HELLFEST 2009, Jour 3, 21 juin 2009, Clisson, France

C’est le sprint final, et aujourd’hui, ya du matos à l’affiche ! Dès 11 heures du matin (indécent !!), les southern-metalleux de Backstone Cherry montent sur scène. Quelle pêche ! Ces mecs là assurent le show, leur joie d’être là est authentique et plus que tout, ils jouent fort, bien, et toujours avec plaisir ! Rien de transcendant en terme de genre (hard rock sudiste teinté de stoner gentil), mais un super concert. Un groupe sympa sur disque, et à voir sur scène.

S’ensuivent les risibles Adagio (des français qui s’adressent en anglais à un public français ??), et un revival « metal français 80’s » qui s’est avéré, à ma grande surprise, carrément pas ridicule, incarné par ADX et Satan Jokers. Pas mal du tout.
Volbeat prend la suite, super groupe de hard rock « trans-genre » (multi-influences si vous préférez), respirant le plaisir d’être là et de jouer (décidément un point commun des premiers groupes de cette journée). Un peu hors sujet ici, mais excellent, à voir en concert à tout prix. Il faut attendre 2 heures avant de s’immiscer dans la tente « Terrorizer » où Ufomammut commence à faire vrombir les amplis. Le doom psychédélique du trio transalpin démarre calmement et atteint très vite une vitesse de croisière totalement hypnotique : rythme lancinant, gratte lourde mais aérienne, vocaux « filtrés » hantés, bref, ze trip, excellent… Quand tout d’un coup, le son devient un peu trop léger pour être honnête : Urlo se retourne vers son ampli basse pour comprendre, et y voit un grand dadais avec une petite caméra, qui se faisait plaisir à tournoyer autour du groupe comme un imbécile depuis 5 minutes, et qui s’est pris les pieds dans les cables !! Dépité, le groupe et les techniciens entament un long moment de recherche de la panne, de changement de têtes d’ampli, etc… le tout larvé de regards noirs de Urlo, et d’un Poia qui fait de son mieux pour maintenir l’intérêt du public à coups de riffs pachydermiques et d’accords qui trainent en longueur. Mais le son revient, et les mammouths ritals reprennent le droit chemin de nos tympans ravagés, pour cloturer leur set de moins de 3/4 d’heures, bien amputé de 10 minutes… Dommage, un délice.


Une heure plus tard sous la même tente, c’est les anglais de Orange Goblin qui débarquent, et le rythme n’est pas le même ! Le groupe déroule son gros stoner graisseux et détonne un peu par rapport au trip limite hallucinatoire de ses prédécesseurs. Le massif Ben Ward débarque sur scène et la bouffe littéralement ! L’image d’un ogre immense nous traverse l’esprit : il arpente les planches de long en large, va brailler au plus près du public dès que possible (en s’appuyant sur les photographes ou les mecs de la sécurité au passage !), gueule, harangue les fans… Un monstre de scène ! Il faut dire que l’animal a profité à fond de sa journée (et de la précédente, a minima), car on le voyait partout dans les recoins du festival, voir des concerts, depuis la scène, dans le public, etc… Le concert se déroule sans encombre, au grand ravissement des spectateurs, qui en ont pour leur argent. Niveau set list, n’ayant pas eu l’opportunité d’écouter la dernière galette du Goblin j’imagine que les titres que je ne connaissais pas en étaient issus, soit 2 ou 3 titres au minimum, le reste étant pris dans l’ensemble de la carrière du combo. Un très bon moment de concert, grâce à un groupe taillé pour la scène !


Après un petit tour respectivement par Napalm Death (énooorme succès, un pit en folie) et Queensrÿche (nettement plus calme…), le seul et unique choix cornélien de tout le festival se présente à moi : simultanément, à la minute près, jouent 2 de mes groupes préférés, Mastodon et Cathedral… Alors que j’avais prévu de voir un peu des deux, à commencer par Mastodon (de façon à pouvoir photographier les premiers morceaux) puis Cathedral, une décision étrange de Mastodon me fit inverser mon choix : le groupe demande aux photographes du festival (dont bibi) de photographier non pas les 3 premiers titres, comme à l’accoutumée, mais… les 3 derniers ! Il ne m’en fallait pas plus pour courir voir Cathedral, et assister au début du concert.
Les anglais s’affranchissent de toute théatralité que l’on pourrait (à tort) penser attachée à leur genre présumé : un doom assez élaboré, très teinté hard rock 60’s/70’s. Comme tout bon groupe de rock, les zicos débarquent et tombent les premiers accords quelques instants avant que n’arrive le maître de cérémonie, mister Lee Dorrian himself. Encore une fois, pas de fausse prétention ou de posture cérémoniale ici : loin du mythe, le chanteur est là pour chanter et assurer le show, et bien décidé à y prendre un plaisir certain ! Les sourires, grimaces et clins d’oeil ne trompent pas : il y parvient avec un certain succès. Le son est impeccable (notons-le : c’est une constante sur tout le festival, et c’est tout à fait remarquable !) et les musiciens excellents, Dorrian sait s’entourer (surtout le jeune mais percutant Leo Smee à la basse, excellent). J’assiste ainsi aux 4 premiers morceaux, et doit me résoudre, conscience professionnelle oblige (je sais, j’en fais des tonnes, sortez les violons…), à courir à la main stage 2…


