Le 10 octobre dernier avait lieu à la Maroquinerie le concert des All Them Witches, groupe de 4 gringos tout droit venus de Nashville avec Santiag au pied et tabac à chiquer en poche. Non, en réalité rien de tout ça, mais le groupe est un tel produit de la culture américaine qu’on souhaitait grossir le trait et utiliser de vieux clichés bien ringard. Ces boys mixent en effet tout ce que leur sacro-sainte terre a pu leur offrir : du stoner, du heavy, et entre les deux, une bonne tranche de blues avec cheddar fondu. Leur troisième album sorti l’année dernière, il était temps de voir les gaillards à l’œuvre.
Notre emploi du temps serré comme un ristretto napolitain ne nous permet malheureusement pas d’assister à la prestation de The Great Machine, groupe de stoner israélien chargé d’assurer la première partie. Notre faute reconnue et auto-expiée, passons directement au vif du sujet.
La soirée a lieu à guichet fermé, et on étouffe déjà dans le sous-sol qui sert de salle de concert à la Maroquinerie, coincé entre ce qui s’avérera être le retour basse (RIP nos tympans) et le grand frère de Chabal. All Them Witches ratisse un public large, c’est indéniable. Les 4 membres arrivent sur scène d’un pas nonchalant, le style faussement négligé et cradingue, chose caractéristiquement américaine. Encadré du guitariste et du claviériste, le bassiste chanteur trône au milieu de la scène armé d’une magnifique Rickenbacker. Derrière, le batteur est déjà torse nu. Ok, ces mecs n’ont pas de temps à perdre. Comme dit plus haut, All Them Witches est le résultat d’influences assez variées, le paysage que l’on voit défiler est donc rarement le même. Souvent, la tiédeur du blues vient réchauffer nos corps déjà moites, et la voix de Michael Parks y est surement pour quelque chose. Le chanteur (appellation amplement mérité puisqu’il s’agit ici d’un VRAI chanteur) nous fait dresser les poils de sa voix doucement meurtrie sur des rythmiques ternaires du Mississippi.
Parfois aussi, un brin de pop suranné s’invite à la table, et cette fois-ci, le claviériste Allan Van Cleave en est le principal responsable. Le bonhomme, qui couple son clavier Rhodes avec des pédales d’effet, nous fait inévitablement penser au grand Ray Manzarek (claviériste des Doors jouant sur le même clavier et lui ayant donné ses lettres de noblesse), et ajoute un cachet et une classe incroyable à la musique du groupe.
Le guitariste Ben McLeod se charge quant à lui de nous assener du gros riff stoner soutenu par une basse très présente, et décolle parfois dans le ciel sur fond de trips acidifiés directement hérités des 70’s. Pour rester dans l’époque, on a même le droit au traditionnel et un peu dépassé petit solo de batterie, qui n’atteindra malheureusement pas le niveau d’un Moby Dick (n’est pas Bonham qui veut).
Le tout est servi avec une belle énergie et un son particulièrement bien équilibré, ne laissant aucun membre sur le banc.
Vous l’aurez compris, All Them Witches pioche dans plusieurs tiroirs pour composer une musique qui vient de partout, ce qui en fait un groupe venant de nulle part et plutôt atypique dans le milieu de la fuzz. On est donc heureux d’avoir fait ce voyage à travers les âges avec eux ce soir, et c’est avec plaisir qu’on remontera dans leur DeLorean.