16 ans ! Il aura fallu 16 ans aux ricains d’Orodruin pour nous pondre un successeur à Epicurean Mass, paru (vous aurez compté de vous-même) en 2003. Mais qu’est-ce qui s’est passé pendant toutes ces années et, surtout, pourquoi revenir sur le devant de la scène maintenant ? Certes, l’EP In doom les avait remis en selle en 2012 et les musiciens n’ont pas forcément eu le temps de s’ennuyer (ils ont bossé avec des groupes comme Gates Of Slumber, Blood Ceremony ou Iron Man) mais la sortie de Ruins Of Eternity est surprenante à plus d’un titre.
D’une part parce que, déboulant comme un cheveu sur la soupe au milieu de la jeune garde stoner-doom, Orodruin (la fameuse « montagne du destin » des romans de J.R.R. Tolkien) apparaît comme un « ancien » du genre sans avoir la même légitimité que les ténors du barreau que sont Saint-Vitus, Cathedral, The Obsessed et j’en passe. Et d’autre part, disons que leur doom sent la cave. Rien de péjoratif là-dedans car c’est souvent à cet endroit qu’on retrouve les meilleurs millésimes mais force est de constater qu’Orodruin semble enfermé dans les années 80-90 en offrant un doom traditionnel mais pas forcément dans le sens le plus agréable du terme. Entendez par là que les ricains ne prennent aucun risque, défrichent des terrains explorés depuis des lustres et se risquent même à sonner franchement daté.
Chaque titre est sensiblement construit sur le même moule, avec un riff central sur lequel les zicos brodent un doom assez inoffensif (amis du sous-accordage, passez votre chemin…) au fort accent heavy metal (les accélérations de rythmes à la Iron Maiden, le chant clair du bassiste-batteur (!) Mike Puleo qui surmonte les riffs des guitaristes Nicholas Tydelski et John Gallo). Pas follement original, on a un fort sentiment de déjà entendu (et surtout un sentiment de déjà entendu bien meilleur) mais Orodruin fait le job avec des solis inspirés et aériens et des passages franchement grandioses dans lesquels les musiciens font preuve d’une belle qualité technique. Dommage que la fin de plusieurs titres s’avère quelque peu brutale et qu’on reste parfois sur notre faim (aucun ne dépasse les 6 minutes alors que l’ambiance du titre se prête à l’étaler encore plusieurs minutes).
Alors, ce retour d’Orodruin, évènement ou pétard mouillé ? Un peu des deux… Un album de cette qualité ne vaut pas qu’on s’acharne sur lui mais on aurait aimé un peu plus d’audace à une époque où la concurrence est rude. Reste à savoir si cette concurrence aux dents longues leur laissera une petite place…
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