Le label Ripple a lancé il y a quelques mois une sorte de démarche spéciale, labellisée « Beneath The Desert Floor », qui vise à proposer des re-sorties d’albums de stoner anciens, indisponibles depuis longtemps. Inaugurée avec l’excellent …It’s Ugly or Nothing de The Awesome Machine (2000), cette série laissait présager l’opportunité de faire redécouvrir à un public récent l’âge d’or du stoner. Malheureusement le label semble focaliser les sorties suivantes sur un « ventre mou » plutôt calé sur la fin de cette première décennie des années 2000, avec dans le cas présent un disque de 2008. Evidemment la démarche reste intéressante, mais l’aspect « archives oubliées » (que l’on retrouve avec les trésors proposés par les « Relics » de Rise Above Records, ou quelques sorties et compils chez Riding Easy records) perd un peu de son intérêt, quand les disques sont sortis il y a une quinzaine d’années. On se retrouve donc avec une démarche un peu floue, proposant pour le moment des albums soit à peu près connus mais rares (The Awesome Machine, Fireball Ministry), soit méconnus et méritant une reconnaissance tardive (Glitter Wizard ou White Witch Canyon, les auteurs du présent disque). Mais ne faisons pas la fine bouche sur la démarche, et prenons tout ce qui est bon à prendre.
White Witch Canyon, donc, trio californien qui n’a jamais vraiment percé, auteur d’un disque unique, sorti discrètement en 2008, qui avait été remis en lumière en 2011 par Kozmik Artifactz (on n’est vraiment pas dans l’archive poussiéreuse…). Ainsi posé, on peut pas dire que l’on soit débordé par l’envie dévorante de s’envoyer cette galette la bave aux lèvres. Et pourtant les premières écoutes s’avèrent vite bluffantes, et ne tardent pas à en appeler plein d’autres. La production n’est pas du tout dépassée, la mise en son de l’ensemble est sinon moderne, tout du moins solide et irréprochable, sans jamais sonner “vieillot”. Un bon point. Le son de guitare est impeccable, à la fuzz parfaitement dosée, et le chant est (légitimement et judicieusement) bien mis en avant.
Mais si on revient inexorablement vers cette galette, écoute après écoute, c’est bien parce qu’on se fait aspirer par ces compos si chaleureuses et bien fichues, avec une large production de riffs à la minute. Les huit chansons proposées (on passera sous silence l’inutile neuvième titre mêlant délires bruitistes, samples, speeches…) ont le mérite de la cohérence, tout en permettant à chaque morceau d’avoir son identité propre. Mêmes si certains titres sont moins intéressants, ou certain passages moins aboutis (on mentionnera par exemple « Thirty Three and One Third », mid tempo un peu feignant qui ne trouve son salut que dans son final où enfin s’emballe la rythmique, ou le redoutablement accrocheur mais pas super inspiré refrain de « Sell your Soul »), on aura du mal globalement à trouver des titres plus faibles que d’autres : le très heavy et catchy « The Witch », « Escape Pod et sa rythmique et construction mélodique diablement accrocheuses, « Four Star Heretic » avec son déluge de leads et son refrain punchy, « Ancient Android »… On va même assez loin dans l’audace avec par exemple la ligne de chant de « Boom Goes the Dynamite » sur le couplet qui rappellera… Serj Tankian de System of a Down en mode mid-tempo ?!
Bilan très positif sur ce disque donc, qui mérite absolument d’être (re)découvert. Probablement pas dans la perspective de voir le groupe se reformer, mais sait-on jamais. Ce premier (et dernier a priori) disque propose une belle galette de stoner riffu et mélodique, puissant et assez riche pour ne pas ennuyer.
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