HELLFEST 2025 – Jour 4 Valley (Jerry Cantrell, Kylesa, Messa, Health, …) – 22/06/2025 – Clisson

Dernier jour pour cette édition une nouvelle fois exceptionnelle du Hellfest. Le soleil est toujours là, mais on respire un peu, et l’affiche du jour sur la Valley annonce des découvertes, des surprises, et quelques groupes moins adaptés à notre “cible” habituelle… Bref, une journée moins tendue qui s’annonce, c’est appréciable !

Notre vidéo de ce jour 4 :


Black Bile

Même si la Valley n’est pas vraiment remplie, le quintette breton rassemble un aréopage de curieux et d’amateurs, présents malgré les corps meurtris par 3 jours de festival caniculaires et trop peu de sommeil. En ce début de journée un peu mélancolique (dernier jour de fest…) Black Bile propose probablement la musique la mieux adaptée au contexte, en évoluant constamment entre doom atmosphérique et post-metal furieux via des assauts hurlés par Romane, bien alourdis par la double pédale d’Emerick à la batterie et des strates d’accords de guitare nerveux. Scéniquement, c’est la vocaliste qui capte essentiellement l’attention (avec une certaine théâtralité renforcée par un beau light show, qui contrastent avec le relatif statisme de ses collègues), et le set déroule efficacement, assez dense pour maintenir l’attention et le plaisir. Au final les applaudissements viennent confirmer que le public a trouvé ça à son goût.

 


Lev Radagan

Hier, nous apprenions que Crows avait annulé sa participation au festival (sans que le motif de leur défection ne soit précisé), et c’est donc à nouveau du côté de la… Purple House, que l’organisation du Hellfest a été dégoter un remplaçant de dernière minute ! Le gagnant du jour est Lev Radagan. Inconnu de nos équipes (nous avions prévu de le découvrir sur la Purple House…), le duo se présente sur la Valley avec un dispositif scénique ambitieux (ils n’auraient jamais pu faire rentrer tout ce bazar dans la cage de la Purple House !) – exception faite de ces 3 petits drapeaux qui font office de backdrop… Autour d’une imagerie etno-indo-asiatico-hindou-ésotérique (!) le duo berlinois (d’origine sud-américaine) développe un rock psychédélique pas dénué d’intérêt. Scéniquement, outre quelques oripeaux fantasques et maquillage pour les musiciens, ils peuvent compter sur deux danseuses qui assurent le show : elles dansent, animent divers rituels, viennent à la rencontre du public pour le maquiller, lui envoient des pommes… et atterrissent même dans le public, pour organiser un saugrenu wall of death, et stimuler une sorte de circle pit / pogo géant ! Bref, on ne s’ennuie pas. Le qualificatif de “skate board slide guitar” dont le groupe se dote souvent reste un peu abusif et cliché, Sxantana Radagan ne s’emparant de sa guitare skateboard que pour une reprise du “Voodoo Chile” de Jimi Hendrix. Mais la prestation globale est remarquable et remarquée, même si le spectacle l’a un peu trop emporté sur la musique.

 


Faetooth

Nouvelle découverte pour vos serviteurs, ce trio féminin se présente crânement sur la Valley en proposant une musique qui ratisse très large : post-rock, sludge mélodique, metal, doom… Elles appellent ça “doom de fées” et on ne trouvera pas meilleur qualificatif aujourd’hui ! Ari (guitare) et Jenna (basse) se passent le relais pour vocaliser, en mêlant chant crié, clair, hurlements gutturaux… A l’avenant, la musique propose des plans rock et mélodiques, puis passe à des assauts nerveux, bien servis par une batterie qui sait se faire furieuse au besoin. Même si ça peut sembler décousu parfois, on sent que les californiennes ont bien maturé leur style et l’ensemble se tient avec une belle cohérence et une efficacité certaine. Le public ne s’est pas déplacé en nombre pour l’apprécier, mais celles et ceux présents headbanguent de bon coeur en particulier sur les passages les plus lourds / doom. Une bonne découverte.

