NIGHTSTALKER (+ Oaks Crown + Hangman’s Blood) – 25/10/19 – Nantes (La Scène Michelet)

 

Voilà deux ans que Nightstalker n’avait pas foulé le sol de France et il faut croire que la masse des dates dans l’hexagone n’aura laissé qu’une seule chance au groupe pour se produire là. Heureux hasard pour moi, c’est l’asso West Stoner Session qui a saisi l’occasion au vol ajoutant au plateau Hangman’s Blood et Oaks Crown à Nantes. Retour donc pour la seconde fois de la semaine à la Scène Michelet.

Hangman’s Blood

Les gars de Hangman’s Blood sont venus en charentaise, ils sont Nantais, pas la peine d’enfiler autre chose qu’un slip quand on est voisin. Hangman’s Blood (un mélange de Rhum, Gin, Brandy, Porter) aurait pu s’appeler Swamp Water (Rhum, Orange, Curaçao, Lime) tant leur amour du bayou est invasif. Dès les premières mesures, l’influence de Mudweiser et de la NOLA flotte dans l’air et ce n’est pas un hasard, cela colle pile à l’univers des gars. Et s’il n’y a pas encore grand monde pour en recevoir l’odeur de vase, deux morceaux plus tard la salle est quasi pleine de spectateurs venus pour la tête d’affiche mais aussi de copains de Hangman’s Blood.

Le gratteux accroché à sa Dean From Hell (Guitare inspirée de celle de Dimebag Darell) livre des bûches de 40. Le son est trapu et efficace et plus le set avance plus le premier rang joue l’interaction avec des vannes auxquelles Hangman’s Blood prend un malin plaisir à rétorquer. Ce n’est pas qu’à cause de l’orientation des spots en direction du public que la salle s’échauffe, la tessiture de voix qui agit dans les basses vient s’érailler lorsqu’il s’agit de mettre la gomme et le public s’y complait. Le groupe semble inépuisable, il ne perd rien de son énergie et je serais curieux de les voir sur un long format pour savoir si celle-ci reste entière

Finalement à bout de soli farceurs comme une pastille mentholée pour marin et surtout à court de temps, les gars de Hangman’s Blood finissent leur set, le bassiste se prenant à rêver qu’il est la réincarnation de Lemmy et arrose le public avec la tête de son instrument comme s’il tenait une sulfateuse.

 

Oaks Crown

Les gars de Vannes (et pas de la Vanne hein!) Oaks Crown sont suffisamment bretons pour avoir eu le droit de jouer au Motocultor. Fort de cette programmation ils ont entamé une mini tournée de cinq dates qui les a amenés jusqu’à nous ce soir. Ils viennent offrir leur musique à l’esprit post métal avec des bouts de pleins de trucs dedans. Si l’attitude scénique semble un peu poseuse cela ne fait qu’enrichir le show et accordons ceci à Oaks Crown, ils semblent unis et cohérents dans la façon dont ils se présentent à nous. Nombre de mélodies sont bien trouvées et laissent rêveur. La basse écrase l’assemblée derrière un équipement qui semble minimaliste et le public en redemande, cédant très vite à l’envoûtement.

La musique évolue tout au long du set, elle vient aux limites du screamo notamment grâce au chant du côté du gratteux rappelant celui de Aaron Turner d’Isis. Le bassiste quand il prend le micro vient compléter la puissance du guitariste chanteur. Le trio possède une force faite d’attraction et submerge le public dans une première partie de set, tout du moins. Une césure se produit à mi set, le batteur swing et entraîne avec lui le bassiste ainsi que le public, la migration s’opère vers un style plus Doom sans qu’on sache trop pourquoi et le chemin va se poursuivre à la lisière de terres Sludges. La musique de Oaks Crown est terriblement efficace, les corps dans la salle se cassent en deux et marquent le rythme d’avant en arrière entraînés par la lourdeur des notes. La musique dense et pas toujours digeste pour tout le monde fait perdre une partie du public au groupe mais le plus grand nombre reste accroché au set. Qui tire vers sa fin pour libérer la place à la tête d’affiche tant attendue ce soir.

Il est temps de vous décrire la configuration des lieux pour ceux qui ne connaissent pas la Scène Michelet. L’endroit est un bar. Un rez-de-chaussée avec une cour intérieure où boire son godet et un espace pour le merch en intérieur. Passons la porte pour entrer, face à vous le zinc, a votre droite un escalier. C’est par là que l’on accède au cœur de l’endroit, la salle de concert. L’heure approche, Nighstalker ne devrait plus tarder à finir ses balances et déjà une file se forme devant l’escalier. Bigre! il semblerait que l’on soit venu de loin et que l’envie d’en prendre plein les cages à miel soit vive!

 

Les quatre comparses de Nightstalker font leur entrée par un escalier derrière la scène, la salle murmure et se met en branle accueillant comme il se doit les patrons de la soirée qui entament un lancinant « Go Get Some ».  Alors que Argy en père noël squelettique vient prendre son tour de chant ça commence à remuer dans les rangs. Impossible de ne pas remarquer que le quidam tel un vieux diesel met toujours un peu de temps à démarrer son chant et à en livrer toute la force.

Mais le show se déroule, implacable avec « Baby God Is Dead » qui résonnera jusqu’à l’église Saint Felix toute proche, puis « Zombie Hour » où le chanteur tel un marionnettiste habité par on ne sait quel génie fait de ses mains des gestes envoûtants. La part belle n’est pas nécessairement laissée au dernier album, les gars piochent allègrement dans leur discographie aussi loin que possible avec entre autre un « Trigger Happy » de l’époque Use; très efficace! Indiscutablement, la machine est lancée et c’est une salle en transe qui se soulève sous les coups de boutoir de la batterie qui ce soir prend une importance évidente.

L’humilité des grecs est prenante, ils remercient le public entre chaque morceau, toujours aussi reconnaissants après toutes ces années que le public vienne les voir et se renouvelle. La fin du set est sublime avec un démoniaque « Dead Rock Commandos » qui entraîne les corps et ne les laisse reposer qu’entre les bras d’un « Children of The Sun » et un rappel sur « Great Hallucinations ». Le show se termine sans que le temps n’ait défilé dans les esprits. Je quitte la salle un rien amer de n’avoir pas entendu jouer « For Ever Stone », tant pis, il faudra que ces Messieurs reviennent pour nous jouer ça et on espère cette fois avant deux ans.

Fin de la visite, on descend l’escalier, on tourne à droite pour faire emplette au merch et remercier les artistes présents ce soir d’avoir fait un job à la hauteur de l’envie du public. Demi-tour, arrêt au bar, le temps de quelques papotages et d’appréciation du concert et il est l’heure de rentrer. Un peu à reculons, admettons-le.

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