur « Black Water »…). Evidemment, la section rythmique n’est jamais prise en défaut, et les nombreuses séquences largement instrumentales permettent d’en mesurer l’importance dans le spectre rythmique et mélodique.
Si l’on devait identifier quelques morceaux remarquables, on orientera en première écoute vers le curieux « Secret Room » (son intro de pure hargne hard rock punkisant amenant à une section groovy-jazzy sur nappe de leads de guitare aérienne) mais surtout ce somptueux « 7th Sun », belle pièce de psych rock aux volutes presque orientales, qui voit son dernier tiers développer un groove quasi irrépressible. Le groupe a bien vu la qualité de cette compo, et a demandé à Koglek d’y glisser quelques parties de guitare bien senties qui emmènent encore plus haut la chanson. Point bonus pour « Operating Manual for Spaceship Earth » qui déploie lui aussi sur une dizaine de minutes une belle série de séquences musicales, convoquant occasionnellement les grands My Sleeping Karma ou les maîtres du stoner old school pour un final où wah-wah et fuzz se partagent la vedette.
Bref, ce Flowers of Death est une réussite de la part de ce groupe intéressant, un peu trop sous-estimé et qui se fait trop discret (en particulier sur scène). Ils méritent mieux que ce traitement silencieux, penchez-vous sur leur cas vous ne devriez pas être déçus si vous aimez le bon stoner rock.
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