Etre sur un label indépendant de Birmingham (HeviSike Records) c’est déjà se trouver sous de bons auspices. La prêtresse en haut des marches entourée de cranes sur la pochette est un bon signe. L’arrière de la jaquette : une femme dénudée glorifiant les deux faces du disque, est de bon augure. L’album s’intitule Retronauts, tout cela ne présage que du B.O.N. Les astres nous envoient un message clair, ces quatre titres sont faits pour nous. L’incantation a fonctionné, les vieux esprits malins du doom-rock ont répondu à leur appel. L’appel des prophètes, les Prophets Of Saturn. Quatuor anglais de Leicester qui nous donne en offrande leur deuxième album en ce mois de juillet.
La prémonition s’avère exacte dès les premiers lancinants assauts du riff de « Retronaut » et le groove chaloupant de la batterie. Au grand dam du groupe, contrairement à leur premier effort, l’enregistrement n’a pas su faire en analogique. Qu’à cela tienne, de la fuzz aux reverbs et autres effets gouleyants, de la prise de son au mixage, l’album sonne puissamment délicieusement… rétro ? Pas de meilleure définition. Pas de tromperie sur la marchandise. On ne baptise pas sa galette Retronauts pour ne pas porter l’auditeur dans une dimension parallèle où les effluves du passé se mêlent à des émanations plus actuelles. En vrai magicien du temps les anglais évoquent et convoquent au fil des morceaux toute la dynastie du stoner-doom, de Black Sabbath jusqu’à Electric Wizard, de Blue Cheer à Acid King.
Cette concoction déjà préparée par biens d’autres sorciers se démarquent par ses parfums de rock-psyché qui agrémentent la dégustation. Solos débridés plus habités que démonstratifs, tempos plus enlevés sur « The Ultra Wizards » et plus particulièrement les 3 minutes de « Witchrider ». La palette sonore offerte ne se résume pas à un énième ersatz d’une caricature du son Sabbath. Quatre titres pour 35 minutes de musique laissent de la place à des jams habités. Au milieu du déluge de cymbales de Duncan, aussi claquantes que les fouets d’un satyre en transe, et des insidieuses mélodies portées par les cordes de Benjamin et de Max, se démarque la voix possédée et obsédante de George. Sans signature vocale particulière pour le genre, son phrasé et les lignes de chant tiennent de la prédication.
A même le sol, la sensation d’extase orgasmique procurée par les élixirs anglais ne sera que décuplée par les 17 minutes de « Damavand » qui clôt l’album. Vous rendant ainsi sournoisement dépendants du charme indéniable de cette œuvre. Pas la plus originale, pas la plus indispensable mais diablement enchanteresse.
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