DESERTFEST Belgium 2024 – 18 au 20 octobre (Fu Manchu, Conan, Monolord, Black Tusk et bière gratuite) – Anvers (Belgique)

En place depuis quelques années maintenant, les Desertfest ont atteint leur rythme de croisière. Pas d’expansion en vue, surement pas une réduction, la version belge qui se déroule à Anvers ronronne tranquillement chaque année avec une organisation bien rodée, un nombre de groupes stable et un public fidèle. C’est donc en terrain connu que j’arrive sur site sans trop galérer. Sur la grosse quarantaine de groupes qui vont tout donner ce week-end, j’en ai coché six à ne louper sous aucun prétexte. Pour le reste, on se laissera surprendre et on picorera par-ci par-là.

Niveau organisation, c’est comme à la maison pour celles et ceux qui y sont déjà venus : espace restauration en extérieur (qui bénéficie d’une météo clémente cette année), les stands habituels (un peu cher mais on mange correctement et c’est assez varié). L’ambiance est excellente et on y croise très régulièrement des membres des groupes qui sont très disponibles, de même qu’aux stands de merch puisque c’est souvent eux qui aident pour la vente. Petite remarque, trois stands tenus par des frenchies sont sur place, ce qui est un beau score : Ink to the Void, Jo Riou Graphic Design et Headbang Design. Globalement l’inflation a été sympa puisqu’on retrouve des prix comparables à 2023. 10/15 € le CD, 25/30 € le vinyle et 20/30 € le t-shirt. Il n’y a que Fu Manchu pour se démarquer des autres avec 20 € le CD et 40 € le vinyle. Stand que je n’ai vu du coup jamais pris d’assaut.
Et la musique dans tout ça ? On vous résume ce gros week-end en trois séquences, une par salle du Trix.

 


VULTURE STAGE

 

Digne du bar d’à côté de chez vous, cette scène ridiculement petite (100 personnes approximativement) est réputée pour être le théâtre de shows intenses et surprenants de groupes de trous horizons. Red Sun Atacama, Yawning Man, Slomosa, 1782, Lo-Pan etc… La liste est longue des groupes qui y sont passés. Endroit privilégié si vous vous y prenez assez en avance pour vous placer, vous avez le groupe à portée de main.

Cette année j’ai un peu négligé cette scène, faute à une programmation plus intéressante sur les autres scènes et aussi à quelques choix malheureux. Je profite tout de même de DAEVAR qui assure avec son (c’est eux même qui le disent) doom grunge assez efficace. Pardis Latifi au chant est très convaincante. Un groupe à surveiller et que l’on pourrait bien retrouver sur une plus grande scène rapidement. KARA DELIK est un trio très surprenant dont la guitare est remplacée par un saz (sorte de luth à manche long). Apparenté Krautrock, les Allemands délivrent une prestation intéressante et dépaysante. GIAC TAYLOR captive moins avec une performance maîtrisée, peut être trop. Les Anglais de RITUAL KING quant à eux s’assurent quelques nouveaux fans ; le groupe bénéficie de l’annulation de Gnome (on en reparle plus tard) et donc de nombreuses personnes se regroupant à cet endroit (rapport au bar, on en reparlera aussi).

Dans la série des mauvais choix, j’ai loupé RUFF MAJIK. C’est totalement idiot car il avait annulé l’année passée et je l’avais déjà regretté. Mais voulant jeter un œil sur le début de Scorpion Child (je n’aurai pas du) et voir Messa (je n’aurai pas du), j’ai juste le temps d’entendre de loin la fin de leur set qui avait l’air de poutrer totalement et dont le bouche-à-oreille me laisse à penser que j’ai loupé un gros truc.

Bref la Vulture a tenu ses promesses avec du dépaysement, du sauvage, du maitrisé et un public ravi.

