Mine de tout ça, petit à petit Fuzzorama fait son nid. Quelles que soient les prétentions du label truckfighterien, il faut reconnaitre aux suédois la délicatesse de leurs choix et leurs à-propos. A la même latitude que leurs terres d’appartenance se trouve le Canada. Et du pays du sirop d’érable découle We Hunt Buffalo avec leur nouvel album Living Ghosts paru ce 25 septembre. Si la Suède se trouve bien à 62° N comme le Canada, l’inspiration contemporaine du trio chasseurs est bien du côté du rock à la suèdoise et de ces fiers artilleurs représentés par Dozer et Greenleaf.
N’imaginez pas un riffing à la Tommi, mais plutôt l’art de pondre des titres rock aussi efficaces qu’originaux. Ca sonne classique mais bigrement bien gaulé. Le groupe n’est pas à son coup d’essai, troisième album depuis leur naissance en 2010, Living Ghosts parfait les orientations et les aspirations des canadiens à proposer un rock fuzzé et dur (soit) mais qui offre son lot de mélodies accrocheuses et de profondeur. Plus cérébrale que bas du front en somme. L’intro « Ragnarök » inspire à une certaine mélancolie et quand la production aussi précise qu’une massue de pointe envoie la sauce et propulse « Back to the River » l’effet est saisissant. Ainsi l’album vous agrippe et ne vous relâche qu’à son terme.
Vocalises en harmonie pour appuyer les refrains entêtants, section rythmique métronomique pour guitares acérées, We Hunt Buffalo nous sort ces plus beaux atours. Les frémissements d’ambition totalement progressive nous titillent qu’un parpaing velu nous défouraille de toutes aspirations plus psychédéliques. Ainsi va la première partie de l’album avec ses hauts faits de groove (« Hold On »), ses voix hurlées (« Prairie Oyster ») et ses riffs fuzzo-mélodiques (« Comatose »).
Sur les neufs titres que proposent l’album, les quatre derniers diviseront les plus exigeants d’entre vous. Baisse de régime ? Non. Baisse de tempo assurément. La chasse est finie, place maintenant au repos des guerriers. Sans délaisser l’efficacité des titres et le pachydermisme de la batterie (aux plans plus typés metal que stoner d’ailleurs), la part belle est donnée au cœur coulant qui se cache sous l’épaisse croute de bourrin en nous. Les six cordes s’arpègent et dégoulinent de tendresse dans ses licks. « Fear » maintient l’intensité par ses voix une nouvelle fois hurlées et offre une bonne respiration après les précédents titres dévastateurs. « The Barrens » s’accélère en fin de course pour que la machine se remballe et « Looking Glass » synthétise l’ensemble, soutenu par un clavier aux touches écrasées des puissantes pates des bovidés pourchassés.
Quatre mid-tempo pour clore un album lancé sur les chapeaux de roues, c’est un parti pris artistique. Deux faces qui se complètent et s’opposent. De « Walk Again » nous incombe-t-on finalement. Si ce n’est dans l’immédiat, cela restera une partie de chasse dans laquelle on aura plaisir à se relancer. Un bel album qui sonne aussi bien qu’il est bien foutu.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)
Laisser un commentaire