HELLFEST 2018 – Jour 1 (Corrosion of Conformity, Eyehategod, Church of Misery, Crowbar…) – 22/06/2018 – Clisson

Rendez-vous désormais incontournable chaque année, le pélerinage clissonais s’impose encore une fois comme une évidence pour l’équipe de Desert-Rock. Comme chaque année, l’affiche de la Valley, notre scène fétiche, alterne sur le papier des grosses surprises, des invités de marque, et un bon lot de découvertes…
Le premier jour en particulier affichait a priori la plus grande quantité de « valeurs sûres » ; restait à valider sur les planches que l’ensemble serait au niveau attendu.

Voici notre live report !

 

FANGE

Tout premier groupe de la Valley pour cette édition 2018, les rennais de Fange démarrent tôt le matin et viennent nous cracher des mollards dans notre café. Depuis l’intégration de l’ancien chanteur de Calvaiire, Matthias Jungbluth (au passage, le fondateur de Throatruiner Records, un label qui privilégie tout ce qui est sale et torturé), Fange déploie une violence aussi bien scénique que musicale. Le groupe nous assène un sludge ultra sombre qui terrorise, et Matthias semble bien prêt à tout détruire : le regard noir, il fait les cent pas, bouffe le micro, balance des crochets du droit dans le vide. Malgré la durée du set (30 minutes à peine), Matthias prête son micro à un collègue quelques instants, pour un rendu… à peu près similaire à sa propre performance, à savoir pour synthétiser : violent et hargneux. A l’avenant, Alexandre martèle sa batterie si fort qu’il perce sa peau de batterie et doit la changer avant de continuer… Une hostilité que Fange a parfaitement su transmettre au public d’une Valley encore un peu timide. Pas de meilleure façon que de nous souhaiter la bienvenue à Clisson. Charmant.

Set list : Cour Martiale/Ressac/Parmi Les Ruines/Chien de Sang/Agapes 

 

 

 

MOS GENERATOR

Mos Generator nous force à opérer notre première (et unique) excursion en dehors de la confortable et ombragée Valley, pour rejoindre d’un pas hésitant et laborieux la (déja) lourde torpeur d’une Main stage baignée par un soleil de plomb. L’occasion d’observer de près le pavage effectué au sol devant les deux scènes… Mais on n’est pas là pour analyser la qualité de pose du revêtement à nos pieds – on est venus pour profiter du set « miracle » de Mos Generator, le groupe ayant été ajouté à l’affiche il y a quelques semaines à peine, dans un jeu de chaises musicales assez traditionnel dans les périodes précédent le festival clissonais, et dont il se retrouve heureux bénéficiaire. Plaisir partagé en ce qui nous concerne ! En arrivant devant la scène, on croise Tony Reed qui est dans le public, à environ quatre minutes de son set… pas stressé le bonhomme ! Et effectivement, il est sur les planches comme un poisson dans l’eau, avec ses acolytes qui ne démériteront jamais. Les titres s’enchaînent sans grosse surprise mais sans déplaisir non plus (les classiques « Lonely One Kenobi », « Electric Mountain Majesty »…). Malheureusement, le public est apathique pour le moins, à l’image de ce que l’on observe généralement à cette période de la journée sur cette scène un peu trop large et impersonnelle pour des groupes de cette dimension. L’occasion est évidemment très bonne pour Mos Generator de faire entendre sa musique à un grand nombre, mais assister à un set de bonne qualité, en plein cagnard, devant un public qui n’attend que le dernier titre pour, dans ses premiers rangs seulement, sautiller légèrement… ne nous ravit pas complètement. Un très bon set de la bande à Reed, solide et efficace. Mais un contexte qui dessert un peu la prestation du groupe, même s’il n’a pas démérité, loin s’en faut

Set list : Silver Olympus/Lonely One Kenobi/Shadowlands/On The Eve/Catspaw/Electric Mountain Majesty

 