 

 

 

Du côté de la Purple House…

Clegane

Actifs depuis une petite dizaine d’années, les parisiens de Clegane ont à leur actif un paquet de prestations live remarquées, et un statut de groupe underground qui leur colle un peu trop à la peau. Résolument doom, infiniment violent et vocalement grunge, le trio ravage les planches de la Purple House avec son mal-être poisseux. Ils alignent riffs velus et rythmiques massues à un public qui headbangue généreusement malgré la chaleur étouffante de la tente. L’effort ne doit d’ailleurs pas être négligeable car le groupe finit 5 min plus tôt que prévu. Un bien beau set qui nous laisse espérer retrouver le groupe plus souvent sur les planches.

 

 


Prayers

On vous avoue qu’avec la programmation de la journée depuis ce matin sur la Valley, on voyait se dessiner une tendance très intéressante, visant à afficher et affirmer la présence de femmes dans des formations de nos styles musicaux… Cette perspective vole littéralement en éclats au début du site de Prayers, où on assiste littéralement à un déferlement indécent de testostérone : un Chicano cholo-style tout de cuir et d’accessoires clinquants vêtu, qui gesticule en chantant sur une estrade au milieu de la scène, avec deux colosses baraqués torses nus, armés de sabres, immobiles en mode statue, flanqués sur les côtés. Rafael Reyes (monsieur Kat Von D à la ville) se déhanche ostensiblement avec son micro, chante des plans beat dance voire hip hop, et lance des sons et séquences via son petit clavier / sampler. Duo sur disque, Prayers se décline en solo uniquement sur scène, où Reyes mène seul la barque. En termes de programmation, on est dans le décalage, clairement, voire la parenthèse dans la journée (et le week-end). Hormis une trentaine de fans au premier rang, le public présent, pas en très grand nombre, dansouille gentiment au rythme des beats nerveux, reste 5 min, continue sa balade… On est dans l’expérimentation, ce n’est pas désagréable et personne ne passe un mauvais moment. Une expérience intéressante à vivre, mais le décalage musical et stylistique (on parle de l’image aussi) est assez confusant – peut-être un peu trop.

 

Du côté de la Purple House…

Powder for Pigeons

Présent fréquemment sur les débuts de sa carrière à bon nombre de festivals et plateaux stoner ou assimilés, le duo germano-australien a progressivement fait évoluer sa musique vers des contrées plus power-rock voire metal. La fuzz n’est jamais très loin, et le riff est systématiquement énergique. Rhys le guitariste chanteur s’est fait la buzz cut pour l’occasion de jouer au Hellfest. Mais la coupe de cheveux n’a pas grand chose à voir avec l’efficacité de leur musique. Meike violente les fûts comme à l’accoutumée tandis que sa moitié joue et chante fort. La conquête du public est totale et le duo d’artisans du rock peut repartir sur un petit nuage.

 

 


Messa

 

 

En voyant les musiciens de Messa monter sur scène, on prend la mesure de l’évolution opérée ces dernières années : pantalon de tailleur noir impeccable et escarpins pour Sara, chemise noire, pantalon à pince et talonnettes pour l’aquilin guitariste Alberto, tenue noire, cheveux gominés et lunettes de soleil design pour Marco… On peut dire adieu à la formation parfois presque timide de doom atmosphérique que l’on connaissait depuis plusieurs années. Musicalement, le virage vers une sorte de dark metal atmosphérique, tangible sur le discutable nouvel album The Spin, ne laisse plus aucun doute. Le quatuor transalpin a fait table rase du passé, jouant aujourd’hui rien moins que six titres (!) de son dernier disque ! Les anciens et les fans du groupe depuis ses jeunes années n’auront qu’un modeste “Rubedo” à se mettre sous la dent en souvenir du bon temps, un titre loin d’être le plus doom de leur carrière, qui finalement s’inscrit pas mal dans cette nouvelle mouvance. En toute objectivité, Messa est à l’aise dans son nouveau registre, Sara est impeccable au chant et scéniquement (quand on l’a connue prostrée derrière son micro pendant des sets entiers, on ne peut que prendre la mesure du changement) et musicalement l’ensemble est fort solide, et entraînant. On ne passe pas un mauvais moment. En revanche, ce n’est plus vraiment le même groupe – même si rien n’interdit d’aimer le nouveau Messa.

