Moins de deux ans après leur dernière saillie, les redoutables Valient Thorr repartent à l’assaut de nos platines disques, et ils sont prêts à en découdre ! Probablement dotés d’un cerveau unique pour cinq, ils n’ont manifestement pas fomenté un concept d’album très élaboré, ni une profonde remise en question de leur identité musicale. Nan! Valient Thorr, c’est le groupe de bikers qui débarque dans le pire rade de campagne en défonçant la porte, te prend par les couilles et te hurle pendant une heure dans les oreilles sans te lâcher le fut’. Amateurs de musique de chambre, il est encore temps pour cliquer « Page précédente » dans votre navigateur internet.
Faisant à nouveau confiance à Jack Endino pour produire leur avorton, le zélé quintette a choisi un artwork qui en dit plus sur son contenu que mille mots : leurs 5 sales trognes barbues au naturel (et donc effrayantes) au recto, et une superbe vue champêtre au verso, où nos 5 freluquets prennent la pose de dos, au dessous d’une magnifique ligne à haute tension qui traverse la végétation. Crasse, électricité, nature, vestes à patch, colère. Tout est là.
Dans le cas où ça ne vous suffirait pas pour vous jeter chez votre disquaire la bave aux lèvres, essayons de décrire simplement l’amas de glaviots que constitue cette rondelle plastique acérée comme une lame de rasoir. Si l’on devait comparer Valient Thorr, on serait bien emmerdés. Il s’agirait d’une sorte de mélange mal dégrossi de Motörhead, de Black Label Society (pour l’amour de la veste en jean sans manches, l’attitude, et les soli indécents qui larvent chaque titre), et même des Ramones (pour l’esprit « communautaire » et l’attitude punk). Chaque titre évolue dans la même veine musicale, et chaque plage enfonce plus profondément le clou rouillé dans la plaie béante de votre bonheur auditif (si si !) : grosses grattes avant tout (rythmiques et solo, je le rappelle, ce qui donne des relents metal tout à fait bienvenus), chant gueulé non stop (et accompagné de chœurs si nécessaire pour mieux porter des refrains que l’on chante à tue-tête), batterie qui allie la joie du binaire avec des plans hard rock. Autant d’hymnes au houblon frelaté que l’on se prend à entonner dès les premières écoutes (« Doublecrossed », « Sleeper Awakes », « Visionquest », etc.). Le tout donne un genre musical complètement hors du temps, mixant le meilleur des 4 décennies précédentes, avec un son impeccablement moderne.
Il faut de tout pour faire un monde, et dans une société un peu trop propre et policée, Valient Thorr, un combo plus intelligent qu’il n’y paraît, nous balance une rondelle direct à l’estomac, mixant joyeusement premier degré musical et second degré comportemental. Le résultat est de manière surprenante très digeste, et devrait permettre aux ricains de gravir encore une marche vers le statut culte auxquels ils se destinent. A découvrir AVANT.
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