SONS OF OTIS

Trop rare sur disque (six ans depuis le dernier album !) et sur scène, Sons of Otis a fort à faire pour (re)conquérir un public qu’il a un peu négligé, en particulier sur le vieux continent. Et pourtant la discographie du groupe parle d’elle-même, ayant toujours proposé un doom de qualité, lourd et audacieux, sans jamais se départir d’une certaine orginalité et variété. Quoi qu’il en soit, malgré ses 25 ans de carrière, le trio de Ken Baluke doit remonter les marches petit à petit, raison pour laquelle leur place sur l’affiche du jour est si basse : second groupe de la Valley, ils commencent à jouer avant midi. Bien loins de s’en offusquer, les fils d’Otis montent sur scène et engagent un « Guilt » sur-heavy qui rappelle à une assistance plutôt fournie de quel bois se chauffent nos canadiens : le set du jour sera heavy, doom, lourd et gras. Pas de compromis possible pour un set aussi court (30 pauvres minutes), le trio se rassemble donc sur ses bases stylistiques. En revanche, il injectera presque trois quarts d’inédits (on avait déjà entendu « Blood Moon »), plutôt prometteurs, d’abord sur le fait que le groupe reste « actif » sur le champ de l’écriture, et d’autre part sur la qualité de ce qui se prépare… Surprise en revanche quand ledit « trio » monte sur les planches : Aubin et Sargeant ne sont aux côtés de Baluke ! Indispos sur cette opportunité de tournée, le socle rythmique du combo a laissé sa place à remplaceants, Franz et Jason, qui officient uniquement sur cette tournée (dixit Ken). En tous les cas le set est solide, et l’absence du trio complet ne se fait jamais sentir… mais c’est court, bien trop court pour prendre notre pied. On voit donc le combo quitter les planches après 30 minutes, bien remplies certes, mais insuffisantes pour un groupe de cette stature, avec sept albums solides sous le bras, pour développer un minimum son univers. Revenez-vite !

Set list : Guilt / Blood Moon (inédit) / JJ (inédit) / ? (inédit)

 

DOPETHRONE

« Hellfest Tabernacle ! ». Aucun autre groupe que Dopethrone ne peut se permettre d’ouvrir un concert comme ça, et c’est aussi pour ça qu’on les aime. Malgré l’enthousiasme des trois québécois, très certainement galvanisé par une Valley plutôt bien remplie, on va vite s’apercevoir que le groupe semble faire face à plusieurs problèmes techniques (nos soupçons seront confirmés en fin de concert) qui vont sérieusement entacher leur prestation. Au départ, la guitare de Vincent n’est que très peu audible, puis ce faible niveau sonore va laisser place à un son de guitare qui ne semble pas être le sien, comme passé à la lessiveuse et sans rien dans le bide. Conséquence, le batteur est perdu et fait plusieurs bourdes. Le résultat est que Vincent passe les deux tiers du concert tourné vers lui pour éviter au maximum les erreurs, en vain… Le récent « Killdozer » et les plus classiques mais non moins excellents « Darkfoil » et « Scum Fuck Blues » ne suffisent pas à nous faire passer un bon moment : on est tendu et on souhaite surtout que le massacre se finisse au plus vite. La participation de Benjamin Moreau de Fange au chant de « Dry Hitter » en conclusion n’y changera rien. Une grosse déception, mais pas à la charge du groupe. On espère vous revoir dans de meilleures conditions les gars !

Setlist : Host/Tap Runner/Tweak Jabber/Wrong Sabbath/Killdozer/Snort Dagger/Shot Down/Scuzzgasm/Dark Foil/Scum Fuck Blues/Kingbilly Kush/Dry Hitter

 

CELESTE

Étrangement programmé après le train fou canadien, les Rhodaniens bénéficiaient enfin d’une reconnaissance sur un festival de ligue internationale dans l’Hexagone. Et pas dans n’importe lequel puisque c’est Clisson qui les voyait se produire alors que la formation lyonnaise a déjà enchanté plusieurs événements  de renommée à l’étranger, et court toujours derrière une reconnaissance nationale voire même régionale. Ce n’est en effet que récemment que les Lyonnais ont pu les voir à nouveau sur scène dans leur ville d’origine (pour fêter l’arrivée du petit dernier « Infidèle(s) ») où leur absence était malheureusement de rigueur depuis belle lurette. Nous soulignons que le quatuor orienté metal avec forts accents black, sludge et hardcore n’a heureusement pas attendu ses compatriotes pour donner des ailes à sa carrière qui les voit conviés à côtoyer les fines fleurs du genre un peu partout à l’étranger. Habituellement cauchemar des photographes en raison de l’excès de fumée et des lights cantonnées à leurs lampes frontales rouge, les Gones ont été démasqués au Hellfest en raison de la capacité de la Valley aérée qui laissait s’échapper les volutes de fumi et nous permettait de découvrir le faciès de ces lascars qui nous ont bien botté le croupion !

