King Buffalo – Longing to Be the Mountain


C’est déjà la fin de l’année et plus que quelques jours pour rattraper les manquements à nos devoirs de couverture des sorties de l’année. King Buffalo a mis au jour mi-octobre son second LP sur le label Stickman Records et au vu de ce que le premier album avait suscité comme engouement du public il eut été dommage de ne pas se laisser tenter par l’écoute de Longing to Be the Mountain. Du coup j’ai cliqué sur play pour me faire une petite idée de ce que pouvait donner le trio lors de l’exercice de production d’une seconde galette plein format.

A la première écoute l’album paraît dense et l’approche pas si évidente que cela. Pourtant à la réécoute on comprend bien que King Buffalo sort des sentiers Psychs creusés par les semelles de ses prédécesseurs. L’album ne s’attarde jamais trop sur la répétition de ce qui a déjà été fait. Les références se glissent par touches et c’est un réel plaisir que de les retrouver au fil des auditions successives. Bien entendu l’esprit d’un Elder est présent sur cette plaque tant dans les riffs que dans la structure même de l’album, quoi de plus naturel après que les deux formations aient tourné ensemble et qu’elles aient partagé le créateur de l’artwork. Il est indéniable également que l’âme de Pink Floyd, déjà présente sur Orion, hante les riffs de guitare et s’affirme ici plus nettement (rien que l’intro de « Morning Song » devrait vous rappeler quelque chose avec ses samples de cris d’oiseaux et les premières notes arpégées dignes de « Shine On You Crazy Diamond »). Cependant passé cela, King Buffalo montre une prise d’assurance dans ses compositions et l’affirmation de ses origines Prog.

Il est appréciable de trouver dans cet album d’entrée l’apaisement avec une guitare électro-acoustique gratifiant la piste « Morning Song » d’un univers tout en douceur et en lenteur, pour rappeler une ballade bluesy servie par le producteur et guitariste de All Them Witches, Ben McLeod. Progressivement l’intensité vient, chaque piste monte d’un cran, les effets de pédales Fuzz, les Loop et autres Delay sont autant d’ingrédients ajoutés aux plats successifs apportant à chaque fois une touche rehaussée de saveurs. La rondeur des lignes de basse Heavy-Blues de Dan Reynolds emporte l’auditeur de « Cosmonaut » à « Eye of the storm » et les boucles possessives de ce dernier titre entraînent l’auditeur dans une transe totale lorsque la guitare s’en mêle. Le chant de Sean McVay marque l’esprit par une approche mélodique peu courante et difficilement descriptible mais certainement fort habile.

Au registre des morceaux notables « Quickening » prend son temps, commence à saturer les guitares doucement mais surement pour exploser dans son dernier tiers et tout emporter sur son passage afin de mieux laisser le calme de « Longing to Be the Mountain » s’installer. Mais ce n’est pas parce que le tout est abordé sereinement qu’il n’y a pas grand-chose à ressentir. La piste est lumineuse et addictive, pleine d’une profondeur où les notes se matérialisent quasiment. Une fois de plus Sean McVay troque sa guitare pour le synthé et offre un univers aux touches de Samsara Blues Experiment loin d’être déplaisantes d’autant qu’elles se complètent à merveille d’une frappe magistrale du batteur Scott Donaldson. La galette se termine abruptement après « Eye The Storm » dont on salue les modulations d’intensité. Je souligne volontairement ici une fois de plus le travail fait sur ce titre car les trois acolytes qui jouent les uns pour les autres, se servent mutuellement en produisant, à mon sens, le meilleur titre de l’album.

En conclusion on peut dire qu’il aurait été dommage en effet de manquer Longing to Be the Mountain malgré sa sortie discrète. Avec une moitié d’album où les pistes ne dépassant que de peu les quatre minutes et l’impression qu’il manque une poignée de titres pour se trouver véritablement rassasié, il faut bien admettre que l’album est plutôt réussi puisque autant le dire, on en redemande! Longing to Be the Mountain intègre donc le cortège des sorties de qualité de l’année 2018 et on ne saurait que trop saluer tant sa maîtrise instrumentale que sa qualité structurelle. Un bien bel objet et un King Buffalo à suivre de près lors de ses prochaines sorties.

Note de Desert-Rock
   (8/10)

Note des visiteurs
   (9/10 - 4 votes)

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