FREAK VALLEY – Jour 3 (Earthless, Eyehategod, Egypt,…) – 6 juin 2015 (Netphen, Allemagne)

Après une courte nuit de sommeil (ben quoi, vous croyez que ça se monte en un claquement de doigt les petits résumés visuels amateurs que nous vous livrons en plein festoche comme celui de cette troisième journée que vous pourrez revoir en bas de cette chronique ?) de laquelle nous avons eu de la peine à émerger, nous reprenons les mêmes types et les mêmes accessoires pour rallier le même lieu où tout se passe. Nous arrivons à l’heure convenue au Freak Valley après avoir discuté avec un sympathique trio grec qui matait la vidéo que nous avions réalisée le premier jour.

TOMBSTONES

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Nous traversons à nouveau le périmètre du festival (ce qui équivaut à se rendre d’une Main Stage à l’autre au Hellfest) pour aller nous foutre au soleil devant la petite scène vu que toutes les places à l’ombre sont déjà squattées (on en connaît certaines qui auraient mieux fait de s’y rendre depuis le premier jour, mais nous disons ça, nous ne disons rien…). En guise de petit-déj’ (et oui l’horloge du clocher de l’église n’a pas encore sonné les douze coups de midi), c’est les vikings de Tombstones qui balancent du bourrin de grande classe tandis que parmi le public ça déjeune sportivement à la cervoise et que les plus babas désertent rapidement l’endroit pour aller chiller sur les nombreux sièges à dispo encore humides du déluge de la nuit précédente (la pluie a eu le bon goût de n’apparaître que pendant la nuit).

Le trio dispense son doom tendance sludge lent et très lourd avec une certaine pugnacité sur une scène au décorum personnalisé (mais pas franchement mis en avant) : drapeaux frappés du sigle de la bande et mannequins de pestiférés sur les bords. La Ricken vrombit et l’assistance est très réceptive au style qui incite à pratiquer des vas et viens ralentis de la nuque. En prenant un peu de distance, cette petite foule ressemble à une communion d’adeptes des free party au petit matin (mais ce n’est pas désagréable). Tombstones termine son set avec deux nouveaux titres à paraître sur la plaque à venir dont nous nous réjouissons et nous filons direct au merch procéder à l’acquisition de leurs œuvres (en gros nous avons beaucoup aimé si vous n’aviez pas suivi).

VALLEY OF THE SUN

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Le trio U.S. récemment signé sur le label de Truckfighters a pas mal sillonné l’Europe suite à ce coup de boost à leur carrière, et pourtant vos serviteurs n’avaient pas encore eu l’occasion de les voir sur scène. C’est avec une certaine excitation que nous nous apprêtons à voir corrigé ce constat, tandis que les deux américains et le français (c’est Arnaud de Dot Legacy, grand activiste du stoner, qui tient la basse !) montent sur la petite scène au fond du site. Très vite – c’est-à-dire en gros dès le déluge de bûches délivrées par le duo « Hearts Aflame » / « Deep Light Burns » en intro – cette petite structure parallélépipédique noire posée dans l’herbe donne l’impression d’être un peu sous-dimensionnée pour accueillir l’énergie déployée ! Tandis que Ryan à la gratte est tout en puissance contenue, Aaron derrière son kit de batterie est complètement habité, jouant debout, grimaçant et frappant ses fûts comme un goret. Et que dire d’Arnaud, déchaîné, qui court et bondit dans tous les sens… L’école Truckfighters ? A noter que le groupe jouait en République Tchèque la veille et a passé la nuit sur la route : une heure et demi de sommeil en moyenne pour tous les membres du groupe au moment où ils foulent les planches sous nos yeux… le moins que l’on puisse dire c’est que ça ne se voit pas ! Le groupe est là pour défendre son dernier bébé, « Electric Talons of the Thunderhawk », dans lequel il piochera une bonne moitié de sa set list, dont le nerveux « Gunslinger » ou encore un « Sleeping Sand » quelque peu frustrant… puisque le courant alimentant l’ampli de Ryan se coupe brutalement… Surchauffe ? Après quelques minutes de manip un peu frustrantes, le groupe enchaîne directement sur le titre suivant (que votre serviteur n’a pas reconnu – un inédit ?). Sur la fin, Arnaud, intenable, tente d’escalader une colonne d’ampli qui manque de lui tomber sur le râble ! Ayant joué son set le pied sur le champignon, le groupe se retrouve avec un peu de temps, mais alors qu’ils lancent un dernier titre, l’ampli saute à nouveau, signe qu’il est temps d’aller boire une bière pour Ryan, qui est à bout de fatigue et de patience. Bière méritée !