 


CANYON STAGE

 

REZN

REZN

Officiellement 432 spectateurs de capacité. Il y a quelques années, la sécurité empêchait de monter lorsque le quota était atteint et il fallait soit prendre de l’avance, soit attendre que certains sortent. Depuis quelques éditions, c’est open bar. La salle est donc souvent blindée et c’est aussi difficile d’y entrer que d’en sortir. Il faut dire que la réputation de cette scène n’est plus à faire et 2024 ne fait pas exception avec des shows de grandes qualités devant un public comblé et souvent transcendé.

REZN

REZN

Les Américains de REZN par exemple délivrent une performance atmosphérique, maîtrisée et planante. Pas forcément ce que je venais chercher mais assurément le public est transporté vers d’autres contrées et se laisse envouter par une très bonne performance.

 

 

 

RAGING SPEEDHORN

RAGING SPEEDHORN

RAGING SPEEDHORN m’ont vraiment surpris. J’ai toujours eu du mal à les situer tant leur discographie est variée (et aussi inégale). Mais je n’avais pas pris la mesure que le groupe avait viré hardcore. Alors oui j’exagère, mais la performance délivrée pour clôturer le premier jour du festival était plus qu’énergique. Les deux chanteurs bougent sans cesse, sautent, vraiment on se croyait à un show de hardcore new-yorkais. Le public est en feu dès le premier titre et le groupe ne s’économise pas une seule seconde. Grosse performance.

 

 

 

 

 

 

 

 

Beaucoup de monde (curieux surement) est là pour voir DELVING. Car avec Nick DiSalvo de Elder comme tête pensante du projet, sûr que ça attire les fans. Pour simplifier, Nick DiSalvo a créé Delving pour y exploiter les idées musicales non compatibles avec Elder. Et comme le projet a trouvé un écho positif, il a monté un groupe pour défendre en concert les compos. On tourne donc sur des instrumentaux psychés à souhait et on se trouve clairement sur le haut du panier. C’est hyper qualitatif et très bien interprété.

NORNA

NORNA

Norna et Morne se suivent le dimanche après-midi sur la Canyon. Les premiers sont suisses, les seconds américains. Ils ont en commun que je ne les connaissais pas et que, captivés par leur prestation, je suis resté jusqu’au bout (au risque de louper le début de Black Rainbows).

NORNA tout d’abord avec un sludge metal bien puissant. Le trio donne une prestation brutale et sans artifice. Puissant et sans concession, on se laisse captiver par des riffs lourds et hypnotiques accompagnés par une batterie et une basse qui tabassent dans les règles. Excellente prestation, vraiment excellente.

MORNE

MORNE

 

 

A peine le temps de se remettre que MORNE, quatuor de Boston, vient passer la deuxième couche. Que c’est solide ! Non seulement j’ai été surpris par de très bons titres mais en plus l’interprétation était de haute volée. Impossible de ressortir de ce concert sans avoir été conquis ou tout du moins intéressé. Très bonne découverte encore une fois sur la Canyon.

 

 

 

 

Je disais plus haut regretter de n’avoir pas vu Ruff Majik. La faute en partie à la curiosité de voir MESSA. Erreur pour moi car je n’ai absolument pas été intéressé par leur performance. Sans entrer dans les détails, leur musique ne me parle pas vraiment.

INTER ARMA

INTER ARMA

Cependant, chroniqueur que je suis, je ne peux que constater que le public a l’air totalement pris dans le trip. J’ai eu d’excellents retours sur leur performance après le concert et clairement la prestation était très bonne.

Idem pour la clôture du festival, INTER ARMA. Je ne vais pas dire que j’ai détesté, ce serait exagéré, mais on ne m’y reprendra plus. Dernier show du fest, je suis resté jusqu’au bout mais vraiment ce fut difficile. Mais là encore, sans la moindre hésitation, le groupe a totalement achevé le public et retourné la Canyon. Il serait de mauvaise foi de prétendre le contraire. Donc sans juger la musique qui ne m’a pas plu, la performance était sans aucune réserve puissante et assez dingue. Le groupe qui clôture le festival  donne souvent un concert dantesque, Inter Arma respecte la tradition.

