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DOOMED GATHERINGS – Jour 3 (Elder, Monolord, Toner Low, Electric Moon,…) – 16/05/2016 (Glazart, Paris)

En ce lundi de Pentecôte, clôturant un week-end du même nom des plus gras, ayons une pensée émue pour Frère Clément qui a eu un empêchement de dernière minute l’empêchant d’assister aux célébrations.
Pour finir en beauté, le line-up du jour aura été (encore) des plus variés et intéressants, entre découvertes, confirmations et bûches bien sûr !
(Et toujours notre compteur de doom, rappelez-vous, nous en étions à 15)

 

CAROUSEL

Pour bien commencer un troisième jour de festival, il est important de se ressourcer. Pour ça les gars de Pittsburgh ont de quoi réveiller les troupes, avec leur hard rock teinté de heavy. Tout y est, on fait un bon d’une trentaine d’années en arrière et l’énergie du quatuor fait mouche. Pas grand chose de doom (16) là-dedans mais vu qu’on est loin d’être fermé d’esprit on se laisse emporter aisément par l’énergie du groupe. Rien de bien original certes mais une implication sans faille, qui nous offrira un réveil matin des plus agréables.
Palme d’Or du Rock ‘n Roll.

 

DDENT

Après s’être ressourcés, il est important de se replonger dans une ambiance plus en adéquation avec l’intitulé du festival. Pour ça les gars de Paris ont de quoi assombrir le ciel du Glazart, mâtinant leur post-metal d’éléments industriels et une façon de mener ses compos vraiment intéressante. Fonctionnant par vagues, le trio prend son temps pour entremêler ambiances chaloupées et montées d’adrénaline. Les locaux vont faire glisser progressivement la salle dans leur monde, menés par un guitariste visiblement complètement dans son trip, tatoué de (presque) partout et empêchant à lui seul le côté rédhibitoire que peut revêtir une musique intégralement instrumentale. Mariant riffs, effets typiques du genre parfois balancés au clavier ou encore passages tout en arpèges et en délicatesse. Le tout sans interruption, chapeau. La section rythmique est riche elle aussi et les franciliens nous ont mis une belle claque. A surveiller de très près.
Palme d’Or Instrumentale.

 

CHAOS E.T. SEXUAL

Après s’être replongés dans l’ambiance, il est important de s’enfoncer dans les méandres de la noirceur. Pour ça les gars de Paris ont de quoi embarquer le Glazart avec leurs projections exécutées en live et leurs machines qui remplacent le batteur. S’il est toujours inhabituel de voir dans ce genre de concert des musiciens derrière un ordinateur, la sauce réussi à prendre, les compos étant bien ficelées et le côté atypique, interloquant au début devient prenant au milieu et destructeur à la fin du set. Un doom (17)-industriel froid et déshumanisé qui aura hypnotisé une assistance perplexe de prime abord mais qui sera rentrée dans la danse au fur et à mesure. Des membres de NNRA, vus deux jours auparavant, sont de la partie, une autre facette d’un monde glacial.
Palme d’Or de la Froideur.

 

ELECTRIC MOON

Après s’être enfoncés dans les méandres de la noirceur, il est important de se réchauffer le corps et l’esprit à l’aide d’une bonne dose de doom (18)-psyché. Pour ça les allemands ont de quoi nous emmener en voyage (autour de la lune). Attendu depuis longtemps au Glazart, le trio va catapulter le public loin de Paris. Le set, composé de deux morceaux/jams immersifs et rondement menés d’une bonne vingtaine de minutes chacun, va passer à la vitesse de la lumière. Ce qu’il vaut mieux quand il faut arriver jusqu’au satellite terrestre en une petite heure seulement. Le jeu de guitare de Sula fait montre d’une maîtrise étourdissante, agençant des parties bouclées gorgées d’effets spatiaux, appuyé par la basse de Miss Lulu, toute en simplicité et en rondeur et soutenue par batterie métronomique de Marcus. Pas décontenancé le moins du monde par un changement de corde forcément inopiné, le trio déroule avec aisance. A joutez à cela des projections fort bienvenues, Electric Moon nous aura offert une belle promenade sans bouger de notre place. Ça valait le coup d’attendre quatre ans…
Palme d’Or du Psychédélisme.