DEAD MAN

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Le rock psychédélique des Suédois sera le premier à être déversé ce jour-là sur la grande structure. Nous nous cassons un peu les bonbons (nous écrivons ça parce que nous sommes des types plutôt bien éduqués) très rapidement durant la prestation du trio qui nous rappelle un peu ce que donnerait une prestation de fin d’année dispensée par des profs de musique. Techniquement c’est très bien interprété, mais ça manque cruellement de couilles ! Une partie de la populace adhère. Il faut bien avouer que c’est un peu dans le trip de l’événement même si ce n’est pas le style qui nous séduit le plus. Ca tombe bien c’est l’heure d’aller bouffer et de dépenser quelques jetons en plastique servant de monnaie locale au Freak Valley (et déformant les larfeuilles).

EGYPT

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A l’image de Valley Of The Sun, nous n’avions pas encore eu l’occasion de voir opérer les rednecks du gras de Egypt sur scène, un terrain de jeu qu’ils affectionnent, si l’on en croît leur réputation. On est un peu inquiet quand même en voyant arriver Robert le camionneur (OK, Aaron, en fait) à la basse et derrière le micro… Le replet quatre-cordiste s’avère finalement être un véritable expert en boucherie (des lignes de basse maousses et gracieuses à la fois, un chant chaud et gras à souhait) et en charcuterie fine (le bassiste se révèle un habile musicien, doublé d’une belle mécanique à groove). Talent musical qu’il partage avec ses collègues (faut voir ces passages guitare / basse en harmonie, du plus bel effet ma belle dame !). Ce qui fait la force de ce combo sur disque nous saute au visage durant ce set excellent de bout en bout : Egypt propose une sorte de gentil sludge typiquement américain, teinté de passages doom de très bon ton, mais chargeant le tout d’une dose de groove qui fait toute la différence. Forcément, le power trio met en avant son unique album dans la set list, même s’il nous semble capter un ou deux inédits dans un set qui ne manque pas de relief (et ce malgré un soleil éreintant). La bière coule à flot pour s’hydrater (question de survie en cas de canicule !) et les cous ondulent lourdement pendant trois quarts d’heure qui passent trop vite.

TUBER

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Après cette incursion au pays des pharaons, le moment est venu de faire plus amples connaissances avec les Hellènes de Tuber qui nous ont été chaudement recommandés par leurs compatriotes croisés plus tôt (se référer à l’anecdote plus haut pour ceux qui lisent en travers et vont se faire tirer les oreilles) ainsi que par les sympathiques membres de Monkey 3. Il faut dire que le style déployé par le quatuor grec n’est pas sans rappeler celui des (pas si) p’tits (que ça) Suisses. Il ne s’agit pas non plus d’une copie conforme et, en live, la puissance est plus retenue ; au final nous sommes dans l’instrumental quelque part entre les singes suisses et Glowsun (les chants en moins).

Plusieurs titres de leur dernière production « Desert Overcrowded » ont été interprétés durant le set du quatuor dont « Firebird », le morceau éponyme ainsi que « The South Will Prevail » nettement plus apaisé par moment que le reste du set. Plutôt visuels, ces Européens du sud ont bien assuré en cette fin d’après-midi à l’heure du ouzo. Véritables stars du genre dans leur pays, Tuber touche plutôt bien leur bille sur scène et contribuent au renouveau de leur scène nationale des plus actives de nos jours. Ce concert a par ailleurs été une excellente liaison dans le running order du jour.

