Il y a de ces groupes inclassables qui trouvent tout naturellement au sein de la communauté stoner un accueil chaleureux, bienveillant, en attendant de trouver leur voix auprès d’un public plus large, toujours plus long à reconnaître l’évidence. Rappelez-vous Mastodon, Entombed, etc… Kvelkertak est de cette engeance. Plusieurs mois après sa sortie, il n’est pas trop tard pour mettre en avant ce groupe qui ne laisse personne indifférent. N’ayant pas eu l’opportunité d’écouter leur premier album éponyme, “Meir” fut pour moi l’album de la découverte de Kvelertak. Même si ça apparaît cliché au possible, le premier morceau est clairement LE titre de la révélation, un morceau colossal, splendide de tension et de construction, qui place la barre super haut. “Åpenbaring” engage son riff simplissime sur une douzaine de mesures, en voyant progressivement les collègues venir occuper leur place dans le spectre sonore : deuxième gratte en harmonie, batterie, gros riff de rythmique (bon sang, trois grattes, ça le fait quand même), et ce n’est qu’au bout de 1min50 qu’Hjelvik vient vomir ses premiers kilos de tripaille derrière le micro. Une intro, un couplet, un semblant de refrain, un break et… fini ! En trois minutes la messe est dite et tout le monde est assis dans son fauteuil, les yeux écarquillés. Je vous promets qu’il y a tant de grâce dans ce morceau qu’il ne vous faudra pas plus de deux minutes pour comprendre que Kvelertak a quelque chose de spécial. En revanche, autant l’annoncer tout de suite, aucun autre morceau de l’album ne parvient à la hauteur de ce tir de barrage introductif. Et pourtant, y’a du matos niveau compos sur cette galette robuste de cinquante minutes. Les norvégiens partent dans tous les sens en terme de genres musicaux, tant que c’est efficace, ils le font. Metal, stoner, black metal, post-bidule-core, death, punk, rock, etc… Et à aucun moment ils ne sacrifieront la mélodie à l’effet facile. “Spring Fra Livet” en est un bon exemple : son riff presque sautillant (que n’auraient pas renié Torche, par exemple) est plus rock que metal, ce qui n’empêche pas encore une fois Hjelvik de beugler comme un porc que l’on égorge. Précisons que le chant du jeune norvégien est pour le moins “structurant” dans la musique du groupe, dans le sens où si vous ne pouvez pas apprécier ce style de chant (le gars trouverait sans problème sa place dans un combo de black metal scandinave, si vous voyez ce que je veux dire), vous ne pourrez pas l’éviter tout du long ! On ne s’ennuie pas ensuite non plus, avec le presque grindcore “Trepan” (même si je ne comprends rien au norvégien, le titre semble bien nommé au vu de l’effet produit sur ma boîte crânienne), “Evig Vandrar” complètement construit autour d’un riff de guitare sèche (si !), “Snilepisk” et sa rythmique punk, “Nekrokosmos” qui pourrait même rappeler occasionnellement les Turbonegro (voir les chœurs tout discrets…). Autre petite perle, “Tordenbrak” déroule son riff impeccable sur presque neuf minutes insolentes, avec des variations maîtrisées et des arrangements de composition imparables (lignes de chant, soli ou grattes harmonisées, breaks, etc…). Leur chanson éponyme “Kvelertak”, avec ses relents d’AC/DC sur son refrain scandé, n’est pas du même niveau, mais ne démérite pas pour conclure cette bonne claque. Même si clairement Kvelertak n’évolue pas dans un stoner rock pur jus, leur musique inclassable suscite des passerelles musicales vers nos contrées musicales. Et surtout, la qualité intrinsèque de cette production devrait susciter l’intérêt de la plupart de nos fidèles, connus pour leur bon goût et leurs qualités de précurseurs. Quoi qu’il en soit, en cas de doute, il ne fait aucun doute que la vraie bataille soit gagnée sur scène : la musique du sextette véhicule une énergie telle que l’on a du mal à imaginer quiconque en rester indemne, puriste ou pas.
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