C’est à Kowloon Walled City que revient l’honneur d’assurer la première partie sur la tournée de ce plateau fort qualitatif. Un honneur qui est sans doute arrivé assez “naturellement”, le groupe étant signé sur le label de Neurosis (Neurot records) et en provenance de la même ville nord-californienne que leurs glorieux ainés… Des fois les choses se font facilement… Quoi qu’il en soit le groupe ne nous transcende pas vraiment : leur post-rock est un peu trop tendre, et la voix du chanteur ne plaira pas à tout le monde… Bref, on ne tarde pas à rejoindre le bar pour choper sa première bière (une demi-heure d’attente, lourd).
Qu’il est frustrant de constamment voir Yob en opening act à Paris ces derniers temps, nous obligeant par là même à nous contenter de 45 minutes de show. Pourtant ce soir, c’est peu dire que le groupe est attendu (et acclamé) et la furie qu’il déverse sur la mythiques salle parisienne avec « Ball Of Molten Lead » en ouverture de set ne calmera pas les (h)ardeurs. Classiquement « The Lie That Is A Sin » prend la relève et le Bataclan flotte dans les airs suffoquant du doom éthéré du trio. Mais, comme toujours sur cette tournée, l’obsession du groupe à enchaîner uniquement « Our Raw Heart », voulue comme la « Marrow » post near death expérience de Scheidt, fera retomber l’ambiance. Hélas, trois fois hélas, pourquoi articuler son set autour de cette chanson quand on a autant de riffs dans sa besace ? Oui, pour panser les blessures, c’est évident, c’est bien à cela que sert un album comme celui qu’a publié Yob. Reste que le finalement très Neusorien « Breathing Frol The Shallows » ne suffira pas à relever ce set un peu frustrant. Vivement le retour de Yob à Paris pour 1h30 de concert, une fois le chapitre Our Raw Heart refermé.
Neurosis, incontestables maîtres de la soirée, prennent place comme à leur habitude, en mode taciturnes, sans dire bonjour ni regarder le public (c’est un peu leur marque de fabrique). Ils ouvrent leur set sur “A Sun That Never Sets”, un classique et un de leurs meilleurs titres ; ça joue la sécurité. Et ce sera sans doute le leitmotiv de la soirée : le quintette nord-californien déroule un set en mode pilotage automatique, composé d’une large poignée de ses plus grands hits, sans vraiment de surprise (pour info, ils joueront la même set list sur quasiment toutes les dates de la tournée – pas de jaloux !). Par ailleurs, c’est dans la section la moins brutale de sa riche discographie que Neurosis ira piocher ce soir, avec beaucoup de passages atmosphériques / acoustiques, un peu comme s’ils étaient fatigués de faire les bourrins de service. La part belle a été faite au dernier album, Fires Within Fires, dont ils ont joué 3 morceaux (sachant que l’album n’en a que 5), le reste tapant dans leurs 5 ou 6 disques majeurs.
Le concert en tout cas ravit un Bataclan généreusement rempli pour l’occasion, avec des musiciens comme d’habitude ultra impliqués dans leur live, qui donnent beaucoup de leurs personnes. Le public est réceptif et apprécie ce set taillé sur mesure pour satisfaire le plus grand monde. Et l’on restera donc sur ce ressenti d’un concert ultra efficace, carré, mais aussi avec trop peu de surprises (même si certains titres comme “To the Wind”, pas joué depuis une bonne dizaine d’années, ont bien fonctionné) et, pour les puristes, trop peu de morceaux issus des plus vieilles années (dont les glorieux Through Silver & Blood, Times of Grace, etc…). Une fort bonne soirée, sans être exceptionnelle.
Caïn / Iro22