Colour Haze, My Sleeping Karma, 1er octobre 2013, La Dynamo, Toulouse, France

L’honneur est sauf quand l’on rentre dans la Dynamo, cette sympathique salle toulousaine de capacité honorable… car le remplissage en début de soirée est loin d’être ridicule ! Même si les préventes n’étaient pas au niveau attendu, les toulousains ont su répondre présent et faire de cette soirée une étape réussie supplémentaire de cette mini-tournée prestigieuse sur le papier, mais audacieuse néanmoins : My Sleeping Karma et Colour Haze sont portés depuis plusieurs années par une réputation inattaquable… plutôt dans la partie Centrale du continent ! Leur venue en ces contrées plus occidentales (Ouest, Sud-Ouest de la France, Espagne…) est complètement inédite, et leur fanbase est à construire. Au vu du succès de cette tournée, gageons que l’objectif est bien parti pour être atteint et que le reste du continent est prêt à succomber…
On commence la soirée avec Aerisian, un trio que l’on présume local, qui n’apporte pas grand-chose à la soirée si ce n’est lancer l’activité du bar. Les trois gaillards, assis sur des tabourets, enquillent des compos à trois guitares sèches. Pas inintéressant en soi (y compris un dernier titre presque épique dans sa structure et son interprétation) mais pas non plus une entrée en matière appropriée à l’ambiance développée par nos têtes d’affiche.


Ce n’est que lorsque MY SLEEPING KARMA monte sur scène que les affaires démarrent donc vraiment. La montée se fait très progressivement avec le désormais habituel « Pachyclada », un titre lent, inspiré et juste catchy comme il faut. Il n’a pas suffit de plus pour emporter le public, et le sentiment est partagé, puisque dès lors les sourires s’imposent sur les visages des musiciens. La scène est de petite taille (et le kit de Steffen est posé devant celui de Manfred, le cogneur de Colour Haze, ce qui restreint encore un peu la surface) mais le groupe s’en accomode, et les musiciens évoluent dessus sans obstacle : ils vivent étroitement leur musique, comme une sorte d’osmose entre eux trois – clairement les échanges scéniques se font uniquement dans le cadre du trio guitare-basse-batterie, le claviériste (aussi essentielles que soient ses nappes sonores dans la musique du groupe) faisant son truc de son côté. Il suffit d’un clin d’œil, d’un sourire, d’un hochement de tête pour qu’ils se plongent dans un break ou ne se rattrapent au branche après un petit passage modestement jammé. C’est beau à voir ! La set list verra défiler sur l’heure de set les meilleurs titres de toutes leurs productions (puisqu’ils remontent jusqu’à leur première sortie, notamment avec le désormais classique « Glow 11 » et ses violentes montées en puissance). Les sourires sincèrement reconnaissants vis-à-vis d’un public de connaisseur sont omniprésents, et Matte n’hésitera pas à s’adresser autant que possible aux spectateurs dans leur langue d’origine, un effort louable ! Une belle claque en tout cas, pas la première avec le groupe.


Quand COLOUR HAZE prend place sur scène (après un court intermède), l’ambiance reste la même dans le public, en moins « animée » peut-être, la musique du second groupe allemand ce soir étant un peu plus introspective dans son approche, plus largement planante, même si les passages plus incisifs et rythmés ne manquent pas. Il faut dire aussi que l’attitude scénique de nos trois lascars laisse un peu pantois quand on les voit pour la première fois. Par politesse, on passera sous silence la posture de Philipp à la basse, faisant passer les concerts de Brant Bjork & the Bros pour un concert de Dillinger Escape Plan… Le gars ne bronche pas, planté immobile sur ses deux pieds. Au final, on aura néanmoins du mal à valoriser son collègue cordiste Steffan, qui n’est pas beaucoup plus animé derrière sa guitare : pieds nus derrière son rack de pédales d’effets, le bonhomme au visage largement dissimulé par sa chevelure « Tahiti Bob » ne lève que rarement la tête pour s’enquérir du ressenti du public. Mais au final, on aurait du mal à le critiquer pour sa posture : d’une part, il assure des lignes de gratte absolument remarquables : rythmiques, soli, breaks maîtrisés, impros impeccables… il abat à lui seul une quantité de boulot remarquable. Et par ailleurs, le bonhomme est complètement immergé dans l’ambiance musicale qu’il tisse avec ses potes. Avec un design visuel scénique inexistant (quasiment pas de light show, rien de décoré), pas plus de dix mots adressés au public dans toute la soirée, tout est clairement orienté sur la musique, et rien ne s’en dévie, jamais. Et du coup, portés par une qualité de riffs et de compos effectivement inattaquable, l’adhésion se fait assez vite. Les gars ne sortent jamais de leur trip, et enquillent les titres sans effort. On notera un all-star man de l’ombre, avec un batteur impeccable, qui alterne sans efforts des styles de frappe tantôt jazzy, tantôt bluesy, tantôt heavy… Je préfère ne pas m’engager sur la set list pratiquée, ayant été contraint pour motifs personnels de quitter la salle aux alentours de minuit, après déjà plus d’une heure d’un set qui ne semblait pas près de s’achever, devant un public ravi, qui n’en demandait pas tant, et qui aura passé une fichtrement bonne soirée.

Laurent

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