Nom d’un cactus! Voici revenu, le trio le plus velu d’outre Rhin, j’ai nommé Kadavar, ce groupe qui sent bon le bois de planche de scène, ce trio soyeux comme un chat angora, ce chatoyant Bensimon de la fripe, bref KA.DA.VAR meuf/mec! Que s’est il passé cette fois? un artwork transylvanien. Un titre, For The Dead Travel Fast qui plante un décor digne de Nosferatu et fait référence au vers “[…] die Todten reiten schnell !” issu du poème Lénore de Gottfried August Bürger (Sans rapport avec une lessive et Disponible Ici). Cette référence gothique est citée notamment dans Dracula de B. Stoker (Ouai, on a des lettres chez Desert-Rock) Alors qu’en est-il? Nos teutons s’érigeraient-ils en nouvel âge de l’obscurité faite musique? Ouvrons le bal (des vampires) tout de suite pour savoir de quoi il retourne.
A la première écoute de ce nouvel opus, on découvre une meilleure maîtrise du nouveau studio, le son semble plus rond, plus chaud. Coté compos, Kadavar a fait du chemin depuis ses premiers albums, d’ailleurs notre rédaction s’était interrogée autour de l’esprit de recherche qui anime le groupe et ce dès Berlin. Les œuvres étaient empreintes d’audace et déstabilisaient parfois l’auditeur, cette nouvelle galette ne fera pas exception.
Avec For The Dead Travel Fast la machine Kadavar ajuste son tir. L’album n’est pas une série de tronçons empreints de la marque de l’un ou de l’autre des musiciens (J’avais eu cette nette impression à la sortie de Rough Time.) Lupus pousse la note haut, très haut sur “Evil Forces” tel un Beegees tout en canines, le chant en chœur est largement maîtrisé sur “Saturnales”, l’énergie des trois instrumentistes frappante sur “Poison”. Tout ceci concourant à former une plaque riche bien que déstabilisante pour qui voudrait voir dans Kadavar un groupe qui ne devait pas évoluer.
Que reste-t-il du Kadavar dès début? Le solo de “Children of the Night”, l’esprit de l’intro de “Dancing With the Dead”, Le swing bluesy de “Long Forgotten Song” (A mon avis le morceau le plus prenant) et enfin et surtout une qualité de composition indéniable tout du long, un travail toujours léché et au cordeau. Mais il s’installe autre chose chez le trio berlinois comme le montrent “Dancing With The Dead” et son ambiance pop sur fond de saturation, l’outro de “Demons In My Mind” et ses relents de Berlin, “The Devil’s Master” et “Saturnales” qui sonnent comme des pièces dédiées au cinéma. La couleur des compositions relève parfois plus du western spaghetti que d’un Dracula et c’est surprenant au vu du thème choisi.
Personnellement je ne recommanderai pas cette galette aux fans de la première heure qui auraient aimé garder l’énergie old school des débuts. For The Dead Travel Fast est un album moins énergique, j’en ai peur, plus mid tempo que ce qui n’a jamais été réalisé par le groupe, il sonne la fin d’une époque pour notre trio. L’enchainement des morceaux laisse une impression de platitude et de manque de spontanéité. Donc oui, l’album est réalisé avec le souci du détail, c’est un travail attentif, soigné, mais à mon sens Kadavar y a laissé des plumes. Un album Pompier là où j’aurais aimé retrouver du Fauve.
For the Dead Travel Fast est somme toute la suite logique de la carrière de Kadavar, une plaque qui ne m’aura pas fait sauter au plafond mais qui garde toute la qualité d’écriture des productions précédentes en explorant des voies loin des clichés du genre. Kadavar, c’est un peu comme un adolescent, tout petit il faisait la joie de tous et on pensait qu’il allait rester comme ça toute sa vie, mais le poupon a grandi et à présent il montre de la dualité, se construisant sans rejeter ce qu’il fut mais affirmant sa personnalité sur la base de ses rencontres. Bien malin celui qui dira quel individu mature deviendra le groupe. En attendant, l’ado qu’on a là n’est pas encore tout à fait repoussant et on est toujours curieux de l’écouter se réinventer
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