 

BONGZILLA

S’il y a bien un veinard lors d’un concert de Bongzilla, c’est l’ingé lumière : le bienheureux n’a rien d’autre à faire que de passer tout au vert-cannabis et le tour est joué jusqu’à la fin du concert. Il ne manque plus qu’un peu de fumée artificielle à laquelle vient se mêler la fumée magique des spectateurs de la Valley, transformée pour l’occasion en fumoir géant, et les conditions sont réunies pour que débute le concert des américains. Tout au long de ses 25 ans de carrière, la recette des naturopathes de Bongzilla n’a pas vraiment changé : stoner vaporeux, riffs en pagaille et apologie du bienfait des plantes. Sur un set aussi court, le trio développe des versions assez « standard » de ses compos, n’ayant pas le temps de les laisser « déraper » comme il en a l’habitude… Ils sont si disciplinés qu’une fois leur set terminé leur manager vient les avertir qu’il leur reste plus de cinq minutes, durée largement suffisante au groupe pour proposer une nouvelle pépite enfumée. Un concert sans trop de surprise mais parfaitement exécuté, dont on sort engourdi et heureux.

Set list : Gestation/Greenthumb/?/?/HP Keefmaker/Earth Flower

 

CROWBAR

Entre les trois venues précédentes de Down et la présence de Crowbar en 2010 et 2014 au Hellfest, Kirk Windstein commence à être un habitué des lieux. On suppose donc qu’il est inutile de vous présenter ces patrons du sludge de la Louisiane, d’autant plus à toi Ô lecteur érudit de Desert Rock. Voir Crowbar sur scène est toujours l’assurance de se faire paradoxalement laver les oreilles par une belle boue estampillée NOLA, teintée de la voix si reconnaissable de l’auto proclamé « Riff Lord », à raison. Du riff, Kirk en a écrit une liste longue comme sa barbe grisonnante, il y a même dédié sa vie. Accompagné d’un énième nouveau bassiste (Todd Strange, le bassiste d’origine, avait réintégré le groupe en 2016, mais c’est ce soir le jeune Shane Wesley qui le remplace, du fait d’obligations familiales de Strange), la formation au line-up aussi mouvementé qu’un voyage sur le vol MH370 nous démontre une nouvelle fois que Crowbar a écrit de sacrés morceaux à l’efficacité inégalée : « All I Had », « Walk With Knowledge Wisely », « To Build A Mountain » et évidemment, l’incontournable « Planets Collide », climax du concert qui mettra tout le monde d’accord. On regrettera simplement l’absence de « The Lasting Dose », un classique du groupe absent de la setlist de ce soir.
Crowbar, None Heavier since 1989.

Setlist : Conquering/And Suffer As One/All I Had (I Gave)/To Build A Mountain/Cemetery Angels/Walk With Knowledge Wisely/To Carry The Load/I Am The Storm/Planets Collide/Broken Glass

 

CHURCH OF MISERY

On aura décidément bien profité des incursions européennes de Church of Misery cette année, et on arrive donc devant la scène ce vendredi après-midi en sachant avec quasi-certitude que le concert des japonais devrait faire des dégâts. Coupons court aux tergiversations : ce fut le cas. Le trio rassemblé autour de Tatsu Mikami est redoutable d’efficacité : Takano est un frontman impeccable (dynamique, souriant et au chant parfaitement adapté aux morceaux de ses prédécesseurs dans les différents line-up du groupe), et la paire Muraki / Yamamura fait plus que le job, en mode appliqué et efficace. Rien de neuf sur ce bord, on avait déjà constaté la qualité de ce line-up des doomeux nippons. En y associant une set list de classiques (seul « Murderfreak Blues » est issu du récent dernier album, pourtant excellent), le quatuor joue la sécurité, et il a raison. Quel pied que ce set ! La triplé gagnant en intro (« El Padrino », « I, Motherfucker », « Born to Raise Hell » enchaînés d’affilée) donne un peu l’impression que le groupe abat ses plus balles cartes d’entrée de jeu… mais le combo fait la preuve ensuite qu’il peut se reposer sur un catalogue solide, puissant, et qui parvient à conquérir une Valley bien pleine, qui finit par manger dans la main des japonais. Seule frustration : le groupe termine son set quasiment 10 minutes avant l’horaire de fin ! Il y avait le potentiel de rajouter 1 ou 2 morceaux bien sentis… Néanmoins, se retrouvant à jouer une paire d’heures plus tard que le créneau initialement prévu (échange de créneau avec Crowbar), ils font la démonstration qu’ils savent tirer leur épingle du jeu dans tous les contextes. Encore une claque dûment administrée. Merci.

