LORELEI FEST, 22 mai 2014, Le Klub, Paris, France

Lorène, je sais que tu étais là avec nous ce soir mais laisse-moi quand même te raconter ma soirée, que tu puisses voir à quel point tes amis et moi en particulier étions vraiment contents d’être là ce soir.
Pour moi tout commence avec la route à faire, départ 15h30 de la maison, certes c’est tôt mais il est hors de question pour moi d’arriver trop tard pour cette soirée.
Un t-shirt et quelques CDs, voilà tout ce dont j’ai besoin avant de partir. Pour le t-shirt, j’ai choisi celui de la tournée 2005 des Queens. C’est lors de cette tournée que j’ai eu la chance de te rencontrer en chair et en os pour la première fois même si on se côtoyait virtuellement depuis pas mal de temps. Tu portais ton chapeau à l’époque si mes souvenirs sont bons. Côté CDs, ma playlist est simple pour ce voyage aller, deux disques.
Pour commencer je me mets le premier album des Queens, tu sais bien l’album… éponyme… Et je pense à cette facette de toi que certains ne connaissaient même pas. Ta maitrise de la langue française et ton travail de traductrice qui allait avec. Je repense à une discussion sur ce fameux terme éponyme qui t’agaçait tant il est utilisé à tort et à travers. Et par la même occasion je me dis que plus jamais je ne rencontrerai de personne qui utilise le mot « putassier » aussi naturellement que toi… c’est bête non ?
En parlant de Qotsa, je me souviens aussi de ce fantastique concert à l’Ancienne Belgique pour y jouer cet album en entier, mémorable soirée où tu étais arrivée tellement en retard que tu avais presque tout loupé. En retard… impossible pour moi aujourd’hui. Alors continuons le chemin.
Le second album qui m’accompagne alors que les kilomètres défilent c’est un live de Thièfaine. Forcément, j’ai le cœur qui pleure lorsque j’entends « Lorelei Sebasto Cha » et je te le répète, plus jamais je n’entendrai cette chanson sans penser à toi. Je me remémore notre discussion sur cette chanson…
Il y en a une autre qui me fait tant penser à toi maintenant, « Petit Matin 4.10 heure d’été »… je me dis que c’est dommage, on n’a jamais pu parler du dernier album de HFT, j’aurai bien aimé avoir ton avis.
« Je n’ai plus rien à exposer
Dans la galerie des sentiments
Je laisse ma place aux nouveaux-nés
Sur le marché des morts-vivants. »
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Lorsque j’arrive devant le Klub, il y a déjà quelques personnes devant l’entrée, à boire un verre, sans le moindre doute à ta santé. Je salue quelques personnes et entre. Il me faut absolument aller voir les photos de toi qui sont en vente, je ne peux repartir sans l’une d’entre elles et avec la règle du premier arrivé premier servi, tu penses bien que je voulais arriver à l’heure !
J’ai énormément de chance, je suis le premier à choisir… Un choix difficile mais pourtant évident. Alors je ne sais pas encore où je vais exposer cette photo de Josh Homme… dans mon couloir entre deux posters ou dans mon bureau, à côté de cette photo de moi, Scott et Bruno que tu avais prise.
Il y avait dix-sept de tes photos mise en vente ce soir, dix-sept magnifiques photos que j’ai pris un long moment à regarder, seul dans ce couloir en pensant à toi et toutes tes heures passées dans la fosse des photographes.
Je ressors de la salle, la foule est plus fournie, les gens discutent et attendent 22h, l’heure à laquelle commencera le concert. Je discute encore, je fais même des rencontres inattendues tu sais, je passe déjà comme tout le monde présent ce soir-là, un excellent moment grâce à toi.
Et puis je retourne encore devant la scène, pour préparer mon matériel pour enregistrer le concert. Tu me connais, jamais sans mon Edirol ! Et puis je dois aussi préparer mon appareil photo car je compte bien immortaliser la soirée et prendre quelques clichés qui, s’ils ne rivaliseront jamais avec ton boulot de photographe, me feront d’excellents souvenirs.
Sauf que voilà, c’était écrit par avance que la soirée serait exceptionnelle. Alors largement avant 22h, Louise, Lo S. Data, Pablo et Rodrigue s’installent sur scène. Car si le règlement du Klub empêche de faire du bruit avant 22h, il n’empêche pas de prendre deux petites guitares et de chanter quelques trucs comme ça, en impro complète.
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Regarde-moi Lo’ ces sourires sur leur visage. N’est-ce pas là le signe d’une soirée qui s’annonce certes chargée en émotions mais avant tout festive et joyeuse. Je suis sûr que tu as apprécié la reprise de Depeche Mode par exemple car toi qui étais connue pour ton attachement au stoner et au heavy en tous genres, nous savons aussi que tu ne crachais pas sur un bon petit truc New Wave ou post punk.
