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MONOLORD, SALEM’S POT, ENOS – 26 février 2015 – Paris (Glazart)

Avec les Stoned Gatherings quand la saison de la bûche est ouverte, elle n’est pas ouverte à moitié. Après un duo Toner Low / Sardonis que l’on ressent encore au plus profond de nos entrailles, c’est encore une bonne grosse tartine qui nous attend avec les « sensations » doom du label qui monte RidingEasy Records : j’ai dénommé Salem’s Pot et Monolord. Les deux groupes suédois en tournée se sont vu adjoindre en ce 26 février au Glazart, Enos en première partie. Que voulez-vous, quand on aime on ne compte pas les mandales sonores.

L’excitation est palpable dans l’air quand on pénètre dans la Stoned salle qu’est devenu le Glazart. L’excitation de connaître notre première fois avec des groupes qui ont marqué 2014 et qui semblent bien partis pour marquer les années à suivre. Ce public de curieux avisés ou d’avisés curieux est déjà présent en nombre quand Enos prend place. Ca fait plaisir de voir une première partie se produire devant autant de monde. Je pense que les premiers surpris sont le groupe lui-même, qui se retrouve ainsi galvanisé par une audience qui plus est réceptive à son psychédélique stoner rock. Les britanniques enchaînent les morceaux avec savoir faire, unissant envolées planantes avec riffs plus velus. On est en plein dans ce courant psyché moderne, plus lourd dans ses riffs mais qui sait s’aérer à coups de wah-wah bien senti ou d’effets dans les voix. Peut être pas la révélation de l’année mais une jolie découverte en tout cas. C’est fichtrement bien foutu, les mélodies sont prenantes avec une belle énergie qui s’échange entre le quatuor et la salle. Applaudissements nourris en fin de prestation, les Anglais ont marqué des points ce soir.

Après un petit break bien mérité, on sent la soirée bien lancée, tout le monde se rue sur le merch (forcément quand on assiste à la première tournée de groupes qui ont sorti leur premier album), laissant ainsi le temps à Salem’s Pot de prendre petit à petit maîtrise de l’espace. L’heure du show a sonné, un écran a été installé en fond de salle, les lumières se tamisent et les cinq protagonistes montent sur scène avec masque vénitien et chandelier en main. Les suédois soignent leur mise en scène soit, peut-être à pousser un peu plus quand ils auront les moyens de. Premier extrait directement sorti de leur excellent « …lurar ut dig på prärien » et leur doom 70’s fait mouche. Le son est précis avec un clavier bien mis en avant qui assure l’atmosphère propre à la musique du groupe. On est en terrain conquis. De là le quintet alternera titres issus de l’album et morceaux plus boogie/rock 70’s qui personnellement tendra à me casser l’atmosphère précédemment cité. La projection vidéo faisant des siennes finit par être abandonnée et bien qu’efficaces et particulièrement addictifs les titres plus « enlevés » n’étanchent pas ma soif de proto-métal / doom mystique que le groupe sait si bien offrir sur galette. Qu’à cela ne tienne le public est conquis, ravi de découvrir en live une autre facette de Salem’s Pot. Au final un très bon show, plus dans l’énergie que ce que à quoi on s’attendait. A revoir avec un autre album sous le bras pour voir quelle direction leurs futurs sets prendront.

Le temps de débriefer tout cela et c’est au tour de LA sensation doom de 2014 de nous déflorer les tympans de leur première incarnation live sur Paris. Le filet de leurs haches est bien affuté, ils vont pouvoir envoyer du bois par bûches entières. Pas de chichi, les trois gaillards occupent l’espace et lancent les premières notes de l’instrumental « Audhumbla » pour faire bouillir de suite les nuques. Le son est massif, un poil moins fuzzé que sur album, plus rentre-dedans en soi. C’est ce qui marque dès le début du set, Monolord modernise le doom par une interprétation plus massive et plus énergique. S’il n’y avait pas le son, on pourrait assister à un live de heavy-métal que ça ne surprendrait personne. Quelle claque ! Les suédois délivrent une puissance de frappe sur scène qui abasourdi l’audience instantanément. La répétition des riffs martiaux affirme l’emprise audidive qu’exerce le groupe sur le public. Totalement conquise et hypnotisée la foule headbangue d’un seul flot au rythme martelé de la batterie. L’effet sur la voix est retranscris à l’identique du studio, nous sommes donc subjugués par le rendu tout en vigueur des morceaux. Un second album est déjà en approche (sorti prévu en avril) et le trio se fend donc de nous présenter en live le premier single déjà publié sur internet : « Cursing the One ». En fait le son live du groupe se rapproche plus du son développé sur la version studio de ce titre et autant le dire, c’est un nouveau hit dans la besace des suédois. Pas radin en nouveauté un deuxième extrait nous est présenté avec « We will Burn » et un final de bucheron qui matraque nos nuques jusqu’à rupture. Généreux et en parfait osmose avec son public, Monolord ne se contente pas de réciter à la perfection son album, il nous offre ainsi leur reprise de « Fairies Wear Boots » de qui vous savez. Il n’y a pas à tortiller, ces trois là ont du talent car repris mais surtout réinterprété et intégré à leur univers, le morceau tape dans le mille. Ils sont énormes et il n’y aura pas de prisonnier. Pour clore ce show de jongleurs de parpaing, il ne restait que « Empress Rising » à nous balancer pour finir d’achever les quelques têtes ayant survécus à la force de frappe de groupe.

La sciure couvre le sol, quelques tympans tentent en vain de revenir à la réalité que le set est fini. Résonne toujours l’enchainement de tubes doom auquel nous venons d’assister. Les sourires sont béats. Une soirée sans fausse note encore une fois. Les Stoned Gatherings nous offrent l’opportunité de découvrir et de rencontrer tous les groupes qui rythment notre quotidien, des plus classiques aux plus récents. Ce soir, jeunes vierges effarouchés nous étions à l’entrée, amants comblés nous sommes à la sortie.

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  • Vu au Black Sheep de Montpellier, concert mémorable ! Salem's Pot a convaincu et Monolord a martelé le public, génial !