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HELLFEST 2014 – Jour 1 (Electric Wizard, Kadavar, Conan,…), 20 juin 2014, Clisson

Quand on a vu, dès la fin 2013, la tournure que prenait l’affiche du Hellfest 2014, on ne va pas vous le cacher : on n’a pas attendu longtemps pour réserver notre week-end. Et sans vous dévoiler la teneur complète des chroniques de ces trois jours, on peut aussi vous le dire : on n’a pas regretté, ça a été le pied.

La première journée en revanche, pour les stoner-heads que nous sommes, s’annonce plus proche d’une agréable montée en tension, une journée avec pas mal de bons concerts en prévision, mais sur un rythme raisonnable, laissant quelques plages de “repos” propices à visiter un peu le site et constater avec effarement la dimension impressionnante des structures du Hellfest depuis l’an dernier.

Pour commencer, le premier concert de la journée est l’un des plus intéressants du Hellfest et… nous n’y étions pas ! C’était prévisible : en programmant MARS RED SKY quelques dizaines de minutes après l’ouverture des portes, il était évident que la plus grosse part du public, avec toute la bonne volonté du monde, serait encore bloquée dans les files d’attentes de l’entrée du fest. On ne va donc pas s’appesantir dessus, mais c’est probablement LE gros regret du festival.

CONAN

CONAN
CONAN
CONAN
CONAN
CONAN
CONAN
CONAN
CONAN
CONAN
CONAN

Le concert suivant sous la Valley (qu’on retrouve quasiment inchangée depuis les éditions précédentes, si ce n’est quelques détails dans la configuration de la scène) est celui des anglais de CONAN, très attendu lui aussi. C’est à l’heure de l’apéro (mais existe-t’il un horaire spécifique pour cet acte de sociabilité au Hellfest ?) que le groupe grand-britton prend place sur les planches. Le trio encapuchonné va profiter allègrement de la vingtaine de subs disposés en front de scène pour nous exploser la carotide avec son doom de ferrailleur. En une (trop) petite demi-heure, ils alignent à peine quatre titres, à savoir “Crown of Talons”, “Foehammer”, “Hawk As Weapon” puis “Altar of Grief” (soit une grosse majorité issue de leur excellent dernière offrande, “Blood Eagle”). Scéniquement, la performance de nos trois lascars se résume au minimum : chacun reste dans son coin de la scène, et les gars passent plus de temps à se regarder qu’à communiquer avec le public. Le light show lui-même est assez pauvre. Clairement, le paquet est mis sur la musique, et là-dessus, on en a pour son argent. Les anglais vont faire office de mise en bouche grasse, monolithique et massive sous la Valley encore un peu clairsemée. Après seulement quatre titres, on reste en revanche avec un léger goût de “trop peu” … Une performance qui donne envie de les voir dans un format plus long.

A peine relevés du rouleau compresseur britannique, la programmation de la Valley (avec une paire de groupes de post-bidules-rock d’un intérêt tout relatif pour le Desert-Rocker de base) nous offre quelques heures de répit, le temps d’aller se sustenter et de vaquer un peu sur le site, pour observer les différentes évolutions proposées par le staff du Hellfest cette année.

ROYAL THUNDER

ROYAL THUNDER
ROYAL THUNDER
ROYAL THUNDER
ROYAL THUNDER
ROYAL THUNDER
ROYAL THUNDER
ROYAL THUNDER
ROYAL THUNDER
ROYAL THUNDER
ROYAL THUNDER
ROYAL THUNDER

Les batteries (un peu) rechargées, il est temps de se préparer gentiment à une fin de journée plus costaude, qui commence avec les américains de ROYAL THUNDER, dont le parcours discographique nous a toujours laissé un peu dubitatif. Dubitatifs nous restons d’ailleurs après cette prestation un peu décousue, dont la set list sera composée en gros pour moitié-moitié de leur premier et de leur dernier album. Le groupe annonce la couleur avec le tortueux “Parsonz Curse”, un mid-tempo dont l’aspect sudiste un peu craspec est un peu affadi sur scène. Il en va de même des autres titres de “CVI”qui ne transcendent pas vraiment sur scène, et ce malgré l’énergie dispensée par leur chanteuse-bassiste Miny Parsonz, qui ne démérite pas derrière son micro. La musique du combo se transforme peu à peu en une sorte de post-rock vaguement sudiste qui m’aura laissé de marbre. On notera toutefois une tente déjà bien remplie, et un public qui connaît apparemment bien les compos du groupe. Un public un peu frustré toutefois, qui voit le groupe quitter la scène dix minutes avant la consigne : tout groupe de rock qui se respecte aurait bouffé chaque seconde mise à leur disposition pour asséner une paire de titres supplémentaires ! Dommage.