Les quatre compères improvisent donc quelques chansons alors que la plupart de tes amis sont encore dehors sans savoir que ça a déjà commencé.
Cédric de Face Down et Sam de Flesh and Dust prennent le relais pour un pur moment de rigolade. Ils enchaînent les intros de tout un tas de tubes rock au plus grand bonheur de ceux qui sont déjà là. Un vrai moment convivial entre amis, sans prise de tête, c’était juste parfait.
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Il n’est toujours pas 22h. Louise au chant et Nico E. Wilhelm à la guitare acoustique s’installe discrètement sur scène pour nous faire vivre un très joli moment d’émotion en interprétant « Hit the City » de Mark Lanegan de fort belle manière. Lanegan, on ne peut pas dire que tu sois la dernière de ses fans et tu as du apprécier cette très belle version j’en suis certain. Ils sont rejoints ensuite par Fred Quota de DearDevil et Pablo de Loading Data pour faire les chœurs sur « Down by the Water » de PJ Harvey. C’est magnifique.
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Totalement improvisé encore histoire d’attendre l’horaire prévu, Pablo reste sur scène avec Louise, prend une guitare et nous interprète « Heart Shaped Box » de Nirvana. Me reviens alors des discussions sur ce groupe, sur leur performance au Reading Festival en 92. Tu as aimé à coup sur cette version dépouillée et pourtant si forte. On sent la conviction et la sincérité dans le jeu de Pablo et le chant de Louise, tout en retenue n’en est que plus beau.
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La première partie de la soirée s’achève. Elle était improvisée, tu as adoré j’en suis certain. Un vrai moment comme tu les aimais, comme on les aime tous. Des moments simples et précieux.
22h précise, le Lorelei Fest premier du nom peut véritablement commencer. Oui oui, commencer car après tout, ce qui vient de se passer n’était pas vraiment prévu.
Et qui de mieux pour entamer le set que ton partenaire dans Sleaze Amine à la guitare accompagné par Clément et Ben. « Thee Ol’ Boozeroony » et « Mudfly » de Kyuss pour commencer, que dire si ce n’est que c’est un excellent choix. Le public présent apprécie tout autant que moi et c’est vraiment une entrée en matière parfaite pour cette soirée rock’n roll au possible.
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Les musiciens et chanteurs changent, s’échangent leur place et cette première partie verra défiler sur scène Fabian Belleville, Clément, Bapt et Goeff de Coffin on Tyres ainsi que Sam pour enchainer « Born To Hula », « Auto Pilot » de Qotsa et « Burning Beard » De Clutch. Inévitablement je repense là à ce concert de Clutch en première partie de Volbeat dont on a loupé le début tellement j’étais en retard ce jour-là avec la circulation parisienne. Je te dois toujours un demi-concert de Clutch, je n’oublie pas!
On termine cette première partie avec un bien puissant « A Song for the Dead » de Qotsa. J’ai une énorme pensée pour toi à ce moment précis, me disant que c’est le dernier titre des Queens que tu as vu en live lors de leur dernière tournée.
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La seconde partie commence sur un surpuissant « Wish » de Nine Inch Nails, débordant d’énergie. Tu as vu ça comme tes amis se donnent sur scène, c’est beau à voir n’est-ce pas ?
Et on s’enchaine sans aucun lien et ça c’est rock ‘n roll avec un Rodrigue totalement survolté et c’est peu de le dire pour trois reprises de Eagles of Death Metal (« I Only Want You », « Don’t Speak » et « Speaking In Tongues »). Nico E. Wilhelm est à la gratte, Clément à la basse et Fred Quota à la batterie. Quel pied sérieusement. Ça déborde d’énergie aussi bien sur scène que dans le public !!!
Impossible de voir ça sans repenser à l’une des photos de toi que je préfère, celle où tu es sur scène aux côtés de Jesse lors de leur concert à l’Ancienne Belgique en 2009. Quel souvenir merveilleux que ce concert, un de plus avec toi.
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Mais pas le temps de se laisser gagner par la nostalgie car nos loustics sur scène sont chauds bouillants ! Et là c’est du lourd qui se prépare puisque Robin de Loading Data à la batterie, Fab Corn de Coffin on Tyres à la guitare, Rodrigue toujours au chant et guitare et Nakat ancien membre de Loading Data à la basse associent leur force et leur énergie pour trois reprises stratosphériques de Fu Manchu (« Evil Eye », « Anodizer » et « King of the Road »). J’imagine déjà comment tu as du crier de toutes tes forces comme j’ai pu le faire sur King of the Road says you move too slow !!!!!!!!!
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Alors qu’on nous annonce une petite pause, Lo Data et ses amis reviennent sur scène pour nous jouer « Third Man on the Moon » de Masters of Reality. J’imagine la joie que tu as ressentie en entendant cette superbe version. Quelle réussite.
