Après le dantesque “Soundtrack…”, on pouvait à juste titre saliver dans l’attente de la nouvelle galette de Los Disidentes Del Sucio Motel. Résolument décidés à ne rien faire comme les autres, plutôt que de transformer l’essai avec leur second album, les voilà débarquer avec un split, qu’ils partagent avec leurs potes de Flashfalcon. Partie remise donc, on va devoir se satisfaire de cette poignée de titres pour le moment… Salauds ! Le concept de ce split “de potes” est bête comme chou : chaque combo propose 3 compos inédites, ainsi qu’une reprise du groupe ami…
Comme pour pas mal de splits remarquables (dont certains chroniqués en nos pages), le concept permet souvent de découvrir un groupe moins connu. C’est le cas deFlashfalcon ici, que pour ma part je n’avais jamais entendu. Ce combo lyonnais de “rock énergique” est en l’occurrence franchement recommandable : sorte d’ersatz sur-vitaminé des regrettés Gluecifer et des tout aussi regrettés Hellacopters, le tout teinté de rasades metal bien senties, Flashfalcon se positionne sur un créneau musical déserté en France… et le fait bien ! Pas seulement un groupe sous influence, le quatuor Lyonnais soigne particulièrement ses compos, ce qui les distingue dans un genre musical où la “punkitude” des morceaux (comprendre : droit au but, on tourne pas autour du pot) est trop souvent la référence : ici, les chansons sont deux fois plus longues que la moyenne des titres des ‘Copters, par exemple, ce qui permet aux Flashfalcon de fignoler, d’introduire des breaks judicieux, des mini soli… Illustration est faite avec l’introductif “Ridin’ with the Mavericks” (imaginons qu’il s’agit d’un hommage aux zicos de LDDSM…) qui balance la sauce tout du long. “Low life”, porté par un riff à la beauté orgasmique, emmène le groupe sur des sentiers qu’auraient pu fouler les Ramones s’ils étaient nés en Scandinavie et avaient passé plus de temps à soigner leurs compos plutôt qu’à se shooter. Le groupe choisit le “standard” de LDDSM pour sa reprise, “Sir Dany Jack”, et le réécrit complètement ! Seules les paroles semblent coller à leur version originale, alors que les riffs et les mélodies sont méconnaissables. D’aucuns pourraient penser à une trahison, mais on comprend en réalité que la marque de respect envers leurs potes strasbourgeois tient justement dans le travail de réinterprétation complet mis en œuvre par les Lyonnais. “Numb” qui clôt l’exercice pour Flashfalcon s’avère plus aventureux encore : intro finement ciselée, structure alambiquée prétexte à moults soli et digressions bien senties… Décidément, la première moitié de l’objectif de ce disque (la découverte) est atteinte, et on a franchement envie d’en entendre plus de ce quintette pas comme les autres.
La “face B” qui accueille Los Disidentes Del Sucio Motel surprend à sa manière tout autant que la face A : tandis que la première partie me faisait découvrir un nouveau groupe, la seconde partie… aussi ! En effet, que dire du combo qui passe dans les haut-parleurs alors que retentissent les premières mesures de “The Ones” ? Clairement, les Disidentes ont pris du galon… Porté par une rythmique survitaminée, on ne sait plus où donner de la tête alors que s’enchaînent une intro qui ne dépareillerait pas sur un Black Sab’ milieu de carrière, un riff impeccable, des chœurs parfaits… Quelle pêche ! Comprenant que ce titre repose à 90% sur l’énergie brute, les strasbourgeois le ramassent sur à peine plus de 3 minutes, incluant un break sur-heavy chargé en metal. Vlan, dans la gueule. Fidèle à son imagerie d’americana légèrement surannée, le groupe enquille avec un “Lucha Libre” moins violent, mais tout aussi impressionnant : un chant impeccablement modulé (et toujours des chœurs bien sentis), le tout reposant sur une série de riffs qui se répondent impeccablement… On retrouve sur ce titre les sonorités de guitare auxquelles le groupe a pu nous habituer. Quant au titre de Flashfalcon choisi, “Eternal Lonesome Boy”, il semble que l’effort de “re-composition”, même s’il n’est pas aussi colossal, soit bien présent : le groupe s’est complètement ré-approprié ce titre, en enrobant ce morceau originellement bien plus punkisant d’une couche d’arrangements parfaits, supportant une armée de guitares ronflantes et fuzzées du meilleur effet. Le dernier titre de la galette est probablement aussi le plus couillu (c’est pas peu dire sur ce split décidément hors du commun) : “Persia” est un morceau sérieux, “adulte”, c’est ce qui surprend en premier. Une production bulldozer, encore une fois un effort sur les lignes de chant (qui distingue clairement LDDSM de ses petits copains frenchies), et une composition audacieuse, qui peut sous certains abords relever du metal progressif (ce qui est un défaut selon moi dans 99% des cas se révèle ici une force).
En conclusion, je dirai dans un premier temps que ce split 100% monté sur le fun se révèle d’une densité musicale qui n’a rien à voir avec la blague de potache entre groupes amis : on y trouve deux groupes costauds, différents mais pas tant que ça, bien à l’aise dans leur musique… Plus encore, on apprécie la promesse que ces quatre titres de LDDSM nous laissent imaginer pour l’album à venir…
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)
Laisser un commentaire