KADAVAR

KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR

Au tour de KADAVAR de fouler la scène maintenant. A l’image de leur jeu scénique, c’est tout penauds que les trois grand barbus longilignes rejoignent leur emplacement sur scène, dont ils ne se déplaceront que dans un rayon d’une paire de mètres ! Mais nos fiers lascars ne sont pas venus en représentation malgré ce que pourrait laisser penser leur look “unifié” (veste cuir ou en jean’s sans manche sur torse nu, pantalon noir et bottes pour tout le monde). Le public, qui se retrouve à blinder la Valley pour la première fois de la journée, attend manifestement cette prestation autant que nous, et n’est pas déçu tandis que le trio se lance dans un “Liquid Dream” introductif de bonne facture. S’enchaîneront ensuite les titres issus pour moitié de leur premier album et pour moitié de “Abra Kadavar”, leur plus récent, pour le plus grand plaisir de tous. L’exécution est sans faille, avec encore et toujours un Lupus en modeste mais assumé frontman, tandis que le nouveau (et parfaitement incorporé) Simon “Dragon” à la basse et Tiger à la batterie se la jouent cool mais robustes sur la rythmique. Les titres délicieusement 70’s du combo laissent une place appréciable aux soli et autres passages instru parfaitement emmenés, ce qui apporte cette touche de “vie” aux morceaux chaleureux du groupe. Musicalement, c’est jouissif, et le public en est lui aussi convaincu : les morceaux sont chantés en chœur, ça slamme un peu partout, et les gens continuent à se masser aux abords de la Valley, attirés par les vibes old school du groupe. Les salves se sont enchaînées sans interruption (on retiendra le duo “Goddess Of Dawn / Creature Of The Demon” mais aussi un très groovy “Come Back Life”, entre autres) et le groupe doit même demander au régisseur s’il peut dépasser de quelques minutes pour caler un dernier titre (accordé !). Un carton. Kadavar : la force tranquille.

ELECTRIC WIZARD

ELECTRIC WIZARD
ELECTRIC WIZARD
ELECTRIC WIZARD
ELECTRIC WIZARD
ELECTRIC WIZARD
ELECTRIC WIZARD
ELECTRIC WIZARD
ELECTRIC WIZARD
ELECTRIC WIZARD
ELECTRIC WIZARD
ELECTRIC WIZARD

Nouveau break “core-post-machin” pour moi avec Kylesa qui ne maintient ma fugace attention que 2min30, le temps sans doute d’essayer de comprendre notamment l’intérêt de deux batteurs jouant exactement la même chose… en vain ! Mais fi des critiques gratuites, c’est au creux de la nuit que les hostilités reprendront pour nous, après une attente rendue plus laborieuse encore par les feignasses de Godflesh, qui n’ont pas réussi à rejoindre le site assez tôt pour leur set (ils joueront finalement après Electric Wizard, à l’arrache… sans nous !). Rendez-vous maintenant avec ELECTRIC WIZARD, donc, qui voit son rituel doom commencer à minuit pile. Dès les premières mesures de “Supercoven”, on note un quatuor moins introspectif qu’à l’habitude. A ce titre l’apport du jeune et fougueux Clayton Burgess à la basse est un point positif à l’actif du combo pachydermique originaire du Dorset : en injectant la vigueur et l’insouciance de ce jeune quatre-cordiste, EW bénéficie de ce coup de pied au cul salvateur qui le fait un peu bouger de ses acquis un peu trop confortables ces dernières années. A la batterie, en revanche, même si le bonhomme est peu éclairé par des lights (comme toujours avec EW) assez rares, on voit assez vite que Mark Greening, pourtant revenu aux baguettes il y a quelques mois, n’officie pas aujourd’hui ; je n’ai pas reconnu son remplaçant, mais on peut en revanche attester qu’il est assez efficace, l’absence du vétéran ne s’étant jamais faite sentir. A l’évidence, les rythmes sont lourds, presque sournois, et le son est gras, trop gras presque, comme toujours, les deux guitares s’enchevêtrent de manière quasi orgiaque pour mieux assaillir les tortueux conduits auditifs jusqu’à bastonner les quelques bouts de cerveau encore actifs en cette fin de journée. Pour le reste, scéniquement, l’ambiance “soirée diapos” (noir total et projection en fond de scène de films érotiques old school) semble heureusement un peu oubliée, et l’on peut désormais voir (non, je n’exagère pas…) les musiciens jouer, et on détecte même (accrochez-vous) des sourires ici ou là, notamment sur les visages de Liz et Jus, de bonne humeur ce soir. L’ambiance reste quand même juste assez lugubre, rassurez-vous, et le groupe n’a pas abandonné non plus ses projections psychédéliques, juste plus discrètes. Niveau set list, dire que le sorcier électrique la joue facile est un euphémisme : un titre de chaque album à peu près, et l’affaire est torchée ! Forcément, on ne va pas se plaindre de ré-entendre cette sorte de best-of live composé de titres comme “Witchcult Today”, “Return Trip” ou encore le toujours douloureux “Dopethrone”, ou encore le trippant “Futuropolis” en clôture. Mais d’un autre côté, un peu de prise de risque redonnerait peut-être aux anglais cette aura de “danger” qui auréolait il y a quelques années encore la perspective de les voir sur une scène. Un très bon set, donc, c’est indéniable, et fort bien exécuté ici. Il n’y a donc pas matière à se plaindre, loin s’en faut. Mais les Wizard n’ont pas non plus délivré la claque que l’on pouvait imaginer et espérer.

Nos yeux mi-clos nous font alors comprendre que Kvelertak devra botter d’autres culs que les nôtres, qui vont regagner le lit pour une poignée de petites heures de sommeil devenues vitales…

[A SUIVRE…]

Laurent (et Flaux)