Set list : El Padrino/I, Motherfucker/Born To Raise Hell/Brother Bishop/Killafornia/Shotgun Boogie/Murderfreak Blues

 

EYEHATEGOD

Un petit mois à peine après leur prestation berlinoise, les Ricains allaient à nouveau faire le bonheur de vos dépêchés sur place. Les quatre garçons des brumes du bayou ayant la veille foutu le dawa pour les Parigots lors d’une défaite de la musique qui fera date, c’est un peu fatigués que nous avons croisé les originaires de Nola. Mike IX Williams ayant survécu aux ouragans, à la prison, à ses excès et aux conséquences de ceux-ci, nous apparut aussi propret qu’à Berlin, mais nettement moins cireux et un poil plus ravagé. Rompu à ce type d’exercice, le quatuor a donné un air de Warzone à la Valley du premier larsen distordu de « Lack of almost everything » en intro, jusqu’au bout de sa prestation. « New Orleans Is The New Vietnam » demeurant le point d’orgue de la prestation de ces chantres déglingués de la came (qui tournent désormais plutôt au soda). La formule à quatre, plus économique, fonctionne à merveille avec le bedonnant Jimmy Bower remplissant tous les interstices disponibles avec ses riffs saturés. Le retour au Hellfest des dégénérés de Louisiane après quelques années est triomphal et leur placement dans le programme n’est que justice pour une formation qui a inspiré plusieurs des groupes l’ayant précédé en ces lieux ce jour-là. Il ne manquait que le public des autres scènes (sans doute assommé par le soleil ou l’excès de Muscadet) pour que la fête soit totale car les groupes affichés ailleurs à la même heure n’arrivaient pas à la hauteur des semelles du placide gratteux d’EGH qui en avait ce jour-là.

 

CORROSION OF CONFORMITY

Avec le retour de Pepper Keenan à la barre, et avec un nouvel album du line-up « classique » sous le bras (un album de qualité, qui n’aura pourtant pas eu le retentissement que l’on pensait), C.O.C. se retrouve bombardé tête d’affiche de la première journée de cette Valley. D’aucuns auront été surpris de ce statut, d’autant plus que l’affiche de la journée était pour le moins costaude en valeurs sûres. Charge donc au groupe de convaincre les esprits chagrins et d’assoir son statut à la force du manche et des baguettes. Bénéficiant d’un light show étudié (pas mal de contre-jour, de la fumée…) le groupe débarque sur une valeur sûre, « Bottom feeder », première illustration d’une set list qui, si elle ne brille pas par son originalité renversante, est vouée à satisfaire un public qui est venu là pour un set de « C.O.C. avec Pepper ». En conséquence, la parenthèse des deux récents albums en trio Dean/Weatherman/Mullins est complètement passée sous silence, de même évidemment que les deux premiers albums, avant que Pepper ne rejoigne les rangs du groupe de Caroline du Nord. Mais on ne va pas s’en plaindre, tant la discographie du combo dans cette configuration est cohérente, et riche en classiques. Ils vont quand même rappeler qu’ils ont un nouvel album à défendre, avec deux extraits bien choisis « The Luddite » et « Wolf Named Crow », bien incorporés dans la set list. Scéniquement, peu de surprises, ou en tout cas aucune mauvaise : Pepper, en confiance, fait le job et plus encore aux manettes du navire : vocaux impeccables, communication avec le public, interactions avec ses collègues… Le barbu est en grande forme. Sur les côtés, rien d’atypique pour qui connaît le groupe, Woody et son jeu de scène aussi jovial qu’improbable s’amuse et fait bien le job (on remarquera néanmoins qu’en configuration à 2 guitares le bougre aura pas mal de plages « inactives » où il va se réfugier en fond de scène), et Mike Dean, plus sérieux, est complètement immergé dans son set et prouve encore une fois si besoin était quel excellent bassiste il est. Derrière les fûts, les problèmes de « santé » de Reed Mullin l’ayant tenu éloigné des dernières activités du groupe, c’est à leur drum tech Jon Green qu’ils ont confié la batterie, et le bougre n’en met pas une à côté ! (à la place de Mullin on se mettrait un coup de pied aux fesses fissa pour retrouver le tabouret derrière le kit, parce que c’est pas gagné pour lui…)
Le set déroule, bien mené, avec un « Vote With a Bullet » qui ravira les 4 lascars de Eyehategod (qui ont passé le set entier assis cote à cote sur l’estrade en fond de scène), mais surtout avec un final brillant : « Albatross » puis évidemment « Clean My Wounds » (larvé d’impros groovy en diable) viendront cloturer le set et la journée de la meilleure des manières. Pas de doute, C.O.C. est en forme, et fut de taille à finir la soirée avec prestance et talent.

On repart les corps lours mais le coeur léger et le sourire aux lèvres, avec l’espoir de grapiller quelques heures de sommeil car la journée du samedi s’annonce elle aussi costaude…

Set list : Bottom Feeder/The Luddite/Broken Man/7 days/Paranoid Opioid/Vote With a Bullet/Wiseblood/Wolf Named Crow/Albatross/Clean My Wounds

 

 

[A SUIVRE…]

Par Caïn, Chris & Laurent

(Photos Laurent)

 

*********** Notre live report vidéo de la journée : **************

 

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