Throneless – Throneless


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 » On s’ajuste tous à la vision qu’on nous impose de la vie, une vie dont seuls sont bénéficiaires ceux qui nous régissent. On nous apprend que la seule issue est de trimer sans dire mot, on gâche nos précieuses existences dans un job pourri, à mettre de l’argent de côté et acheter des amplis pour pouvoir au final nous exprimer et dire à quel point on hait tout ça  »

La musique prévaut parfois sur la parole et tient lieu de moyen d’expression lorsque les mots ne suffisent plus pour traduire assez fidèlement un ressenti. C’est à n’en pas douter la vision du combo suédois Throneless, auteur de la citation ci-dessus, qui a préféré piocher entre do et si qu’entre A et Z pour coucher ses émotions. Cette approche est en parfaite adéquation avec le style dans lequel évolue le groupe, le doom. Ce genre contient une telle puissance évocatrice qu’il est capable de poser une ambiance en quelques notes, là où la parole demanderait une quantité faramineuse de mots. Throneless a trouvé son syllabaire pour enfin se débarrasser de ses remontées biliaires inspirées par l’angoissante linéarité de nos existences. Dans une société de dominants et de dominés, le riff reste la seule arme contre l’ennemi invisible.

Basé à Malmö en Suède, le trio sort aujourd’hui son premier album éponyme chez Heavy Psych Sound Records, 4 titres pour une durée totale d’une quarantaine de minutes.
« Masters Of Nothing » ouvre l’album et pose d’emblée un riff hypnotique à l’épaisseur d’un steak nous garantissant un apport lipidique d’au moins un an. Tout sonne gras et lourd, de la guitare à la basse en passant par le moindre petit coup de cymbale. Au sein de cette tempête, les vocaux succincts et hachurés sonnent comme l’écho d’une lamentation lointaine, comme eux même terrifiés par un tel déferlement de puissance. « Cavedrones » et « Thinning The Herd » poursuivent quant à eux leur quête graalesque du riff le plus massif de la planète et osent quelques hausses de tempo qui auront définitivement raison de nos tympans et de nos cervicales. Si jusqu’ici tout est très efficace, l’originalité fait quelque peu défaut sur ces compositions qui manquent de surprise, et la douce léthargie dans laquelle nous plonge Throneless manque parfois de se transformer en somnolence.

« Reaching For The Dead », dernier morceau de l’album, vient rompre avec bonheur cette légère monotonie en apportant à l’arc du groupe de nouvelles flèches. Pas d’inquiétude, les pointes de ces flèches sont émoussées, pour une ouverture tout en douceur avec une guitare acoustique aérienne qui fait décoller Throneless des enfers pour l’envoyer dans le ciel le temps d’un instant. Mais c’est finalement un épilogue aux accents death qui terminera cet album, laissant le mot de la fin à une caisse claire martelée frénétiquement. La raison du plus fort est toujours la meilleure…

Ces prises de risques de fin d’album nous prouvent que Throneless gagne à se mettre en danger et à sortir des sentiers déjà maintes fois foulés par d’autres groupes du même genre. Elles ne pourront qu’ajouter plus d’identité et de cachet à la musique du combo, qui bénéficie déjà d’un son monumental et d’une bonne palette de riffs sur ce premier album prometteur.

À déguster avec : un carpaccio de rat (pour le dressage, voir pochette d’album)

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