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KALEIDOBOLT ( + aSupernaut + Tremor Ama) – 07/06/2018 – Paris (Espace B)

Dans le cadre de la tournée printanière de Kaleidobolt, qui semble ne jamais s’arrêter un instant d’écumer les scènes européennes, on se retrouve ce soir derrière les cuisines de l’Espace B pour une soirée promettant son lot de frénésie. Afin d’accompagner les Finlandais survoltés, les Fuzzoraptors nous dégotent cette fois un quintet de Creil nommé Tremor Ama et les Bruxellois d’aSupernaut. Et l’ascension fiévreuse dans laquelle ces trois groupes nous emportent ne laisse personne indemne.

Tremor Ama

Devant une foule croissante, les cinq gaillards de Tremor Ama s’approprient la scène. Et si l’on assiste à de multiples intros au psyché indéniable, les mélodies aériennes dérivent souvent vers de lourds et puissants riffs avec pour objectif de tout déménager. Sur « Another Day », on comprend que ce Heavy Stoner détient plusieurs facettes. À l’image de Max, le batteur ; un charmant jeune homme au Tee-Shirt Gojira qui tantôt effleure sa ride avec toute la prévenance d’une mère pour son enfant tantôt martyrise sa cymbale chinoise comme s’il s’agissait d’un fer à battre. En dépit de ses quatre potes qui l’occultent de notre champ de vision, on ne peut guère l’ignorer. Cette énergie, qui semble constituer l’essence du groupe, se retrouve vite partagée avec Raph et Remitche. Ces deux-là gesticulent comme des possédés tout en balançant de vigoureux lyrics. De leur côté de la scène, Sy et Kévin paraissent plus en retrait et davantage dans l’introspectif, renforçant par la même la dualité de la musique. Une ambivalence présente tout le long de ce merveilleux set et qui, comme le prouve « Sylbaris » ne fait que renforcer la qualité du spectacle.

aSupernaut

Un couple de Ricard plus loin, on y retourne. Et c’est donc devant un public à température que le trio made in Bruxelles débarque. Hélas, et comme cela arrive parfois, aSupernaut essuie un petit problème technique. Une tête d’ampli capricieuse à priori, qui vaudra à Nico de jouer sans pédalier avant de finalement jeter sa basse au sol par frustration. Il va sans dire que devoir interpréter leur musique sans bénéficier des nombreux effets fuzzés et saturés a de quoi désappointer. C’est un peu comme bouffer un couscous sans les légumes, la sauce, ni même la viande en fait… Qu’à cela ne tienne ! On prend une pause à l’extérieur histoire de permettre aux ingés son de régler le problème et à peine un verre plus loin on entend de nouveau grogner la basse. Les Bruxellois déroulent alors leur set de heavy garage psyché qui ne tarde pas à agiter les têtes. Sur des lignes de basse crado à souhait et du martèlement de caisse claire, Thomas balance ses riffs avec une passion lui donnant des airs de malade en pleine crise de tétanie. Il accompagne le tout d’un chant bien saturé lui aussi, donnant au tout une impression d’une musique hybride du Stoner actuel et du punk new wave de la fin des années 80. Autant vous dire que l’espace B gagne encore quelques degrés à la fin du bazar.

Kaleidobolt

Pour cette dernière partie, le trio d’Helsinki porté sur un rock psychédélique survitaminé se met en position. Loin de se formaliser d’une foule qu’on aurait souhaité plus importante pour une tête d’affiche, ils attaquent. Incisifs et sans appel, comme à chaque fois. Les frénétiques lignes de basses de Marco fusent comme les balles sorties d’un canon, invitant les rythmiques toujours plus véloces de Valteri à y trouver leur place. Cet homme aux couleurs d’Eyehategod qui déroulent des triolets assassins dès qu’il s’agit de breaker, ou bien à chaque fois que ça lui chante, ne connaît pas de demi-mesure. Son solo de milieu de parcours nous fera comme toujours autant transpirer que lui. Sur ce terreau plus que fertile à toute démonstration technique, le maître du riff Sampo Kurki compose ses interminables soli et communique ainsi une agréable sensation de jam permanent. « Off the cuff », « The Crux », « Rocket to the Moon », autant de titres propices à y déployer un arsenal de virtuosité. Mais la richesse des gammes de son guitariste ou la nervosité de son batteur ne constituent guère les seuls éléments notables dans la technique du groupe. Car si l’on parle technicité, on aurait tort d’omettre sa propension à prendre les headbangers à revers. Tous ces délicieux contretemps, que ça soit en flinguant la sempiternelle métrique 4/4 ou bien simplement en claquant des pêches à l’endroit voulu, participent à donner sa patine si caractéristique au groove de Kaleidobolt. Et puisque l’on parle des empreintes du groupe, mentionnons l’incontournable « City of the Sun », leur pièce maîtresse, jamais deux fois la même en live, et qui sait rassembler les foules sous une seule et même bannière. Celle d’une impétuosité joyeuse et débridée.

Kaleidobolt

Ce dernier set de qualité se ponctue après minuit. Et malgré le faible nombre de spectateurs restant en ce jeudi soir, on gardera un goût de félicité en plus de quelques acouphènes. La saison des Fuzzoraptors s’achève une fois encore sur un succès et nous laisse avec une seule et simple interrogation. Quoi de prévu pour la rentrée ?