Non content d’avoir servi deux des meilleurs albums de 2021 avec Burden of Restlessness et Acheron, le trio emblématique de Rockchester remet le couvert en septembre 2022 avec Regenerator, le troisième opus de la saga covid du groupe autoproduit outre-Atlantique et usiné chez Stickman Record de ce côté-ci du globe. Une galette de sept parts au bout goût d’heavy psyché qui mêlent atmosphères planantes et rythmique prog, le tout relevé d’une délicieuse impulsion survoltée.
Avec ce cinquième album à l’artwork bien léché, King Buffalo clôt le dernier chapitre de sa triade du confinement avec un brio et une cohérence saisissante. Une fois n’est pas coutume, Sean McVay et ses gars accouchent d’un son soigné, équilibré et à la texture riche ; une recette unifiant stoner aérien et psychédélisme teinté d’élément blues qui sait nous transporter dans l’univers narratif et chamarré du groupe depuis les débuts d’Orion en 2016. La voix mélodieuse et fantasmée de Sean se mêle aux phrasés éthérés d’une guitare stratosphérique dont la propulsion vers les confins du cosmos reste assurée par la justesse et la pertinence d’une séquence rythmique impeccable, portée par les orfèvres Dan Renolds et Scott Donalson.
Le soin apporté à la composition s’étend même jusque dans l’agencement des pistes. Les sept morceaux évoquent ici un palindrome. Tout d’abord « Regenerator », titre d’environ neuf minutes avec des allures d’apothéose épiques qui nous interroge quant au choix de cette piste au premier plan. Puis, une fois dans le bain on enchaine avec deux titres jumeaux qui pourraient sans doute s’écouter comme une seule et même pièce.
Ensuite tout se répète dans l’autre sens. La paire de monuments que sont « Mammoth » et « Avalon » nous éblouit avant d’offrir le majestueux « Firmament » final, lui aussi de neuf minutes. Six pistes tournées les unes face aux autres, à l’instar d’un sujet contemplant son reflet dans le miroir, organisées autour d’une septième centrale sobrement intitulé « Interlude » et qui n’existe que comme pivot à toute la structure. Une fois en fin de parcours, l’on pourrait presque faire défiler l’album dans l’autre sens et ne rien perdre en cohérence.
Véritable tour de force artistique pour King Buffalo qui, comme s’il en avait encore besoin, prouve à nouveau sa place, et même une certaine forme de domination, dans le monde du stoner cosmique et progressif. Sachant que le groupe a repris les tournées, notamment avec Clutch et plus récemment Uncle Acid and the Deadbeats, il ne faudra pas manquer de jaillir au coeur des fosses pour hocher la tête ensemble devant les chefs-d’œuvre que produit en continue cet incontournable groupe dont nous avons la chance d’être les contemporains.
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