KARMA TO BURN (+ Ethili) – 05/07/2017 – Bordeaux (Void – Make It Sabbathy)

La chaleur étouffante qui a étreint Bordeaux aujourd’hui n’incite pas forcément à se rendre dans cette fournaise du Void, et encore moins à descendre dans son sous-sol, véritable étuve en été… Et pourtant, impossible de rater le passage de Karma To Burn, amenés en terres girondines par les incontournables Make It Sabbathy.

 

C’est aux subtilement dénommés Ethili que revient l’honneur d’ouvrir pour les gloires du stoner ricain. Une soirée de trio, quoi, même si nos trois girondins (issus du bassin d’Arcachon, un vivier peu réputé pour ses formations à guitares !) ne sont pas vraiment dans la même tonalité… Et notamment scéniquement ! En kilts et costumes faits maisons (thématique bière que l’on pouvait présumer au vu du nom du groupe), les joyeux énergumènes enchaînent les titres barrés, penchant avec un certain bonheur dans différents versants du stoner, avec autant de sérieux musical que de bonne humeur potache. Musicalement on regrettera parfois que certains titres ne s’assument pas complètement (un bon riff joué 2-3 fois seulement, et bim, un break vient y couper court… un passage bien accrocheur nous fait taper du pied et pam, un plan « de musicien » vient tout casser – genre rythmiques à mesures asymétriques ennemies du headbang). En revanche, on apprécie bien l’esprit barré et hors normes développé par le groupe (les chants floklo en chœur sur les riffs fuzzés, bizarrement ça marche…). Bref, un potentiel très intéressant, qui devrait se révéler d’autant plus si le groupe se recentre sur des compos plus punchy et directes.

 

La température est montée de quelques degrés avec l’arrivée du second trio, qui a su rameuter du monde ce soir (le Void n’est pas loin d’être plein – très bon signe sur la santé du public bordelais, mais très mauvais signe pour notre petit confort de ce soir… il va faire très chaud !). Pas de tergiversation, on est habitués : les gras ricains rentrent dans le lard avec un « 30 » qui déboîte. Très vite Evan Devine s’énerve derrière sa batterie, rencontrant un problème avec sa grosse caisse. Ni une ni deux, le bonhomme s’en empare et file backstage récupérer celle généreusement prêtée par Ethili pour finir le set. Le temps d’une petite impro de Will Mecum pour patienter (pas génial) et c’est reparti, avec un flightcase pour caler la grosse caisse qui va prendre cher ce soir. Scéniquement, on connaît K2B : rien ne change vraiment. Will est calé sur la droite, regarde parfois un peu sur le côté, bredouille deux ou trois fois quelques mots maladroits dans le micro, et se concentre sur ce qu’il sait faire de mieux : riffer. La mise en son est pas mal, avec quelques moments franchement gênants (ces passages de basse dissonants qui font « friser » les amplis et les tympans… yuck). La set list fait évidemment la part belle à la première triplette du combo, et force est de constater que les quelques incursions dans leur répertoire récent suscitent au mieux un discret headbang poli, plutôt qu’une franche adhésion. Du coup, au bout de trente minutes, on a un peu fait le tour et on commencerait presque à trouver le temps long… Il faut dire que scéniquement, le charisme cumulé de nos deux cordistes équivaut à peu près à celui d’une pelle à tarte ; tout repose donc sur la qualité des riffs et des compos, bien présentes heureusement (en tout cas pour les vieux titres). En revanche, ça manque sérieusement de groove… On un peu oublié que la paire Rob Oswald/Rich Mullins apportait au combo ce « southern groove » enthousiasmant qui complétait cette belle machine à riffs. Du coup on n’a plus que les riffs, et une rythmique efficace (faut voir Devine marteler comme une brute épaisse) mais un peu insipide. En clôturant par son désormais « classique » « 20 », le groupe la joue facile mais confirme son efficacité. On ne peut pas lui enlever ça : Karma To Burn sur scène, c’est généreux et ça fonctionne, et le public ce soir est ravi, à juste titre. Mais le groupe devient peu à peu une sorte de clone de lui-même, pas toujours très inspiré, et un renouveau serait non seulement bienvenu, mais probablement salvateur si le groupe recherche un second souffle.

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