A l’occasion de leur passage sur Paris lors de leur tournée en Europe, Clutch s’est arrêté au studio 104 la veille de leur très attendu concert au Trabendo, jeudi 26 novembre, pour enregistrer quelques morceaux pour l’émission “l’Album De La Semaine” de Canal +. Les membres du groupe en ont profité pour célébrer l’une de leurs rares apparitions médiatiques en France avec quelques fans, ces derniers d’abord agglutinés sur les marches impersonnelles inévitables dans n’importe quel studio de télé, mais très vite levés face à l’événement.
Avant l’apparition de Clutch, captation télévisée oblige, un chauffeur de salle agréable, visiblement habitué de ce type d’événements, pousse la centaine de spectateurs présents à agir comme si le groupe venait de jouer, à savoir applaudir, crier, rugir de joie, ce complètement à froid, sans n’avoir rien vu. Vous l’aurez compris, pas de place à la spontanéité ici, vive la post-production ! Une fois les nombreuses prises terminées (environ 5 ou 6 à faire semblant de célébrer Clutch, qui n’étaient même pas encore arrivés), le groupe a fini par se montrer et Neil Fallon, fidèle à lui même, a l’œil complice avec le public, lequel comprend dès lors qu’il va passer un bon moment.
Le groupe est présent pour enregistrer quelques chansons de leur dernier album, Psychic Warfare, unanimement salué par les critiques et le public (il a fini n°1 des ventes d’albums de Rock la semaine de sa sortie aux USA). Ainsi, se succèdent rapidement “X-Ray Visions”, depuis quelques mois le puissant opening de la plupart des dates du groupe, puis “Firebirds”, les excellentes et très groovy “Quick Death in Texas” et “Your Love is Incarceration”, “Doom Saloon”, “Our Lady of Electric Light”, “Behold The Colossus”, avant de finir sur l’intense “Son of Virginia”. Bref, quasiment tout l’album y passe pour notre plus grand bonheur.
Si nous sommes évidemment ravis de pouvoir découvrir ces morceaux pour la première fois en live, nous sommes vite ramenés à la réalité frustrante, le contexte castrateur dans lequel nous devons profiter de l’expérience : debout sur des marches, que nous ne pouvons pas quitter de peur de tomber sur du matériel télévisuel à gros budget, juste devant nous. Impossible de bouger, impossible de se lâcher complètement, et pourtant nous en avions envie !
Pour la plupart des personnes présentes, c’est le premier semblant de musique live depuis plus de deux semaines, depuis qu’elles ont la sensation de risquer leur vie en se rendant à un concert de rock, a fortiori américain. Dans ce contexte, se voir contraint à l’inertie face à la musique d’un groupe aussi communicatif et libérateur que Clutch relevait de la quasi torture. Même le groupe semble quelque peu frustré de la situation, incapable de réellement interagir avec le public pourtant présent pour lui, malgré son aisance habituelle dans le domaine sur scène. Clutch n’est clairement pas un groupe fait pour la télévision et les projecteurs, et tant mieux. En réalité, cette expérience agréable quoique quelque peu frustrante nous aura permis de bénéficier d’un avant goût plaisant de ce qui attendra tous les amateurs impatients le lendemain au Trabendo. Ce 27 novembre, tous les frustrés de la veille et du studio 104, rejoints par de nombreux frustrés de l’étouffante vie parisienne actuelle, ont relâché toute pression.
(à suivre…)
Doc Savage
arrêtez de dire qu’on risque notre vie en allant à des concerts rock, on dirait que nous sommes devenus des héros, des personnes courageuses, prêtes à affronter un danger tapis dans l’ombre alors que nous avons largement plus de chance de nous crasher en bagnole en conduisant beurré ou en croisant un fou furieux…. du coup, une désaffection des salles de concert est train de se produire, comme si les musicos avaient besoin de ça…long live rock’n roll