HELLFEST 2010, Jour 3, 20 juin 2010, Clisson, France

JOUR 3 : 20 juin 2010
[Rappel : Pour ne pas choquer les puristes, les chroniques des groupes stoner ou assimilés sont en blanc, les autres en gris…]

On arrive tôt sur le site pour ne rien rater de cette journée fortement dosée en stoner ! En réalité, on y est forcé, étant donné que les personnes en charge de la programmation ont collé Omega Massif avant 11h ! Le temps du trajet et d’une arrivée un peu chaotique, on n’entend que les dernières basses fréquences du combo allemand, qui embrase les tempes d’une Terrorizer tent déjà correctement remplie par les fans de stoner, qui ont bien prévu de rester là une bonne part de la journée ! Une prestation sympa, dont je ne vois que la fin.

Le temps de changer le backline, je vais faire un tour voir les rigolos death metalleux de General Surgery sous la tente Rock Hard. Grimés en chirurgiens ensanglantés, le quatuor est rigolo, mais peu intéressant musicalement (en ce qui me concerne…).


Mais heureusement, je ne rate pas les cultissimes SOLACE, l’un des groupes qui justifiaient à eux seuls d’être présents ! Les retrouver si tôt dans la journée, aussi bas sur l’affiche, relève en revanche de la plus grande aberration. Quel gâchis pour ce groupe culte ! Pas de quoi gâcher notre plaisir d’être là néanmoins. Le groupe américain, ayant atterri en Europe la veille, n’y prête aucune attention : ils sont là pour dérouler leur meilleure musique, sans retenue. Et le déluge de stoner coule des amplis pendant 30 minuscules minutes, mais dont le groupe profite à fond pour composer un set splendide. Ce dernier pioche un peu dans « A.D. », la récente galette sortie chez Small Stone, mais aussi dans les sorties plus anciennes. Tandis que Tommy Southard et son look totalement improbable (short en jean, chaussettes multicolores…) assure la quantité syndicale de riffs sur un concert de cette trempe, Rob Hultz se la joue « bass hero » en larvant la musique du combo de ses lignes de basse infectieuses. Jason au chant assure, sans pour autant monopoliser la place de frontman, un rôle partagé par l’ensemble des zicos. Superbe set, qui nous donne la banane pour le reste de la journée.

Alors que la tente Terrorizer est dédiée au stoner pour toute la journée, on ne peut qu’être dubitatif sur l’ajout de quelques groupes qui viennent « perturber » l’ambiance qui règne dans ce public d’aficionados. C’est le cas de 16, qui même s’il garde un esprit très sludge, détonne quand même en prenant la suite du super culte Solace. Cris, son chanteur, est clairement la pierre angulaire de l’édifice, avec son physique de bagnard condamné à perpète, il arpente la scène de long en large, vomissant ses tripes sur chaque titre de ce set pêchu, et finalement plutôt sympathique !


Je dois m’absenter du site un moment, ce qui m’empêche de voir Black Cobra, pour un set qui apparemment a laissé des traces très positives dans l’assemblée. A revoir vite !
Retour au sludge avec WEEDEATER, des anciens Buzzov-En bien entamés du bulbe. Complètement barré sur scène, Dixie Collins vomit ses vocaux en grimaçant comme un débile consanguin, danse comme un hillbilly, le tout en assurant ses parties de basse. Son duo avec le batteur déjanté Keko (dont le kit est posé juste au bord de la scène, initiative intéressante !) assure le spectacle. Les titres bien catchy et accessibles du trio cartonnent, et Nick Oliveri, qui est arrivé sur le site un peu plus tôt, s’éclate pendant leur set sur le bord de la scène. Excellent.

De manière encore un peu incongrue, le metal sludgy de RWAKE prend la suite, mais leur son plus froid, plus métallique, et globalement leur sérieux à toute épreuve, refroidissent quelque peu notre état d’esprit… Ca casse un peu l’ambiance, même si la musique du combo tient la route et que son set est pro et efficace. A leur décharge, le public accroche pas mal !


