Ben voilà, encore 6 ans passés depuis leur galette précédente… loin des yeux loin du cœur, les gars, faites gaffe ! Pour se faire pardonner, les frenchies (partiellement frenchies on va dire) ont mis les petits plats dans les grands. Lo (ou Patròn comme on se doit de l’appeler désormais) a à nouveau traversé l’Atlantique pour enregistrer cet album, pour travailler aux côtés de Alain Johannes, ni plus ni moins.
Bon, crevons l’abcès. Rappelons-nous que Loading Data traîne comme un boulet cette diffuse réputation d’ersatz des Queens Of The Stone Age. Je ne suis pas sûr que produire son album à Los Angeles, par l’ancien guitariste de QOTSA, avec un featuring par Nick Oliveri (leur ancien bassiste, pour mémoire) ne participe à les affranchir de cet encombrant boulet… Leur démarche à ce titre est d’autant plus obscure…
Mais fi de cette encombrante introduction, laissons-nous porter par la musique du combo. Ben c’est raté, l’ombre QOTSA nous rattrape dès les premiers accords de « Double Disco », et même les premières intonations de Patròn nous mettent dans les choux. Heureusement ses vocaux graves reprennent le dessus et l’empreinte musicale de Loading Data reprend peu à peu sa place. On commence à apprécier. Si l’on devait résumer la musique et l’identité sonore du groupe, on pourrait affirmer sans trop hésiter qu’elles reposent à 80% sur son charismatique frontman : en grande partie sur son chant d’une profondeur assez hallucinante, mais aussi sur son jeu de guitare jamais démonstratif mais toujours inventif, varié et aventureux. Ses collègues instrumentistes ne déméritent pas, l’ensemble est costaud, cohérent, et le son est léché. Clairement le travail de Johannes est impeccable et sert parfaitement les velléités du groupe. On n’en attendait pas moins. Niveau compos aussi, on en a pour son argent, en (re)commençant par « Give the rat a name », un titre efficace, au refrain très accrocheur, même si l’ombre de qui-vous-savez pèse un peu sur son couplet et son intro. Mais gardons patience, on se rapproche de ce qu’on aimerait entendre… Et ça commence avec « Teeth And Tongue », qui affiche crânement son originalité. Le riff lancinant un peu robot-rock de « Butterfly Shelf » interroge un peu, même si, encore une fois, le titre fonctionne bien. Mieux encore, au milieu il part dans des sphères aériennes où l’on aurait franchement aimé rester (léger retour sur la fin, mais passage très prometteur).
Un peu plus loin, comme abordé plus haut, on retrouve « Hanging Low » un titre typique du QOTSA « early 2000’s » beuglé par Nick Oliveri : riff sec et répétitif, rythmique punky. Ca fonctionne bien, même si clairement Loading Data s’accapare la deuxième moitié de ce titre bicéphale, après avoir évacué Oliveri manu militari après 2min30. A plusieurs reprises le fantôme festif, voire circassien d’un Mr Bungle m’est apparu à l’écoute de ce disque. « Round and Round » en est l’illustration, avec ce lick de guitare enjoué mais doux-amer typique du groupe californien du siècle dernier, mais aussi plus loin « I’m not gonna take it » ou encore le bonus track « Palinka ». Ca ajoute une touche enjouée au disque, et une énième facette à explorer… Passage robot rock encore, avec le répétitif « Gift », qui tourne bien en tête. Quand arrive « Alright » et son riff vicieux et hargneux, on commence à ré-apprécier la dimension de ce disque, qui propose son lot de très bons morceaux. Un peu plus loin, « Armageddon » s’inscrit lui aussi dans la dynamique très « rollercoaster » du disque : après un couplet lancinant (encore) très QOTSA-ien, le groupe propose un refrain et un solo franchement bons. On retrouve le Loading Data un peu plus fun avec « Midnight Situation », un morceau de groove rock super catchy. Pièce maîtresse de l’album, « On my heart » fait tourner sur presque 10 minutes (!) son riff entêtant et ses vocaux d’outre-tombe dans une lente frénésie (!!) complètement enivrante. La répétition ad lib complètement insolente de son refrain sur les deux derniers tiers de la chanson (!!!) génèrent un effet proche de l’hypnotisme, porté par des saillies de guitare opiacées… Amour !
Sur ce langoureux coup d’éclat se termine un album copieux, roboratif (14 titres + 1 bonus, quand même, on en a pour son argent), qui, on s’en serait douté, ne plaira peut-être pas à tout le monde. Paradoxal, finalement, tant Loading Data se fend de titres variés, riches, susceptibles de plaire au plus grand nombre. Mais ne dit-on pas en même temps que qui trop embrasse mal étreint ? Proverbe pourri mis à part, j’ai aimé cet album. Dès la seconde écoute, je pouvais reprendre un tiers des refrains, signe d’une efficacité de composition remarquable. Je conçois toutefois que d’aucuns pourraient être déstabilisés par l’aspect « bordel organisé » de la chose et ce malgré l’efficacité d’une grosse moitié des titres. Pour peu que l’on s’intéresse de plus près au groove puissant délivré par Lo et sa bande, on appréciera le pas remarquable effectué par le groupe. A titre personnel j’aimerais qu’ils se débarrassent de cet embarrassante influence QOTSA encore un peu présente ici ou là, pour complètement affirmer leur évident talent de composition. S’ils pouvaient ne pas trop tarder cette fois pour rentrer à nouveau en studio et confirmer ce potentiel, j’en serai ravi.
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