Plus d’une décennie que Samsara Blues Experiment ensorcelle la planète stoner psyché à coups de riffs grassouillets puis polis au cours de trois albums studio pour devenir un véritable véhicule aérien sur le quatrième opus, One With Universe. Durant tout ce temps nous avons ici encensé leurs prouesses, loué leur vision de la musique. La formation allemande n’aura eu à souffrir d’aucun accroc critique de notre part, jamais, jusqu’à aujourd’hui, car oui je le dis, cet album dont je m’apprête à parler, est impardonnable ! Samsara jette l’éponge, annonce avec son dernier album une séparation pour une période indéfinie et un cadeau d’au revoir, End Of Forever. De quel droit ? Ont-ils consulté leurs auditeurs ? Évidemment non ! Impardonnable vous dis-je… enfin, pas tout à fait.
Oui, End Of Forever n’est pas tout à fait impardonnable, il faut même peu de temps avant de sécher les larmes d’émotions qui coulent au lancement de l’œuvre. La plaque sonne d’office dans la droite ligne de la précédente création. “Second Birth” ou “End Of Forever” sont des titres de la continuité, une progression vers des compositions livrant encore plus d’émotion.
Tout l’album est composé de riffs que d’aucuns diraient krautrock, envoûtants, qui montent en puissance dans un jeu collectif au sommet duquel pour “Massive Passive” ou “Orchid Annie” le chant de Christian trône, parfait d’aspérités juste saupoudré d’effets. Ce dernier se fait un rien plus agressif sur le titre éponyme ou plus taquin sur “Southern Sunset”. Le frontman raconte des histoires et il le fait dans un décor foisonnant, articulé par l’accompagnement de la basse et de la batterie de Hans et Thomas.
Cette ultime (?) création est comme toujours trompeuse avec ses pistes qui se superposent, laissant souvent le sentiment qu’il y a cinq musiciens. Pourtant End Of Forever est réalisé une fois de plus en trio, Christian relevant le gant du chant et de la guitare mais aussi des claviers. Il fait sortir de ses instruments de mémorables passages sur “Southern Sunset” et libère la magie de sons à la façon d’un Santana avant que le trio tout entier ne fasse fleurir des couleurs n’appartenant qu’au Samsara pour mieux revenir sur la référence latino-américaine par la voie des percussions qui aboutissent la piste. “Southern Sunset” est sans conteste le titre le plus envoûtant de l’album.
Les superpositions de plans de gratte, l’adjonction du clavier, la perfection des rythmes de batterie et la délicieuse rondeur de la basse offrent à End Of Forever une densité incroyable à tel point que sur “Orchid Annie” elle submerge totalement l’auditeur. Une fois de plus Samsara Blues Experiment nous offre de gravir la haute montagne de leur créativité et de leur talent, s’inscrivant de façon définitive au panthéon des groupes qu’il ne fallait pas manquer.
Nous abandonner sur une telle plaque, je dis que c’est inadmissible, que c’est déraisonnable, Messieurs, nous avions besoin de vous, nous en voulions encore, par pitié revenez nous livrer vos rythmes et vos accords enchanteurs ! Nous garderons ce rêve de votre retour et en attendant qu’il se réalise, merci au Samsara Blues Experiment pour nous avoir offert de si beaux objets de méditation et un End Of Forever qui clôt cette année et peut être une carrière de la plus belle des manières.
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Très bel album, d’accord avec la chronique