Je trouve facilement la salle pour ma première fois dans cette antre et l’appel de la bière se fait vite sentir. La serveuse est jolie et souriante et, surtout, elle sait tirer la bière au fût correctement. “Bonne entrée en matière”, je me dis. Direction la salle et là, je m’aperçois que c’est en fait une salle de théâtre avec des fauteuils. Fort heureusement, il y a une fosse (aux ours) suffisamment spacieuse pour y accueillir du peuple et se rapprocher du groupe.
Diablo Blvd monte sur scène et les premières notes (surtout le chant) révèlent un mauvais goût certain même si l’ensemble est bien exécuté au niveau technique. On se retrouve avec des plans limite Bon Jovi et j’en profite pour me tirer et refaire le plein. On ne va pas s’attarder sur ce groupe qui n’avait rien à faire à l’affiche.
Je tire une moue dubitative mais me rassure en me disant que le groupe suivant (eh oui, 3 groupes ce soir, il faut donc patienter!) est un trio made in France du nom de Rescue Rangers qui nous vient de Marseille. Le chanteur est sympathique et affable. Il prend d’ailleurs le soin de s’exprimer en anglais (avec une petite French touch). Après tout, on est en territoire flamand. Les morceaux s’enchaînent et je dois dire que les 3 musiciens me font très bonne impression. Surtout, on voit bien que ça leur fait plaisir d’être là en ouverture d’Hermano et de jouer sur scène. Un bon mélange de plan carréments in-your-face avec des breaks atmosphériques, le tout soutenu par une section rythmique indéfectible (bravo au batteur en passant), me laisse dans un état de bonheur à l’idée de ce qui nous attend. Jusqu’à présent, le son était ok, soit dit en passant.
Les dieux du stade montent sur scène (Dave Engstrom le premier en faisant le clown comme d’hab) et c’est Monsieur John Garcia qui se fait gentiment attendre mais pas longtemps. Ca démarre sur les chapeaux de roue avec Cowboys Suck et Hermano fait tout de suite sentir qu’ils ont pris possession des lieux et que ça va envoyer le bois grave. Bon démarrage, me direz-vous.
C’est ici que les choses se gâtent déjà: le son est pourri. Les morceaux défilent, Dave fait toujours autant l’andouille, mais rien n’y fait. Le son est de pire en pire. Ok, on peut comprendre qu’il faut parfois 3 à 4 chansons pour trouver les bons réglages mais, ici, ce fine-tuning n’est pas arrivé. Les regards fusent vers la donzelle qui s’occupe toute seule de la table de mix et celle-ci ne daigne pas relever la tête, sans doute consciente (quoique…) de la boucherie qu’elle est en train de produire. Le groupe doit remarquer que quelque chose cloche dans le public, j’en veux pour preuve la question de Dave (qui avait perdu le sourire): “Is the sound ok?” Non, il ne l’est pas…
Et le spectacle continue… la voix de Garcia ressemble à celle d’un ado en pleine mue, le son des grattes est doublement saturé (disto de l’ampli + micros pour la prise de son défectueux = mélasse) et la section rythmique, connue pour sa précision et sa percussion, peine à se démarquer du reste. On est très loin de la prestation du VK (Bruxelles) en novembre 2007… Comprenez-moi: les musiciens ont vraiment donné et leur technique n’est pas à remettre en question. Mais le sabotage sonore dont ils ont fait les frais est une pilule amère à avaler pour le public qui s’est déplacé en masse pour l’occase.
Le rappel se fait en 3 morceaux (dont 2 reprises de Kyuss) et je ne suis même pas foutu de reconnaître l’intro de Green Machine (2e morceau sur l’album Blues For The Red Sun de Kyuss, 1992) tant le son de la gratte est brouillon (une sorte de fuzz indigeste et sans dynamique). J’ai vraiment les boules et c’est tout dépité que je regagne mon véhicule pour me taper les 180 km du retour. Je fais quand même un petit détour par le bar et les tronches des gens me confirment mon sentiment. Je recommande un dernier verre à ma serveuse préférée, histoire de ne pas avoir complètement perdu mon temps ce soir. Vraiment un beau sourire…
Thib