Comme pas mal de groupes directement impactés par la lourde interruption d’activité de Small Stone, Roadsaw s’est fait discret pendant plusieurs années… On ne s’en est pas trop aperçu vu d’ici, le groupe US ayant été très peu présent sur le vieux continent depuis… ben toujours, en fait. Dommage, car le groupe de Boston a des arguments pour convaincre… Huit ans ont donc passé depuis leur galette précédente, où seuls quelques concerts ricains nous ont rappelé que le groupe restait vaguement actif. Dans l’intervalle, le redoutable frappeur Craig Riggs (par ailleurs chanteur du désormais trio) a aussi rejoint les rangs de Sasquatch, un autre combo à l’actualité neurasthénique dont l’activité ne devrait pas trop perturber celle de Roadsaw… malheureusement ! C’est (comme beaucoup) chez Ripple qu’ils trouvent un nouveau foyer accueillant pour sortir leurs galettes et permettre, espérons-le, de reprendre la route, et pourquoi pas l’avion !
Tinnitus The Night porte par son titre (et par son artwork équivoque, à la colorimétrie éprouvante) une intention qui est assez vite confirmée : l’album se goûte à fort volume, la frontière du plaisir se trouvant au plus près des limites sonores de vos cages à miel, avec une bière mi-fraîche en canette comme facteur facilitant. Quatuor devenu trio depuis quelques années, Roadsaw, tel un Motörhead du heavy stoner, porte haut l’étendard d’un hard rock fuzzé en mode “no bullshit”, une musique sans prétention, qui vise bas mais juste. Car le talent d’écriture de nos trois lascars n’est toujours pas mis à défaut sur ce huitième long format. L’auditeur se retrouvera bluffé (littéralement) de constater qu’au bout de la troisième écoute à peine il est capable de fredonner bon nombre de riffs et refrains, d’anticiper certains breaks bien velus… On parle du refrain de “Knock’Em All Down”, de celui de “Find What you Need”, du riff sur-saturé et doublé d’une frappe de mule de “Along for the Ride”, du bourrin “Final Phase” (le son de ces deux derniers rappelleront aux esthètes le bon vieux Milligram), etc… Overdose de riffs Tout n’est pas rose non plus, et la galette comporte quelques titres un peu plus dispensables (comme le très catchy “Fat Rats”). Le groupe ouvre aussi la porte aux titres de tempo plus lents, à l’image de “Peel” ou “Silence” (carrément une balade), une évolution qui, sans choquer, n’est pas non plus particulièrement inspirante. Notons aussi un “Midazolam” de 7 minutes épique, lent et puissant, porté par un chant hanté de Riggs.
Bref, Tinnitus The Night est un bon album, et un bon Roadsaw. Il s’adresse aux bourrins “plus subtils qu’on ne croît”, ceux qui aiment leur riffs bien tassés et leur son de guitare bien gras, mais toujours au service de compos finement ciselées, à l’efficacité redoutable.
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