Initialement formé en duo en 2008, Mountain Witch s’est rapidement retrouvé trio après que les 2 René (Roggmann et Sitte) aient enrôlé le bassiste Tobert Knopp l’année suivante. Un premier album qui n’aura pas soulevé les foules paraît en 2010, puis un deuxième, l’excellent Cold river, leur ouvre les portes de la reconnaissance du milieu. Gavé de stoner blues jusqu’à l’os, cet album transpire la classe et la pureté du son est remarquable. Trois ans plus tard, en 2016, le sulfureux Burning village les fait passer d’un blues rock sensuel à un stoner doom plus musculeux, le groupe ayant décidé de changer de braquet au fil du temps. Ce qui fait qu’on ne sait pas trop à quoi s’attendre avant l’écoute du dernier bébé du trio, intitulé Extincts Cults et paru chez This charming man records après quatre années de silence.
Déjà, on jette un œil à la playlist : 6 titres pour 33 minutes de musique, difficile de faire plus concis. On imagine donc un album immédiat, qui ne prendra pas de chemins de traverse pour aller à l’essentiel… Dès le titre d’ouverture, « Capping day », l’alchimie entre la galette et l’auditeur est quasi-immédiate, avec ce son si vintage et cette voix doublée, comme au bon vieux temps… Un régal pour les nostalgiques mais qui laissera sans doute circonspect les plus jeunes d’entre vous, plus habitués au déferlement de guitares hurlantes et de riffs de basse qui fissurent les murs. Les bases sont bonnes, on a hâte de découvrir si la suite sera du même acabit… On enchaîne avec un « Back from the grave » très old school, peut-être trop d’ailleurs, avec des nappes de synthé d’un autre temps et qui n’apporte finalement pas grand chose au titre qui se suffit à lui-même avec une rythmique volontaire, des riffs efficaces et toujours cette voix doublée qui, ici, dénature un titre qui aurait mérité une production plus rentre-dedans. Et ce, même si ce n’était sans doute pas les intentions premières de Mountain Witch.
On continue à pester envers la production étouffée à l’extrême avec un titre comme « Worship you », qui aurait sans doute mérité une cure de Red Bull tant ce titre, avec une mise en avant accrue de la basse et de la batterie, aurait tout déchiré… Dommage, et c’est sans doute le principal reproche que l’on fera à cette galette : le trio allemand, en voulant tenter de plaire au plus grand nombre, en a oublié les fondamentaux du stoner : ce qu’on veut, nous, c’est prendre une grosse mandale dans la tronche, dodeliner du croupion et onduler de la crinière à s’en déboîter la nuque… Bon OK, Mountain Witch n’a jamais eu l’intention de devenir le nouveau Monolord mais quand on possède autant de qualité d’écriture avec des titres de la trempe du morceau éponyme « Extincts cults » qui dépasse les 7 minutes, on peut se montrer exigeant et critique. Et sans doute un peu de mauvaise foi aussi, cet album étant au final sacrément bien foutu et particulièrement agréable à écouter.
« Man is wolf to man » et son intro à la « Paranoid » nous emmène doucement vers le final intitulé « The devil, probably » qui conclut parfaitement cette galette avec, pour la première fois depuis le début, une production à la hauteur de la composition, la guitare étant particulièrement mise en avant. Avec Extincts cults, Mountain Witch ne briguera sans doute pas le titre de meilleur album de l’année mais il saura contenter les amateurs de galettes vintage qui sentent le formica, la brocante et la naphtaline. Pas inoubliable, mais ce serait tout de même dommage de passer à côté.
“EXTINCT CULTS” by Mountain Witch
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