HELLFEST – Jour 1 Valley (Amenra, Candlemass, Celeste, Dvne…) – 15/06/2023 – France (Clisson)

Nous voici revenus en terres clissonaises pour cette nouvelle édition, encore une fois riche en groupes de qualité, en artistes à découvrir… Organisé cette année sur quatre jours au lieu de trois habituellement (on conviendra que le festival sur deux week-ends de 2022 était un format exceptionnel), il commence par une journée un peu plus « light », avec un début des hostilités en milieu d’après-midi, et, pour nous, une journée plutôt orientée « ouverture » en termes de styles musicaux…

Avant-propos : deux salles, deux ambiances

Le gros sujet au cœur des discussions de ce week-end est celui du déménagement de la Valley cette année. Placée dans un espace « miroir » de la War Zone désormais (sous le bienveillant regard de Lemmy sur ces deux environnements désormais), en lieu et place d’une zone de culture viticole, la scène proposée est posée au bord d’un terrain herbeux, pas encore bien nivelé, où sont posées sur les premiers décamètres au bord de la scène des plaques de protection au sol temporaires (bien utiles pour éviter boue, poussière, etc…). Avec une régie assez proche et un long bar qui ferment bien l’espace, le son n’a pas la place de trop se dissiper, et est globalement excellent sur tout le week-end. Le terrain, en léger dévers sur toute la surface, offre la possibilité de bien voir la scène quasiment où que l’on soit, jusqu’aux stands de restauration et bars en fond de terrain. Malgré un accès un peu compliqué pour les grosses têtes d’affiche en venant du site principal, la zone d’accueil est plus vaste que l’ancienne Valley, on y circule plus facilement pendant les concerts, et il est plus aisé de gagner les premiers rangs (et l’espace situé sur la droite de la scène a toujours été très praticable, même pour les concerts avec le plus de monde) – c’est un point appréciable en terme de capacité d’accueil pour celles et ceux qui se souviennent des concerts où la tente « dégueulait » de monde, et qu’il était impossible d’y accéder à moins de 50m. Le principal grief et regret exprimé est évidemment lié à la disparition de la tente, qui apportait cette « intimité » agréable, mais aussi une ombre bienfaitrice sous le soleil, et une protection salutaire sous la pluie (les deux auraient été utiles ce week-end). Cela remet les spectateurs de la Valley « au niveau » des autres festivaliers, sans privilège particulier, ce qui aura déçu pas mal de monde… Il se murmure toutefois que cette configuration un peu « bricolée » cette année serait revue plus largement pour l’édition prochaine, avec des aménagements plus ambitieux… A suivre.

 


HYPNO5E

En à peine dix mesures de ce que l’équipe promo du Hellfest décrit comme du « post-metal cinématographique », la question de la pertinence de Hypno5e sur la Valley se pose. C’est dans une ambiance de plein soleil assez inadéquate que nous ingurgitons les premières mesures de ce weekend – la tente de la Valley a disparu et il faudra l’accepter car la météo annonce quelques jours à rôtir du festivalier.


TODAY IS THE DAY

Produisant une sorte de melting pot sonore d’où émanent les relents de mille styles brutaux (sludge, post metal, indus…), le trio étasunien (dans lequel officia naguère Brann Dailor le batteur du pachyderme Mastodon) ne s’est pas laissé demonter par un incident technique (une coupure électrique) qui les a privés de son durant plus de 15 min. Poussant jusque à la dissonance bruitiste des notes tantôt lourdes tantôt speed, notre combo récupère le temps qui lui est dû, alors que le stage manager désemparé gesticule tel un poulpe sous acide sifflant la fin de partie (en réalité, ce décalage n’aura aucune incidence pour le planning de la suite de la journée – chapeau bas à l’équipe technique).


DVNE

Tandis que l’assistance était peu garnie jusqu’ici, le quintette anglais (avec des français dedans) fait rapidement le plein de festivaliers, ravis d’écouter ses sonorités inclassables : un clavier 80’s en fond de gros riffs post core et de voix tour à tour cristalline et vociférée, voilà qui peut désarçonner le simple quidam mais pas les dames et monsieurs habitués de la Valley. Si d’aucuns étaient restés sur le bord de la route, impossible qu’ils n’aient pas rapidement raccroché les wagons et se soient laissés submerger par l’univers funeste de ces cinq musiciens dans la brume, bien portés par un son aux petits oignons.


CANDLEMASS

Tels des explorateurs de l’extrême, nous nous aventurons hors de la Valley pour aller fouler le bitume (beurk) sous la tente Altar où se produisent les vétérans du doom metal. Très vite le quintette assume et affirme son statut, via une prestance scénique impeccable : tous les musiciens sont à fond dans leur set et délivrent exactement ce qui est attendu, à savoir une prestation de haut vol. Edling délivre des bases rythmiques solides et nerveuses, sur lesquelles Johansson et Björkman collent les classiques riffs Candlemassiens et autres soli de grande classe (durant lesquels Johan Längqvist s’éclipse toujours en bord de scène pour laisser briller les copains). Un Längqvist que par ailleurs on retrouve très en voix, impeccable dans tous les registres, tout en occupant bien son rôle de frontman. La set list laisse zéro place à la surprise : deux tiers de Epicus Doomicus Metallicus sont joués, de même que les incontournables « Bewitched », « Well of Souls », etc… Seul « Sweet Evil Sun » (morceau titre de leur dernier LP, qui passe bien en live) apportera un petit sentiment de fraîcheur, mais globalement on ne va pas se plaindre : on est venus (en nombre, la tente est blindée) prendre une leçon de doom metal classique, et on l’a prise. Des seigneurs.


CELESTE

Beneficiant d’un slot(h) de choix suite à l’annulation de la lune molle, le quartette de gones nous fera nous demander « mais où est Babar ? » Dans la frappe du batteur pardi ! Céleste excelle là où tant d’autres échouent. Chaque mesure apporte son lot de blasts et de hargne venus du plus fin des black metal mâtiné de sludge. Avec une lampe frontale pour troisième œil les lyonnais décloisonnent les genres et font le plein d’amateurs dans le pit, avant que les plus fragiles ne filent se positionner recevoir le Bisou sur la main stage.


AMENRA

La flandre vindicative vient une fois encore déverser le culte de Râ à la Valley. En noir et blanc, chaque flash de lumière est un coup de poignard qui soulève le cœur et la tête. Les belges calcinent l’âme d’un public venu en masse et encerclent les accès de la Valley. Mais à peine « Boden » et « Razoreater » terminés, les rangs s’éclaircissent. Le groupe a beau être hypé il n’est pas si facile à saisir, même lorsque résonnent les notes de « Plus prêt de toi », et soyons francs : il est l’heure pour nous aussi d’aller considerer l’intérieur de nos paupières.

 


Ainsi se termine donc cette première journée, qui si elle fut plus courte (premiers concerts en milieu d’après-midi) n’en fut pas moins bien remplie, qualitativement et quantitativement.

 

 

[A SUIVRE…]

Reportage (textes, photos, vidéos) : Chris, Laurent, Sidney Résurrection.

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