 

 

 

 

 

 


DESERT STAGE

 

BLACK TUSK

BLACK TUSK

Enormes show, grosses déceptions et anecdote improbable. Voilà le programme de la grande scène pour l’année 2024.

Premier jour, j’enchaîne Black Tusk et Russian Circles. Que du bonheur. BLACK TUSK était clairement dans mon top 3 des groupes pour lesquels je suis là. Le groupe ouvre avec “Brewing the Storm” forcément, juste parfaite pour débuter. Et là c’est déjà la claque avec un gros son bien équilibré et puissant. Un tiers de la setlist défend leur dernier album en date, The Way Forward, et le reste pioche dans les anciens albums (pas tous malheureusement) pour un set bien dosé et sans pause. Le sludge à son meilleur niveau défendu fièrement par le combo américain au top de sa forme. Le public est réceptif, l’accueil est chaleureux, un excellent concert.

RUSSIAN CIRCLES

RUSSIAN CIRCLES

Une heure après, on poursuit au même niveau de perfection scénique avec RUSSIAN CIRCLES qui pioche dans presque tous ses albums pour un concert très convaincant. Chaque membre du trio est captivant à regarder. Très appliqué, le groupe interprète parfaitement leurs compositions en y insufflant ce supplément d’âme indispensable à tout bon concert. Là encore le public est hyper réceptif et les applaudissements généreux. Le son est excellent malgré, c’est typique de cette salle, un niveau de basse un peu élevé. Mais c’est un détail tant la prestation est de haut niveau.

 

 

 

 

 

 

 

VALLEY OF THE SUN

VALLEY OF THE SUN

Deuxième jour, je reste un peu sur ma faim avec VALLEY OF THE SUN. C’est très clean, peut être trop et je ne reste pas jusqu’au bout (je vais voir Kara Delik sur la Vulture).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BIRDS IN ROW

BIRDS IN ROW

BIRDS IN ROW remet les choses en place avec un set stratosphérique qui finira dans le top 3 des shows du festival pour un paquet de fans à n’en pas douter. Honte à moi, je ne fais pas le show en entier pour aller manger et être fin prêt pour l’enchainement Conan, Monolord, Fu Manchu. Les trois sont tellement bons que j’en loupe Causa Sui que j’avais pourtant l’intention de voir quelques minutes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Trois ambiances, trois styles différents mais surtout trois concerts fabuleux. Les Anglais de CONAN placent la barre très haute avec une concert magistral. Maîtrise totale des morceaux, visuel très bien trouvé et public totalement conquis dès le début. Ceux qui ont découvert le groupe ce soir-là ont dû se prendre une énorme claque et ressortir de là abasourdis. Ça tabasse totalement mais avec l’art et la manière, la précision d’un chirurgien au service de la puissance d’un bulldozer.

 

 

MONOLORD

MONOLORD

Direction la Suède ensuite avec MONOLORD qui va donner au public exactement ce qu’il est venu chercher, une énorme dose de puissance. Pas un seul bémol à émettre sur leur prestation bien au contraire. Et, à titre personnel, l’interprétation majestueuse de “Empress Rising” est le meilleur moment du festival, sans hésitation. Ces mecs ont la faculté de vous transporter ailleurs avec une Doom Metal hypnotique et d’une qualité rare. L’un des meilleurs groupes de la scène actuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

FU MANCHU

FU MANCHU

 

Que serait un festival comme le Desertfest sans ses tauliers, les piliers présents depuis des dizaines d’années dans notre paysage musical ? Cette année c’est Monster Magnet et Fu Manchu qui s’y collent. Le premier nous fera faux bon, le second déchirera tout.