 

TONER LOW

Après s’être réchauffé le corps et l’esprit, il est important de se prendre une troisième dose de Toner Low. Pour ça les hollandais nous écrabouiller puisqu’ils nous ont gardé leur album le plus velu pour la fin. Choix et/ou logique chronologique, le fait est que ce dernier LP, décliné en phases, est un monstre doom (19) psychotropique. Les feuilles de weed de la pochette tournoient sur le drap blanc, et on comprend que le trio est prêt à nous enfumer le cerveau. Pachydermiques, les compos de ce « III » sont d’une lourdeur en contexte live incomparable. On a quasiment l’impression d’assister à un set basé autour d’un seul (gros) riff décliné à l’infini, un peu comme un certain « Dopesmoker ». Véritable massage physique et sensoriel, ce troisième concert va laisser des traces indélébiles sur un public abasourdi qui reste coi quelques secondes avant d’applaudir les courtes pauses entre les titres. Les nombreux vinyles à feuilles vertes fleuriront dans les bras des spectateurs. Remercions Daan, Jack et Miranda pour leur incroyable gentillesse, tout étonnés et heureux de déambuler trois jours durant sur la plage (pas abandonnée) ou devant les concerts. Bénissons l’orga de nous avoir offert ces trois moments uniques et sentons nous privilégiés d’avoir assisté à ces événements déjà légendaires dans l’histoire du doom (20).
Palme d’Or du Jury III.

 

MONOLORD

Après s’être pris une troisième dose de Toner Low, il est important de se préparer pour LA bûche tant attendue du festival. Pour ça les gars de Göteborg ont de quoi laisser des traces indélébiles sur nos nuques. Jouissant d’une cote de popularité grandissante et presque étonnante pour un groupe du genre, Monolord semble être le groupe le plus attendu du week-end, tellement que lorsque les balances sont achevées vingt minutes avant le début du set, pas grand monde ne bouge de devant la scène. A raison, car le trio va (quasiment) nous achever avec ses coups de boutoir dont seuls les groupes du Nord semblent avoir le secret. Son doom (21) sombre, quasiment dépressif, déclenche les sourires d’une assistance qui s’en donne à cœur joie, à la limite du déchirement de cervicales. Étonnant… Partout où ils passent, les suédois ne laissent aucun répit à leur public qui, un peu maso sur les bords, en redemande. On peu même regretter qu’ils ne soient pas montés sur scène plus tôt pour qu’on ait droit à un titre supplémentaire, c’eut été la grande classe. Un son plus qu’à la hauteur, un batteur qui cogne sans retenue, un bassiste qui malmène sa Rickenbacker plus que de raison, un gratteux aux riffs et à la voix possédés et un concert qui s’achève sur un « Empress Rising », véritable tube doom (21), appesanti et rallongé. Thomas, Esben, Mika : merci pour la taloche…
Palme d’Or de LA Bûche.

 

ELDER

Après s’être préparés pour LA bûche du festival, il est important de terminer avec l’un des groupes les plus prometteurs de ces dernières années. Pour ça les gars de Boston ont de quoi clôturer ce festival avec le talent qu’on leur connaît. Pas foncièrement doom (22), pas complètement stoner mais totalement capable et clairement progressif dans l’approche de ses compositions, le trio va éclabousser le Glazart de sa classe et prouver pourquoi c’est lui parachève les hostilités festives. Inutile de rappeler la qualité de son dernier album, une des meilleures offrandes de l’année passée, suite logique et idéale du déjà fameux « Dead Roots Stirring ». En seulement une demie décennie les jeunots américains se sont installés tout en haut de la pyramide. Et pour cause : un guitariste chanteur ahurissant de dextérité, exploitant bien plus que ses six cordes et abattant le boulot d’au moins deux gratteux tout en assurant des parties vocales inspirées même si elles ne sont pas le point fort du groupe. Si on sent bien que le bonhomme semble être la tête pensante et le moteur du combo, derrière ça fait beaucoup plus qu’assurer avec un bassiste plus que souriant, au taquet, et un batteur qui ne l’est pas moins. Peu importe le morceau joué l’effet est immédiat, toutefois « Gemini », le tube, remporte le plus de suffrages auprès d’un public qui chante les paroles et prend grave son pied, et on le comprend. On finit logiquement par « The End », un des rappel les plus réclamé du week-end.

Palme d’Or tout Court.

 

Et bien, ces trois jours furent une sacrée expérience sonore, proposant une palette de groupes variés et bons chacun dans leurs styles. On déplorera juste un léger décalage entre le standing de l’endroit et les tarifs très parisiens pratiqués au bar (pourtant en légère baisse par rapport à d’habitude au Glazart) et sur les food-trucks (différents chaque jour), mais autant de baffes différentes pour un style de niche, ça fait plus que plaisir d’avoir assisté à ça entouré de passionnés. Un gros bravo aux Stoned/Doomed Gatherings (pas simple d’organiser tout ça dans un endroit aussi exigu) et aux groupes qui ont tous (au moins) assuré. Bisous barbus et à l’année prochaine !

 

[Photos : Valérie Girodon]