Quartette romain porteur d’une bacchanale instrumentale depuis quelques années, L’Ira Del Baccano a eu le temps de faire ses armes depuis 2010 et de puiser l’essence de son art sur scène. Le nouvel album, Cosmic Evoked Potentials est la promesse de retrouver l’esprit du live et la cohésion d’une bande de potes qui se connaissent sur le bout des notes pour produire encore une fois une musique hautement psychédélique et pourtant structurée à souhait derrière un artwork de pochette d’album certes chargé mais sans faute de goût.
Puissance et qualité sont les maîtres mots qui introduisent Cosmic Evoked Potentials. On voyage dans divers lieux d’un bout à l’autre des pistes. “The Strange Dream of my Old Sun” sonne à la fois lourd et léger, alterne les phases et les imbrique avec talent. Au même titre on découvre, “Genziana (Improvisation 42)”, titre classieux et éthéré qui vient démontrer la cohésion entre les musiciens lorsqu’il s’agit de produire une variation à la volée et d’introduire le dernier tiers de la piste avec des riffs enthousiasmants et qui réussissent à ré-ancrer l’auditeur dans le sol.
Parfois on pense au Floyd des dernières heures, notamment du côté des cordes mais c’est sans compter sur une batterie qui martèle virilement et relègue la chose à l’anecdotique. Cette même batterie qui fait la jonction naturellement avec “The Electric Resolution”.
C’est une pièce positivement linéaire que ce Cosmic Evoked Potentials. On divague entre fougue et contemplation totale comme sur la conclusion “Eclipse Omega” mais le tout s’enchaine sans heurt. Les titres sont tous nantis à la fois d’une indéniable qualité de composition et d’improvisation. L’Ira Del Baccano évite d’ailleurs ce qui fait souvent le point dur de l’improvisation : la lassitude face à une expression qui n’est tournée que vers le seul plaisir des musiciens. Le quartette est ouvert et offre à l’auditeur sa palabre sans jamais se rengorger de son talent et il faut saluer les répliques que s’offrent les cordes en particulier sur le titre éponyme. Le seul regret que l’on peut formuler au sortir des 40 minutes de l’enregistrement c’est qu’il n’y en ait pas une poignée de plus à se mettre sous les tympans.
Tout au long de Cosmic Evoked Potentials on est frappé par la qualité de l’enregistrement et le naturel avec lequel viennent s’intercaler les improvisations. C’est un peu plus qu’une jam session que nous offre L’Ira Del Baccano, à mi-chemin entre une friche artistique sans orientation et un album structuré avec une ligne directrice forte. Cette production est à mettre entre toutes les oreilles car elle est tout simplement hautement qualitative et il serait bien dommage de passer à côté.
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