Après une petite pause donc et une bonne boisson fraiche, nous voilà de retour pour la suite et je trépigne d’avance en me demandant quelles autres surprises nous attendent. Tu dois être tout aussi impatiente et je pense que tout comme moi tu as été littéralement cueillie par ce « Wedding Dress » de Lanegan. Alors que l’émotion est à son comble, Lo Data et sa bande enchaîne avec une longue et superbe version de « Revival » des Soulsaver’s. Que dire ? Quels mots trouver pour exprimer ce que l’on ressent dans pareil moment. Tu es touchée par l’hommage, surement encore plus que je le suis.
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Et cette émotion est loin de retomber lorsque retentissent les premières notes de « Makin a Cross » des Desert Sessions. Je dois ici souligner que, parmi les milliers de chansons qu’il était possible de choisir pour te rendre hommage, les choix sont réellement parfaits. On sent que ceux qui ont préparé ce concert te connaissent.
Mais j’entends l’écho de ton rire devenu mythique pour toutes les personnes qui te connaissent après la blague de haute volée que Lo Data nous sort avant le morceau. Quel déconneur ce Lo’.
Cette partie se termine par une annonce de Lo Data que j’ai trouvée si symbolique. Une naissance à venir, celle de la fille de Robin. Certains partent, d’autres arrivent, ainsi va la vie.
Après la toute petite pause, c’est au tour de Loading Data avec Nakat à la basse de venir sur scène pour quelques titres de leur répertoire. Lo Data nous rappelle d’ailleurs comme tu as pu les soutenir dans leur carrière. « Circus Blues » pour commencer et sa patte groovie que j’adore. Le groupe enchaine ensuite avec le superbe « Do it on the Beach » qui pousse le public à crier le refrain même si personne n’osera monter sur scène pour chanter avec eux comme Lo Data l’avait demandé. Trop timide ce public ? Moi je suis certain que si tu avais été là physiquement avec nous, tu te serais précipitée pour aller t’éclater derrière le micro. « Alright » vient tout de suite en enchaînement, rock’n roll à souhait.
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« Song for a Friend », dernier titre du groupe pour ce soir. Tu n’as jamais entendu ce morceau Lorène j’en suis sûr. En fait ce bien joli morceau a été écrit spécialement pour toi, juste après que tu sois partie rejoindre tous nos amis trop tôt disparus. Go Wake Up, Go Wake Up the Maker, With Booze, and Fuzz & Funny Cigarettes. Un bien bel hommage pour toi mon amie.
Après ce joli moment d’émotion, on aurait très bien pu en rester là. Mais il fallait surement mieux te laisser sur une notre plus rock’n roll. Et c’est exactement ce qui t’a été donné.
Coffin on Tyres monte sur scène et nous interprète une puissante version de « Stinkfist » de Tool.
It’s not enough
I need more
Nothing seems to satisfy
I don’t want it
I just need it
To feel, to breathe, to know I’m alive.
Quelle était cette chose pour toi, cette chose qui t’a tant manquée ?
La version que j’entends ce soir a une résonnance toute particulière, c’est si puissant, si fort. Et me voilà encore avec des souvenirs qui remontent. Ce concert de Tool au Zenith il y a quelques années auquel je ne peux aller. Et je te file la place pour que tu puisses t’y rendre alors qu’on discute de tout le bien que tu penses de Maynard James Keenan… Quelle rigolade encore une fois.
Pour nous achever et terminer en beauté cette partie, le groupe nous envoie un de ces « Green Machine » de Kyuss absolument dantesque. Difficile de faire mieux que toute cette rage qui sort, toute la frustration que l’on crie, que l’on expulse comme ces quatre loustics qui beuglent derrière le micro à s’en faire exploser les cordes vocales. C’est puissant, c’est tellement puissant.
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Il est environ une heure du matin lorsque, pour terminer la soirée, les musiciens montent sur scène pour un jam qui nous mène au bout de la soirée. Cette première édition du Lorelei Fest est une totale réussite. C’est un vrai bonheur de te rendre hommage comme cela, c’était parfait.
1h30 du matin… le temps pour moi de reprendre la route. Pour le retour je me réécoute une partie de la soirée, je monte le son dans la voiture, je revis la soirée.
Il est presque 4h10 du matin quand je me couche, c’est ironique je trouve. Le réveil sonne dans 2 heures. Et là, je repense à cette fois où tu m’as hébergé chez toi et où on a discuté toute une partie de la nuit pour finalement se coucher, vers la même heure environ.
Je tiens à remercier toutes les personnes présentes ce soir-là, les musiciens, le public, tout le monde.
En particulier un grand merci à Rodrigue pour son accueil et Robin pour son aide.
Rendez-vous je l’espère l’an prochain pour une deuxième édition tout aussi réussie.

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