 

FU MANCHU entre sur scène devant un public conquis d’avance et ressortira en n’ayant fait aucun déçu, chose certaine. Les californiens nous ont offert un show estampillé Fu Manchu pur jus, sans artifice ajouté, à l’ancienne. Trois excellents titres du dernier album le tout accompagné de classiques indémodables : “Eatin’ Dust”, “Hell on Wheels”, “Evil Eye” ou encore “Mongoose”, “King of the Road” et même un “Boogie Van” en rappel. A chaque fois le public jubile et accompagne le groupe avec des applaudissements, du chant, des cris et de la joie plein les yeux. Fu Manchu, c’est l’assurance d’un super show et c’est exactement ce que l’on a eu. Le public ne s’y trompe pas et réserve une ovation mille fois méritée après un excellent concert.

 

 

 

BLACK RAINBOWS

BLACK RAINBOWS

Que retenir du dernier jour sur la grande scène ? Pas grand-chose ma foi, mis à part un concert énergique et particulièrement bon de BLACK RAINBOWS. Il faut dire que le groupe aime le festival puisqu’ils ont même sorti un album live de leur prestation de 2021. Gabriele Fiori est vraiment très bon et c’est un plaisir de le regarder jouer. Ce mec a le mojo total une guitare à la main et il a un feeling immense. Le groupe délivre une prestation de qualité et le public ne tarde pas avant d’applaudir généreusement chaque fin de titre. Très bonne prestation du combo italien qui reviendra à n’en pas douter lors d’une prochaine édition.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

STONED JESUS

STONED JESUS

Et c’est à peu prêt tout pour ce dernier jour sur la mainstage. Pour moi SCORPION CHILD est une erreur de casting et j’ai tenu un titre et demi.

STONED JESUS en tête d’affiche de dernière minute a fait le job mais ça reste un peu juste pour clôturer la grande scène après trois jours.

 

 

Et puis il y a le moment hautement WTF improbable du week end : Monster Magnet, tête d’affiche annoncée et très attendue annule quelques jours avant, pas de chance pour les organisateurs qui doivent trouver un remplacement dans un délai très court. Choix discutable s’il en est, ils nous refont le coup de 2023 en annonçant la venue des locaux de Gnome (et Stoned Jesus qui se voit promu tête d’affiche). Pas forcément le bon choix mais surement le seul. Je n’attendais pas spécialement Monster Magnet mais le remplacement par Gnome m’agace un peu. Bref, je décide d’aller porter mes achats CDs dans la voiture afin d’être tranquille et de prendre un peu l’air. Je reviens sur site et là une chose me frappe. Tout le monde a une ou plusieurs bières à la main. Je veux dire, c’est normal en festival d’avoir des bières à la main mais là, c’est différent, y’en a partout, ça me saute aux yeux. Y’a un truc qui cloche c’est clair. Et ce truc, c’est Gnome qui a annulé sa venue à la dernière minutes [ndlr : raison médicale sérieuse pour la femme du bassiste, les nouvelles postées sur les réseaux sociaux sont depuis rassurantes]. Le remplaçant annule ! Les organisateurs sont maudits. Et que décide l’organisation pour éviter le tollé ? De filer la bière gratos à tout le monde pour trente minutes ! A titre personnel, une décision totalement irresponsable mais qui, vu son succès, a dû plaire à 99% des spectateurs présents ! S’ensuit donc une demi-heure hallucinante…

 


 

Voilà donc pour l’édition 2024 du Desertfest Anversois. Une bonne édition mais qui reste quand même un cran en dessous des précédentes. Même sans l’annulation de Monster Magnet, il y avait un déséquilibre sur les trois jours et même global. Mais la qualité des prestations est d’un niveau très élevé et on ressort avec la ferme intention de revenir encore et toujours pour ce festival à taille humaine, loin des énormes machines à fric qui pourrissent la scène metal et rock.

1 commentaire
  • Astroman

    Merci pour ce report, rajoutons pour la Vulture stage le monstrueux concert de Crouch (Bel) et ceux, fantastiques, de Five The Hierophant (Uk) et Green Milk From The Planet Orange (Jp). Effectivement, promesses tenues pour la petite scène cette année encore !

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