La Charente-Maritime, territoire rock par excellence, qui a enfanté tant de groupes légendaires… Ah ben non, en fait. Sur ces terres peu propices, Walnut Grove DC trace sa route depuis un bon paquet d’années, avec quelques rondelles autoproduites sous le bras et quelques rares incursions scéniques selon une ligne temporelle mal définie. Difficile, dans ce contexte, de percer véritablement sur la scène française, bien que nous ayons déjà eu l’occasion d’apprécier leurs prestations, notamment dans le sillage de Mudweiser, avec qui ils ont partagé plusieurs dates. Deeper, leur nouvel album, vient ainsi nourrir l’espoir d’un palier supplémentaire à franchir pour mieux ancrer le groupe dans notre paysage musical. C’est dans cet esprit que nous l’avons abordé.
Musicalement, la table n’est jamais renversée, mais l’identité du groupe reste solidement affirmée : dans la veine heavy rock fuzzé, Walnut Grove DC déroule son gros stoner dans les mêmes sillons tracés ces quinze dernières années par Orange Goblin. Testostérone, fuzz, saturation, énergie : ça transpire Motörhead, et il serait malavisé de faire la fine bouche. On retrouve tout cela dans une poignée de titres fédérateurs comme “Tumble Weed” ou le très rock sudiste “Room 330”. Quoi qu’il arrive, l’intention de prendre du plaisir est toujours palpable, qu’il s’agisse des chœurs de “Have a Break” ou des riffs musclés de “Turn Around”.
Le quatuor, disons-le sans ambages, se heurte aux contraintes de l’autoproduction : le groupe est son propre client, et son son évolue peu. On en retiendra la cohérence, mais on regrettera l’absence d’un petit vent de fraîcheur. On aurait notamment aimé un travail différent sur le chant : les vocaux de Vinvin sont efficaces, puissants et percutants comme il faut, mais peut-être trop en avant dans le mix. Résultat : l’accent anglais, parfois perfectible, nous sort un peu du trip par moments. Cela dit, pour un auditoire franco-français habitué au minimalisme linguistique, ce n’est pas un gros problème. Espérons même qu’au-delà de nos frontières, cela apporte une touche d’exotisme et de fraîcheur à l’oreille anglophile.
Au final, Deeper s’impose comme un album à toute vitesse, qui malgré une production en dessous de ce que l’on pourrait attendre, consolide la position de groupe rock et stoner qui joue la sécurité. Vu l’engouement pour un style sans fioriture et le plaisir qu’on peut éprouver à se laisser aller à cette galette, il ne serait pas surprenant que cette dernière vienne se faire une belle place dans les playlists d’un nombre certain d’auditeurs. Espérons même qu’au passage le groupe y gagnera un label qui le valorisera comme il se doit. C’est bien tout le mal qu’on leur souhaite. Exit les charentaises : on enfile son cuir et ses bottes de moto pour une virée à dos de Deeper.
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