En effet, il me reste un peu de temps pour capter la seconde moitié du set de Mastodon. Même si le quatuor n’a pas autant de « bouteille » que les vétérans londoniens, le professionnalisme qu’ils ont acquis en quelques années est simplement bluffant. Que de chemin parcouru pour retrouver nos gaillards aussi imposants sur une scène… La grande force du combo est sa musicalité : finalement bien résumé par son ridicule sobriquet, la musique de Mastodon est énooorme, à la fois fine comme la frappe chirurgicale de Dailor ou les soli de Bill Kelliher, mais aussi massive comme les claquements de basse de Troy Sanders ou les riffs pachydermiques de Brent Hinds. Mastodon est une grosse machine complètement inarrétable, qui nous fait inévitablement penser au raz de marée que constitue un concert de Slayer : même si vous n’aimez pas, vous vous faites écraser. Ce concert ne fait pas exception, ils terrassent tout sur leur passage. Et même si les titres vaguement inspirés stoner du début ont été délaissés depuis quelques années, les nouveaux morceux limites progressifs du combo s’avèrent bien plus efficaces qu’on aurait pu l’imaginer en concert. Une belle claque.


Après le set imparable de Suicidal Tendencies (encore une fois dévastateur, le groupe laisse le public débarquer sur scène sur « Pledge your allegiance » à la fin du set, tout bonnement hallucinant), il est temps de partir sous la tente Terrorizer pour finir de se faire labourer les tympans par les britanniques Electric Wizard. Dans un larsen ambiant de 10 minutes, le groupe monte sur scène dans le noir et… reste dans le noir ! Quelques modestes spots basse tension bleutés ou rougeâtres apparaissent parfois loin au fond de la scène, mais l’ambiance reste super sombre (un régal pour les photographes… Grr). Cette montée en puissance musicale qui fait office de lancement au concert applique un effet remarquable de « pénétration » dans l’univers du quatuor : on rentre « de force » dans le doom des anglais, pris de manière irréversible dans les mélopées ennivrantes de ces nappes de grattes sous-accordées et de basse vrombissante, le tout joué à deux à l’heure. Sortons du cliché quelques instants : le groupe sait appuyer sur la pédale d’accélérateur occasionnellement, pour sortir le public de sa moite torpeur notamment. Mais plus généralement, les morceaux s’enchaînent sans pause, par des transitions habiles qui maintiennent une tension ambiante délectable. Jus Oborn use occasionnellement du micro pour hurler quelques vocaux bien sentis, mais plus généralement c’est au fond de la scène que les zicos se concentrent sur leurs instruments pour en faire sortie des notes abyssales et techniques. Un trip d’une heure absolument remarquable, dont on a du mal à sortir…


Pour se détendre un peu et se réveiller avant de quitter le festival, on va voir les agités de Hatebreed (qui ont un peu de mal avec leur hardcore très carré et professionnel à être aussi efficaces que les vétérans de Suicidal) et Manowar. Je me réserve de commentaires sur ces derniers, je sais que c’est le trip de certains ! Les goûts et les couleurs… Il est temps de dire au revoir au site de Clisson, à l’organisation impeccable de ce festival (pas une minute de retard sur le moindre concert en 3 jours et une centaine de sets !!!), à son public bon-enfant, à son ambiance ouverte et accueillante (la quantité de genres musicaux abordés !!)… et surtout à sa palanquée de concerts impeccables, avec des groupes sélectionnés dans le haut du panier pour tous les genres. Et en ce qui nous concerne, une affiche pour fans de stoner absolument inratable. S’ils assurent autant l’an prochain, on y sera !!! Merci le Hellfest !

Laurent

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