KAMCHATKA

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On avait pris une jolie claque au Desertfest Berlin devant ce trio atypique, dont le talent nous semblait mériter une bien plus grande exposition que la notoriété actuelle du combo. Pas de suspense inutile : le constat reste le même ! Les suédois enjoués proposent toujours un mix original et réussi de rock / hard rock, stoner, blues, avec même quelques plans limite prog, et ce faisant se positionnent dans une « niche » musicale inédite, sans compétiteur. La journée nous aura fait apprécier plusieurs trios de grande qualité, et Kamchatka n’y fait pas exception. Les musiciens, comme souvent dans ce type de formations, sont irréprochables, voire plus ici encore, où le talent de Per Wiberg (Opeth) à la basse, bien aidé par un son rond et chaud remarquable, fait écho à la quasi virtuosité de Thomas Andersson et sa gratte : les soli et jams pleuvent par dizaines, toujours du grand art, surfant toujours sur une base rythmique rutilante. Jamais démonstratif, toujours efficace. Même si le dernier album (sold out dans leur merch, un irritant récurrent durant ces trois jours !) est mis en valeur, à travers notammment le super catchy et toujours efficace « Get Your Game On », la très riche production du groupe est mise à l’honneur via des extraits de quasiment toutes leurs productions. La bonne humeur des musiciens, leur capacité à occuper une scène et à maintenir l’intérêt du public, font de ce set l’un des meilleurs de la journée (comme beaucoup d’autres, c’est vrai).

BUSHFIRE

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La formation teutonne leadée par son chanteur géant et charismatique était dans la place depuis le début des festivités (difficile de les rater). Bien que pas annoncés sur l’affiche du festival, nous avons eu la surprise d’apprendre, lors d’une énième annonce de notre Monsieur Loyal préféré, qu’ils se produiraient en acoustique sur la petite scène avant et après The Vintage Caravan. Le frontman ayant monté la garde sur place durant tout l’après-midi afin que les festivaliers ne profitent pas de cet endroit pour s’affaler comme ce fut le cas les jours précédents, le groupe était prêt à attaquer sitôt les derniers accords de Kamchatka balancés sur la grande scène (et respectivement ceux de The Vintage Caravan pour la seconde partie de leur set).

Cette initiative nous a fait vachement plaisir car le sous-emploi de cette petite scène nous avait laissé pas mal dubitatifs. Pour le second show de leur batteur actuel (le premier étant celui de Berlin chroniqué sur ces pages), le groupe lui a filé une caisse pour battre le rythme, ironise le vocaliste fort à l’aise dans cet exercice de style ; faut dire que le garçon a du coffre. Bushfire a totalement réussi cet exercice de style – notamment en raison du registre étendu de son vocaliste – qui nous fit découvrir unplugged six titres très bien envoyés.

THE VINTAGE CARAVAN

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Le Freak Valley est clairement un festival cosmopolite, et l’on croise dans le public plein de français, des grecs, des italiens, des américains, etc… (et même des allemands !) Ce constat est aussi applicable sur scène, avec des groupes de nationalités aussi diverses qu’australiens, suisses, américains, gallois, suédois, italiens, etc… (et même des allemands…) On peut rajouter l’Islande à la liste, avec les trois jeunes loups de The Vintage Caravan. Fidèles à leur réputation, les jouvenceaux d’apparence fraîchement pubères montent sur scène la bave aux lèvres et le sourire jusqu’aux oreilles ! Leur vision de la scène est fondamentalement FUN ! Et finalement, ça nous convient bien, en cette fin d’après-midi fort agréable. Nouveaux représentants de la vague vintage dans cette édition du Freak Valley, les trois Reykvíkinga se sont fixés pour mission de faire bouger le public du festival aux sons en directe provenance d’une génération qu’ils n’ont clairement jamais connue (leurs parents, à la rigueur ?). Et… ça fonctionne ! Il faut dire que l’on ne peut pas rester complètement insensible à l’énergie foncièrement sincère dépensée sur scène, qu’il s’agisse d’Alexander à la basse (qui court dans tous les sens, saute partout et passe la moitié du set à haranguer le public un pied sur les retours) ou d’Oskar (qui aligne les soli, les poses clichesques de guitar hero… et les grimaces). On a donc le sourire et le concert se laisse regarder sans déplaisir. Musicalement, ça tient la route, même si tout ceci manque un peu d’originalité, forcément. Il n’empêche, des titres comme le très catchy « Expand Your Mind » ou « Midnight Meditation » et son riff très hendrixien, fonctionnent très bien en live. Un bon moment, et un groupe à surveiller dans les prochaines années, alors qu’ils gagneront forcément en densité et en maturité.