La « seconde journée » commence enfin pour une série de concerts que tout fan de desert rock se doit de déguster d’affilée… Premier débarqué de Palm Springs, YAWNING MAN monte sur une scène dénuée du moindre artifice… Une scène que le trio (dont Mario Lalli n’assure pas la basse, snif !) a du mal à occuper ! Un peu gauches, les musiciens se regardent, plantés droit comme des « i » pendant tout le concert… Pas vraiment des bêtes de scène ! Gary Arce tourne presque le dos au public pendant tout le set, et le nouveau bassiste est concentré sur son manche (!!). On a trouvé un concurrent au concours des plants de tomate (private joke « desert-rock.com »)… Alfredo Hernandez, lui, flanqué de son habituel casque sur les oreilles, assure sa frappe métronomique avec concentration et sérieux. Musicalement, rien à redire en revanche : aussi concentrés que sont les zicos, ça joue bien. En revanche, le public, qui vient de bouffer du sludge-core-bidule, a un peu de mal à adhérer complètement au set un peu trop calme du combo. Bref, pas au bon endroit, ni au bon moment ! Probablement pas un groupe de festival… Pas franchement une réussite. Aujourd’hui plus que jamais, le groupe porte parfaitement bien son nom (je laisse les non-anglophones traduire…).

Changement de ton avec MONDO GENERATOR qui déboule sur scène avec « Fuck You I’m Free » et débite directement quelques pépites qui remettent les cases en place. Les fans se réveillent très vite et les connaisseurs dégustent une set list virulente et superbement exécutée, composée des morceaux les plus rentre-dedans du père Oliveri, de Mondo Generator surtout (de mémoire « Shawnette », « All the way down », « JR High Love »…), auxquels se greffent assez naturellement les titres les plus « Oliveri-esques » de Kyuss et QOTSA, of course. Oliveri agit en leader naturel du trio : vocaux impeccables, basse bien saturée omniprésente, attitude, hurlements… Nick est en grande forme ! Ses comparses, issus d’un combo australien apparemment, assurent bien : ça joue, ça a la pêche, ça sourit et ça donne le sourire ! Excellent, et trop court ! Un des points forts de la journée.


Pour finir cette séquence de concerts qui fleure bon le sable chaud, qui mieux que Mister Cool himself pour prendre la scène ? Tandis que mes collègues de Desert-Rock ont pu le voir récemment, et notamment depuis son récent changement de line-up, j’en étais resté à l’image d’un combo scéniquement amorphe, qui aurait pu ré-activer la torpeur dans laquelle Yawning Man avait plongé le public un peu plus tôt… Quand BRANT BJORK & The Bros montent sur scène, le doute n’est plus permis : désormais, en live, le groupe assure sur tous les aspects ! Musicalement, c’est impeccable. Manifestement, Brant a été prévenu avant de monter sur scène : le Hellfest, c’est un festival de métalleux ! Il axe donc son set autour de certains de ses titres les plus nerveux et les plus rock, ce qui ne l’empêche pas de déborder de groove et de cool attitude… Les musiciens sont à fond dedans (bon sang, ça change de notre souvenir il y a quelques années !), ils se la donnent, et Brant lui-même sourit, blague, entâme des pas de danse pour le moins décalés, grimace… Superbe concert et gros succès dans cette tente toute acquise à la cause stoner…

La suite des événements s’annonce plutôt « décalée » sous cette tente, on va donc un peu voir la lumière du jour, notamment sur la main stage pour zieuter (comme Nick Oliveri, qui sourit comme un gamin sur le bord de la scène !) Motörhead. Perdu au milieu d’une main stage énorme (du fait du matériel prévu pour le set de Kiss…), Lemmy est un peu amorphe, super statique, planté derrière son micro, et Phil Campbell daigne à peine parfois s’approcher du bord de scène pour venir sourire au public… Un peu léger pour un groupe de cette trempe ! Après, impossible de cracher sur cette prestation sans faille et sans temps mort, qui enchaîne les classiques comme personne.

Dans la même veine, Slayer prend la suite du trio : le quatuor se plante sur la scène et n’en bougera quasiment pas. Que la boucherie commence ! Slayer sur scène, en festival notamment, c’est un peu le marronnier : toujours pareil, toujours le même effet imparable. Quelques morceaux récents (« Jihad ») côtoient une montagne de classiques à l’efficacité éprouvée. Le public est à fond, tandis que le groupe, à son habitude, reflète bien l’idée de « la force tranquille » : une machine de guerre an mode « auto-pilote », en quelque sorte. Implacable, une mécanique bien huilée, sans accroc. Sacrée baffe, comme d’habitude… mais on s’y habitue, justement !

