On a tous en tête un album-surprise, dont on attendait peu, et qui s’avère être une petite perle cachée. Le deuxième album de Oreyeon est de ceux-là. On est habitués à une certaine profusion de groupes italiens baignant de près ou de loin dans la scène stoner, bien aidée par des labels prolixes (Go Down, Heavy Psych…). Peu filtrés, ces groupes déferlent par poignées, tous les mois, depuis au moins deux décennies… et émergent rarement du lot (vous aurez du mal à en citer plusieurs qui font référence internationale dans le genre) ; raison pour laquelle on avait l’intention de prêter une oreille plutôt distraite à cette sortie d’un énième combo transalpin, a priori destiné à un classement vertical. Heureusement notre professionnalisme et notre rigueur (hein ? Quel melon ?) nous ont amené à pousser un peu plus loin l’écoute de cette galette… et grand bien nous en a pris.
Musicalement, on baigne très rapidement une ou deux décennies en arrière, dans un contexte où les prémices du stoner prenaient forme, et où l’inspiration des groupes associés (en tout cas de ceux qui ne se réclamaient pas du doom) trouvait ses racines dans les bases de Kyuss, de ses émanations californiennes, et de la bouillonnante scène scandinave. De fait, on entend beaucoup de ça sur ce « Ode To Oblivion » : du Kyuss, du Dozer, du Lowrider, etc… Le chroniqueur pressé aura rapidement catalogué le groupe d’une étiquette de vulgaire plagiaire, au pire peu inspiré… heureusement nous ne sommes pas de ce genre et nous avons été au-delà (oui ça va bien les chevilles, pourquoi vous posez la question ?) pour aller chercher un peu plus loin les qualités intrinsèques du disque. Et c’est clairement le talent d’écriture du groupe qui aide à passer cette phase de transition, pour transformer les écoutes suivantes en réelles séances de plaisir quasi coupables. Oreyeon disperse de petites perles de compos au fil de l’album, qui rendent chaque titre addictif : des arrangements, des riffs, des breaks, etc… captivants et foutrement bien vus. Un vrai talent on vous dit ! On est donc sur une vraie qualité de riff, mais aussi un enrobage qui mettent parfaitement les compos en avant. On pense à l’envolée de guitares et les plans quasi space qui viennent compenser le riffing acéré de l’instru « T.I.O. » (qui en soi n’aurait pas détonné sur un bon vieux Karma To Burn), on pense au refrain sur-fuzzé qui vient plomber « Trudging to Vacuity » et son break central qui amène à une section très Kyussienne, on pense au couplet de « Ode to Oblivion » dont les guitares font émerger de nos cervelets replets les sons de groupes comme Solarized (RIP), etc… Y’a du riff, y’a de la fuzz à revendre, mais surtout y’a du groove à tous les étages !
Côté interprétation, on est dans l’efficace, et hormis quelques choix un peu étranges de mise en son de la basse, tout est là et bien là. Point très marquant du disque : ces lignes vocales chargées de reverb, souvent doublées (très probablement un signe de manque de confiance) rappellent souvent Jason Shi de ASG. Etonnamment l’un des atouts de la musique des italiens.
Depuis une bonne dizaine d’années, les bons groupes de ce qu’on appellera « une certaine idée du vrai stoner » sont finalement bien rares (on parle de ceux qui ne seraient pas des émanations directes de groupes des années 70… réfléchissez-y, ça en élimine une bonne partie…). Dans ce contexte, en trouver un ainsi sorti du chapeau, et talentueux qui plus est, compense largement les dizaines d’albums médiocres que l’on écoute en continu sans y prêter attention. Un petit trésor, modeste mais efficace, qui ravira les amateurs de stoner du début des années 2000 en particulier (le vrai !).
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