CRIPPLED BLACK PHOENIX

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Comme nous sommes loin d’être omniscients, nous ne connaissions point cette formation et comme nous sommes différents (et parfois complémentaires), notre ressenti à l’égard de certains aspects de la prestation a varié. Ces Anglais se pointent en nombre sur scène : une claviériste (et parfois chanteuse aussi), un clavier, un batteur, un bassiste, un guitariste et chanteur ainsi que deux autres guitaristes. Ca en fait du bordel sur scène pour le style musical déployé par ces individus aux parcours musicaux aussi variés qu’intéressants (ça va en gros de Mogwai à Electric Wizard). En tous cas ça a de la gueule avec les drapeaux en arrière-scène et ça commence de très belle manière ; ça débute dans un style à des années lumières de ce que nous avons vu sur scène jusqu’alors durant ces trois jours. Les Rosbifs balancent d’entrée de jeu des joyaux du genre hard pop alternatif : « Rise Up And Fight » qui a quelques années ainsi que « Black Light Generator » tiré de « White Light Generator » sorti l’an passé. La moitié du team Desert-Rock.com est toute excitée alors que l’autre soupire profondément.

Après ce début de concert furieux, le groupe s’enlise dans une pop nettement moins fougueuse ; la superstructure prend l’eau alors que nous évitons définitivement la pluie puisque les nuages menaçants nos frêles constitutions décident d’aller déverser leur flotte un peu plus loin. Mais, revenons à nos moutons : à part avec la construction palindromique « 444 » balancée en fin de set, Crippled Black Phoenix n’atteindra plus l’intensité du début de son concert et finira par lasser le grand nombre en interprétant ses compositions pas inintéressantes, mais clairement pas adaptées à l’assistance.

EYEHATEGOD

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Coincé entre les expérimentations de Crippled Black Phoenix et avant une suite du programme très orientée plans babas psychédéliques, la formation légendaire de NOLA est très injustement programmée en tout début de soirée alors qu’elle a clairement le potentiel artistique – et commercial – de se retrouver plus haut sur l’affiche. Tant pis pour nous ; nous ne sommes pas à une fête consacrée au sludge. Nous ferons donc avec, ainsi que la frange la plus lourde du public qui piaffe d’impatience – et s’imbibe – depuis quelques heures. A peine rentrés aux USA pour quelques dates (entre autres), EHG revient sur le Vieux Continent pour sa deuxième tournée de l’année ainsi que du trimestre.

Avant que les hostilités commencent, notre animateur de festival à lunettes rondes s’en revient – avec une charmante main innocente – pour le tirage au sort qu’attendent les plus joueurs des participants à ce festoche. Les cinq lots – dont la superbe veste pimpée Freak Valley – sont rapidement tirés et il ne reste plus qu’à la mariée aux cheveux rouges (ah oui, nous ne vous avions pas encore tenu au jus : un couple très rock’n’roll a profité de l’occaz pour convoler en juste noce dans ce cadre) procède au traditionnel lancer de bouquet. Nous ignorons si c’était la meilleure idée du monde que de céder à ce rituel en ouverture de cette bande de générés (sur et devant la scène) car au final c’est un bouquet en charpie qui a effectué plusieurs allers-retours entre la scène et la fosse.

Lorsque les vétérans débarquent sur scène, nous sommes interpellés par l’air à la fois clean – il boit de la flotte, un mythe s’effondre –  et terriblement vieilli de Mike Williams ainsi que par les sandalettes de son acolyte Jimmy Bower qui finira d’ailleurs le concert pieds nus. Le reste de la cavalerie sudiste a l’air bien en forme et Gary Mader a l’air nettement moins allumé qu’à l’accoutumé (pas de bouteille de rouge à portée de mains durant les set). Le ton est rapidement donné : ces furieux balancent « Agitation ! Propaganda ! » du dernier opus puis « Lack Of Almost Everything » tirée de « Dopesick ». Le tiercé de tête est complété par le sublime « New Orleans Is The New Vietnam » à propos de leur ville, qui est tiré du single qu’il est lui-même tout seul ; ce titre incroyable ayant rythmé notre fin de semaine nous sommes rapidement à fond alors que nous prenons encore une dernière volée de clichés (disons 250 durant le titre au bas mot). L’heure de jeu est menée tambour battant – une partie de vos serviteurs allant même se défouler un moment dans le pit – jusqu’au final. Ce set connaîtra aussi le premier moshpit avec pogos, circle et autres crowd surfing peu en adéquation avec le style seventies du festival. En guise de bouquet final c’est « Metamphetamine » du légendaire « Dopesick » (encore !) qui est propulsée avec une fin (sans fin) du plus bel effet. Cette première date de la tournée annonce le meilleur pour la suite de celle-ci et nos envies de lourdeur se trouvent comblées (remarquez il y avait intérêt parce que la suite du programme n’allait pas être du même tonneau).