 

Du côté de la Purple House…

Alber Jupiter

Sans “T”, Alber ! Le dernier concert de la Purple House pour vos serviteurs sera celui de ce jeune duo basse-batterie rennais, qui vient dresser des nappes mélodiques psyche étourdissantes auprès d’un public que l’on qualifiera “de fin de festival” : un peu hagard, souriant, un peu fatigué, les présents apprécient ce set instrumental de très bonne tenue, dont les mélodies lancinantes (parfois aux limites du kraut rock) viennent étourdir les têtes et les corps. Un très bon choix de programmation, pour un concert maîtrisé par ce duo que l’on espère revoir vite sur les planches.

 

 


Kylesa

Dire que le groupe était attendu est un euphémisme. 2016 ! Voilà la date du début du hiatus qui nous a privés trop longtemps de la formation américaine. L’occasion était trop belle pour le Hellfest et son public. Ce dernier est venu en nombre assister à la bagarre sonique de ce soir. A tel point qu’une odeur de brûlé se fait sentir sur scène aux alentours de “Nature’s Predator” et de “Said and Done”. L’inquiétude gagne la sécurité, les Challenger commencent à courir dedans et hors du pit photo tels des Funky Claude cherchant la fumée sur l’eau. D’où vient le parfum de cramé ? De la scène, c’est Laura Pleasants qui l’annonce elle-même en pointant la tête d’ampli qui vient de lâcher. Quelques tours de passe passe plus tard et Kylesa fait slammer jusque sur “Where the Horizon Unfolds” et “Running Red” avant que le set ne prenne fin presque sans prévenir sur “Scapegoat”. Un goût de pas assez reste dans les oreilles, on aurait apprécié de se quitter avec un peu plus de chaleur humaine, mais l’heure c’est l’heure.

 


Health

Le groupe d’electro noise (les moins fins d’entre nous parleront d’indus), bien connu des hard-gamers fans de Cyberpunk, GTA et consorts, a trouvé une place désormais légitime à la Valley, tant ces dernières années la part belle est faite aux inclassables venus de genres à haute porosité. Le metal de Health, on l’a dit, est certes électro, mais n’est bruitiste qu’en de rares occasions, notamment grâce à la voix aérienne de Jake Duzsik, qui envoûte clairement autant que la section rythmique binaire qui l’accompagne ; un cocktail qui ravit le public. La prestation de Jake est peut être statique mais le bassiste virevolte entre sa gratte et les claviers, headbanguant à en perdre la boule. On est, il faut bien l’admettre, loin de notre zone de pêche, et on vous laissera donc le soin de pousser la curiosité : en écoutant ce groupe pendant une partie de Max Payne 3, ou soyons fous, en achetant un de leurs albums. Saluons au passage la présence du bassiste dans le public après le set, venu se frotter à ses fans selfisant goulûment auprès de son serre-tête kawaii à oreilles en fourrure.

 

 


Jerry Cantrell

Pour cette fin de festival sur la scène de la Valley, c’est un set statique de Jerry Cantrell et de ses comparses auquel nous avons droit (on relèvera Greg Puciato à nouveau au chant pour épauler Cantrell, pardonnez du peu). Jerry croise parfois sa guitare avec la basse, dans une relative économie de lumière en ce début de soirée, qui ne permet sans doute pas d’exploiter l’armada de spots amenée par le groupe. Les premières réactions du public ne se font pas trop attendre et interviennent sur “Down in a Hole”. Et même si “Cut You In” aurait pu être mieux accueillie, “Would ?” vengera toutes nos attentes. En effet, après que Jerry a eu l’élégance de présenter sa troupe et lui-même (quelle classe, quelle humilité), on peut constater que les titres qui galvanisent la foule sont ceux d’Alice in Chains, et pas forcément de sa carrière solo ; sans surprise. Pour autant, quel plaisir de lire le bonheur sur les visages lorsque le set se termine en apothéose sur le très d’actualité “Rooster”.

 


 

Encore une page d’histoire du Hellfest qui se tourne, cette édition 2025, assez éprouvante pour les corps du fait de la canicule, aura été de belle facture et aura réservé beaucoup de surprises dans une machine qu’un grain de sable ne peut faire dérailler. Nous quittons le site avec la foule qui, la tête levée, attend le feu d’artifice dont elle avait été privée l’an passé, et qui voit sa patience récompensée.

A l’an prochain, Hellfest !

 

Textes & Photos : Chris, Laurent, Sidney Résurrection

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