Mother Engine se fraie un chemin parmi les étoiles depuis 2011. Six ans donc à louvoyer entre astéroïdes et psychédélisme, à enclencher l’hyper-propulsion entre trou noir et prog-rock, à convoyer sa cargaison entre comètes et rock instrumental. Le trio allait forcément avoir besoin de réparer, d’upgrader son vaisseau un jour ou l’autre.
C’est chose faite avec ce « Hangar » d’excellente facture qui voit le «Mother Engine » se faire pimper façon intellect et grosses idées. De la pochette à la réalisation tout concourt ici à la description du vaisseau. On y cause carlingue, fuel, hyperdrive, schéma électrique et connexion neuronale. Vous vous souvenez de la caméra se perdant dans les coursives du Nostromo dans le premier Alien ? Dévoilant l’intimité métallique de l’appareil et par la grâce de la mise en scène le plaçant comme un personnage à part entière ?
« Hangar » c’est tout cela. L’humanisation du Mother Engine, piloté par nos trois teutons pilotes, mercenaires de la cause stoner psychédélique.
L’engin est donc composé de quatre titres étalés sur quasiment une heure vingt. De l’instrumental pur-jus où les entrelacs de guitares se font écho d’une mesure à l’autre, où la basse martèle, rivette, soude la structure d’un ensemble propulsé par une batterie métronomique et précise. Les idées sont simples mais développées à leur juste terme ; point de shred ici, encore moins de métal mais du rock intelligent, intelligible et réfléchit. Pour qui regrette la période faste du prog du début 70, le nouvel album des allemands saura les réconcilier avec notre époque. Les soixante dix-sept minutes que composent la galette sont autant de petites trouvailles qui ponctuent la narration. Percussions tribales, cuivres, spatialisation massive du mix, crunch coquin et disto aérienne sont autant de raisons d’écouter et d’écouter encore ce nouvel effort.
Etablir un pont entre différentes générations n’est jamais aisé. Rendre hommage à ses aînés sans tomber dans la redite est une entreprise casse-gueule. Enjambant les cadavres encore chauds de moults groupes morts à la tentative, Mother Engine, lui, louvoie entre ces courants complémentaires avec une facilité déconcertante. De Camel à Colour Haze, d’Aphrodites Child période 666 à toute la clique psychée duna-jammesque, le trio allemand vient de produire une galette au potentiel infini. Le « Mother Engine » est bien réparé, bénéficiant de nouveaux propulseurs, d’une injection rare et de qualité, piloté par un trio compétent et inventif. On attend plus que ses nouvelles aventures.
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Tout est dit ! Je n’arrête pas de l’écouter en boucle ! Une merveille !