Glowsun à Anvers, ce n’était pas gagné d’avance. Cà a même failli ne pas se faire. Initialement prévu en compagnie de Gas Giant, le concert était encore incertain à quelques jours de ce que beaucoup considérait comme un événement. Le désistement abusif de nos amis teutons (qui leurs valu par ailleurs de se faire virer illico de Elektrohasch) provoqua un moment l’effroi et le doute, et sans la motivation et la détermination de chacun, le trio du Nord ne serait jamais parti se perdre dans le dédale anversois. C’est finalement Kings of Things to Come qui complétera l’affiche de ce soir au pied levé, tout étant en place pour que Glowsun puisse faire exploser son talent à la face d’un public encore clairsemé. Cà manque seulement d’un peu de lumière, mea culpa.
Le groupe ouvre en douceur avec un long morceau répétitif aux relents psyché qui gagne lentement en intensité. Johan se laisse aller au feeling, brodant autour d’un thème sans jamais trop s’en éloigner. Parfaite mise en bouche qui a l’avantage de ne pas confronter l’assistance a un déluge de notes et de décibels. Le public appâté, il ne reste plus qu’à le ferrer, objectif parfaitement atteint en embrayant avec un « No Way » sur l’intro duquel Fabrice cogne déjà comme si sa vie en dépendait. Et c’est bien là ce qui séduit chez Glowsun, chaque note est jouée avec la même passion par les trois musiciens, il ne s’agit pas seulement de livrer une interprétation correcte, il s’agit de prendre son pied, de se laisser emporter par les morceaux. Ce genre d’attitude est peut-être le propre de tout jeune groupe pour lequel chaque date est importante, mais peu parviennent à avoir une telle présence scénique avec si peu d’expérience. Voir Glowsun sur scène, c’est déjà un bonheur. Après, il y a évidemment leur musique qui brasse probablement un tas d’influences mais qui reste unique, une alchimie entre la section rythmique qui adorent en découdre sérieusement mais lève le pied quand il s’agit de laisser la guitare partir dans des expérimentations contrôlées. Chaque instrument apporte sa pierre à l’édifice, pas de ligne de basse linéaire ou de rythmique binaire mais plutôt un foisonnement d’idées permanent, des morceaux pleins de surprises alternant les passages vaporeux aux riffs efficaces. On ne s’ennuie jamais pendant un concert de Glowsun. On a bien sur droit à l’intégralité de « Lost Love » dont la qualité n’est plus à démontrer. « Inside My Head » synthétise parfaitement les différentes facettes de la musique de Glowsun, une dose de groove, une dose de bidouillages et un gros riff qui déboule pour mettre tout le monde d’accord. Le cas typique du morceau jamais totalement achevé, permettant une marge de progression infinie, laissant la place à l’improvisation. Ce constat est d’ailleurs valable pour l’ensemble du répertoire. Bien que les structures soient relativement complexes, aucun morceau n’est figé, tous sont susceptibles d’être modifiés, rallongés, faisant de chaque concert un moment unique. Les nouvelles compos rassurent complètement quant à la bonne santé créative du groupe, un morceau se distinguant particulièrement par sa rythmique excitante et sa mélodie immédiate. Après une petite heure, le concert se clôt par une improvisation basée sur un riff arabisant du meilleur effet, laissant le parterre séduit et le groupe heureux.
J’éviterai de me prononcer sur la prestation de Kings of Things to Come suivie distraitement depuis le bar. Leur rock alternatif vaguement stoner, très mélodique et parfaitement exécuté mérite qu’on s’y attarde mais paraissait un peu fade après le passage de ceux qui, on l’espère, contribueront à donner ses lettres de noblesse au stoner français.
Jihem