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Standarte – Stimmung

Encore l’Italie. Dieu que ce pays est beau. Dieu qu’il produit des groupes magnifiques. Si pour Francesco Rosi le Christ s’est arrêté à Eboli, il est certain qu’il a béni Pise, ville d’où sont originaires les membres de Standarte. Ce troisième album du groupe est un pur chef d’œuvre. Je m’explique. Considérons que le hard rock old school, courant Deep Purple, Gomorrha, Atomic Rooster, se soit éteint dans sa forme la plus stimulante à la moitié des seventies et qu’il ait fini par ressusciter au milieu des années 90 pour atteindre la situation que l’on connaît actuellement (qui justifie l’existence de ces colonnes). Si l’on accepte ce postulat, nous observons donc un intervalle d’une bonne vingtaine d’années, qui n’a jamais été comblé selon moi. C’est précisément cet espace qu’occupe « Stimmung ». Ce qui donne, au regard de tout ce qui a été dit, une dimension théologique autant qu’historique et anthropologique à ce groupe. Il constitue à lui seul le chaînon manquant d’une certaine histoire du hard rock. Il est précisément ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être. Sa quintessence même. C’est dire le rôle fondamental de ce disque. Ceux qui redoutent les vocalises suraiguës d’un Ian Gillan n’ont pas de crainte à avoir. La voix du chanteur-batteur Daniele Caputo, gorgée de chaleur et de soleil fait oublier l’ami Gillan sans le moindre effort. Là où Deep Purple pouvait quelquefois se perdre dans des élucubrations pompeuses dues à leurs velléités symphoniques, Standarte construit des morceaux impeccablement profilés. Des morceaux d’aujourd’hui qui sonnent comme hier. Plombés, nerveux et racés, quasi-constamment accompagnés des superbes mélodies d’orgue Hammond et d’un piano, Standarte se débarrasse allègrement d’un certain maniérisme propre à certain groupes des 70’s qui effraient encore certains jeunes fans de stoner rock qui ont du mal à se décentrer des productions actuelles pour aller sonder les origines. Standarte nous propose donc en quelque sorte un disque œcuménique. Il est évident que si la Chapelle Sixtine était musique, elle serait Standarte. Ce groupe est divin. Ne laissons pas le Vatican les béatifier avant nous.

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