ELECTRIC MOON

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Après avoir pris un panard géant avec les déglingués de NOLA, le décors change radicalement et nous nous demandons pourquoi ce n’est pas Eyehategod qui joue sur les coups de vingt-deux heures en lieu et place du trio instrumental… Electric Moon monte sur scène pour jouer en triangle. La bassiste ainsi que le guitariste se font face de part et d’autre de la batterie ; ces gars jouent donc en grande partie dos à leur public (encore des disciples de Miles Davies). Etonnamment, ledit public se satisfera de cette situation et ondulera tout du long du set de rock psychédélique orienté acide que les Germains dispenseront dans la pénombre.

Un tour au merch (ah ouais, nous n’avons pas carrément goûté au style) nous permettra de constater que les échoppes de bouffe et de productions musicales sont désertes durant ce show ce qui en dit long sur l’affection que porte le public du festival à ce style. L’éclairage très très très minimaliste (à côté Monkey 3 jouaient en plein jour), le manque d’interaction avec le public, le fait que nous n’ayons pas pris des pilules et la fatigue peut-être (mais pas sûr), nous laissent totalement indifférents aux prouesses techniques déployées par la section rythmique incroyable de cette formation des plus populaires dans ces contrées. Il faut dire qu’après les bûcherons admirés plus tôt dans la journée, ces virtuoses interprétant des compos alambiquées et techniquement irréprochables ne parviennent pas à nous toucher.

EARTHLESS

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Difficile de faire plus trippant que leurs prédécesseurs, qui ont apparemment érigé cette compétence en expertise. Sans viser cette extrémité, Earthless apparaît avec le recul comme le groupe idéal pour clôturer un festival à vocation psychédélique comme se veut l’être le Freak Valley. Le groupe a arpenté pas mal de scènes européennes ces dernières semaines pour conclure sa tournée par le headlining du festival, et d’après les rumeurs qui sont parvenues à nos oreilles, il a fait des dégâts sur son chemin. Il ne nous faut pas longtemps pour faire un constat similaire. Bénéficiant d’une mise en lumière encore une fois sur ce festival de grande qualité, le trio sud-californien ne met pas franchement en avant son jeu scénique : Mike Eginton reste debout posté contre le kit de batterie de Ruby Mars, n’adressant que de rares regards ou sourires au public. La robustesse de cette section rythmique repose-t-elle sur cette posture ? Si c’est là le prix à payer, on s’en acquitte volontiers, au vu de la lourdeur de ces nappes de basse et de cette batterie qui oscille entre saccades métronomiques et plans impro limite jazzy. Mais même si cette paire rythmique est essentielle, c’est le « soloing » continu d’Isaiah Mitchell qui suscite le plus d’émotion : les doigts du bonhomme courent sur ce manche non stop jusqu’au bout de la nuit, sous le regard admiratif des musiciens, et hypnotisant les autres dans des grappes de notes aux frontières de l’hallucinatoire. A tel point que les morceaux s’enchaînent dans une fluidité qui nous fait perdre la moindre notion du temps : on entend passer un bout de « Uluru Rock », puis tout se fond et on se laisse emporter… L’alchimie musicale et instrumentale entre ces mecs est hallucinante : ce qui apparaît comme une grosse jam de plus d’une heure est, c’est une évidence, le fruit d’un travail énorme. On termine donc le festival complètement embarqués par ce set impeccable du trio, qui devient de fait petit à petit le groupe référentiel de ce courant musical.

Ainsi s’achève l’édition 2015 du fameux festival allemand à taille humaine. Nous remercions les activistes en charge de cette manifestation à l’identité forte qui a su rester amateur et très familiale. L’expérience vaut vraiment la peine d’être vécue si vous hésitez (même si nous avons assisté à une édition exceptionnelle au niveau météorologique). Nous remercions aussi les formations ainsi que tout ceux qui se bougent les fesses pour que ce genre de manifestations éloignées des grands raouts destinés aux masses continuent d’exister. Enfin nous remercions finalement – et nous excusons d’avance pour les oublis – nos potes francophones croisés dans la place : Glad, Jo, Antoine, Lucho, Paolo, Boris, dB, Kevin, Walter et les autres. A l’année prochaine !

Chris & Laurent

 

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