Du coup, on revient vers la Terrorizer tent au milieu de Slayer pour assister à la fin du set apocalyptique de Dillinger Escape Plan : les déjantés ricains évoluent sur une scène noyée dans la pénombre, déchirée de spots speedés et de stroboscopes jaunes et blancs. Et sur cette scène, les zicos courent dans tous les sens, crient, montent sur les retours, sautent, se roulent par terre… si on cligne des yeux un instant on les perd de vue ! Le très musculeux Greg Puciato en tête (qui court dans tous les sens, hurle dans son micro, et escalade les poteaux, murs d’amplis, etc…), le groupe se donne à 200%. Musicalement, c’est bien gaulé, mais peu mélodique : saccadé, froid, rêche, les compos du groupe vont droit au but. Une sacrée expérience !

Passé ce moment de poésie pure, et avant de clôturer le festival en apothéose, on va jeter un œil au début du set de KISS, groupe le plus attendu du festival. Quoiqu’on pense du groupe musicalement, force est de reconnaître que leur set est taillé pour le spectacle : maquillages, costumes, plateformes hydrauliques dans tous les sens, écran monumental en fond de scène, explosions, lights surpuissantes… Pffou, un autre monde ! 20 minutes, et il est temps de passer à autre chose…


En effet, John Garcia, sous sa configuration GARCIA PLAYS KYUSS se prépare à monter sur scène sous la Terrorizer. De manière toute à fait emblématique et hautement symbolique, le set commence par un titre instrumental de Kyuss, « Asteroid », avec uniquement sur scène les 3 musiciens néerlandais qui épaulent le chanteur sur cette tournée. Le message est clair : Kyuss, c’est avant tout la musique, et seulement « entre autres » une voix. Cela remet les choses en places pour ceux qui croient le bonhomme présomptueux et doté d’un ego démesuré ; il est en réalité modeste et reconnaissant. Garcia débarque donc sur scène sur le 1er titre, « Thumb ». Pas l’entrée en matière la plus directe, mais très vite le ton est donné par l’intermédiaire d’une succession de classiques (« One Inch Man », « Hurricane »…). Et puis alors que le feeling commence à bien prendre progressivement, on remarque que même si la magie de Kyuss est irremplaçable, on prend un sacré plaisir à écouter ces titres. Et on n’est pas les seuls : le public est incandescent ! La tente est d’ailleurs ultra-bondée… Instrumentalement, ça joue bien, voire techniquement très bien. Certes, le son de basse rondouillard et ronflant de Scott Reeder est ici plus clair et carré, la guitare graveleuse et aérienne de Homme paraît plus acérée et claire… Mais les chansons sont là, les musiciens très compétents, et Garcia se donne à fond derrière ces (ou plutôt « SES ») titres, au top vocalement de ces dernières années. Alors que l’on commence à sérieusement prendre notre pied, arrive un moment que l’on attendait tous (et qui a été improvisé quelques instants plus tôt backstage), alors que Jacques de Haard cède sa place de bassiste à Nick Oliveri ! Le groupe entame « Freedom Run » sous cette configuration, avec un Oliveri presque timide, évoluant sans micro dans son coin, « presque » concentré sur son jeu de basse… Frissons renforcés quelques morceaux plus tard quand Oliveri garde le poste de bassiste et que… Brant Bjork prend les baguettes derrière le kit de batterie de Rob Snijders ! Comme beaucoup le diront depuis, 3/4 de Kyuss se trouve à entamer « Gardenia » puis « Green Machine » sous nos yeux ! Le tout dans une ambiance manifeste d’amitié franche et sincère entre ces musiciens. Énorme expérience… La fin du concert voit d’autres classiques défiler, et le set se prolonger bien plus que le timing initialement prévu ! Encore chaud, Garcia voudra même remonter sur scène après un rappel, mais l’horaire étant tellement dépassé, le régisseur l’interrompt un peu abruptement.

Mais ceci n’entamera en rien le sentiment d’avoir clôturé ce magnifique Hellfest par un concert incroyable, déjà culte.

Bravo le Hellfest, et… à l’an prochain ?

Laurent 

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