Red Mesa est un groupe cruellement méconnu : le trio américain est implanté au nouveau mexique, un état dont le principal fait d’arme est d’avoir servi de décor à Breaking Bad, mais un peu moins connu pour sa scène rock vibrante, c’est un euphémisme. Être signé sur un label pour le moins discret n’aide pas non plus à sa visibilité sur le vieux continent. Et pourtant, ils ont produit un disque remarquable avec ce The Path to the Deathless, leur troisième album déjà.
Mais autant vous prévenir : diantre que cet album est difficile ! Le cerner complètement prend des jours et des jours… Pourtant, ce n’est pas un gros bébé : 40 minutes, 7 chansons… Mais finalement 7 reflets différents d’une même musique, complémentaires, qui ne se marchent jamais sur le pied. Du coup, l’album est plus le fruit d’une collection de chansons que d’un genre bien défini, même si le groupe ne se détache jamais trop de son corpus musical : un gros stoner fuzzé chargé au metal US 90’s nerveux, picorant ici ou là des plans doom, psyché ou autres joyeusetés. Bref, la trame est assez large pour se faire plaisir.
Et le groupe s’en donne à cœur joie, en enquillant des compos taquinant chaque fois l’excellence (en terme d’efficacité d’abord). Pour tout dire, après des dizaines d’écoutes, on ne sait toujours plus où donner de la tête : le doom-duo “Ghost Bell” / “The Path to the Deathless”, deux excellents mid-tempo enchaînés, riffs fats à souhaits sur lit de fuzz, et chant éructant option gravier. On enchaîne avec une curiosité, “Desert Moon”, un titre co-écrit (et chanté) par Dave Sherman (Earthride, Spirit Caravan, etc…), encore un mid tempo parfaitement servi par le chant bien malaisant de Sherman, qui se voit transcendé au milieu du morceau par un break parfaitement bienvenu. Autre guest de luxe un peu plus loin : c’est Wino qui vient éclabousser “Disharmonious Unlife” de son chant profond et inspiré. Là aussi, le titre est riche et varié : après son intro plutôt lente, les guitares se font plus électriques et viennent pousser un peu Wino aux fesses, le grand monsieur délivrant au final une excellente interprétation (en particulier sur le break préparant la conclusion du titre, amenant notamment un long, superbe solo). Histoire d’aérer une galette un peu dense, le groupe cale 2 petites pépites aux vertus bien différentes : “Death I Am” en milieu de rondelle propose une balade électro-acoustique ultra-catchy (votre serviteur est le 1er surpris, pas vraiment amateur du genre habituellement), tandis que “Revelation” plus loin apporte le parfait revers de la médaille, avec un pur glaviot metal-punk de 2min30, nerveux et efficace. De manière audacieuse, Red Mesa clôture sa rondelle avec son titre le plus long et progressif, “Swallowed by the Sea”, un titre à la fois heavy et enlevé, porté par des sonorités orientales originales (superbes arrangements de violons notamment, largement mis en avant).
Le disque n’est pas parfait toutefois : ce dernier titre se cherche un peu trop, “Death I Am” est un peu trop long… Mais plus globalement ce qui le rend perfectible est aussi ce qui le rend complexe et attachant : en 7 titres (dont un “presque-intro” et deux autres très marqués par leur chanteur-invité), on a parfois l’impression de voir portfolio, un échantillon… Il nous manque un ou deux titres pour apporter le peu de densité qui rendrait ce disque plus cohérent et plus lisible.
Mais la critique est superficielle, car la démonstration est éloquente en soi : ce disque de stoner-doom US a tous les atouts en main pour amener Red Mesa à un niveau de notoriété un peu plus conforme à leur talent.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)
Laisser un commentaire