SAINT VITUS + Dopelord – 21/04/2019 – Paris (Petit Bain)

Venus fêter leurs 40 ans de carrière sur une longue tournée européenne, censée initialement correspondre avec la publication de leur nouvel album – le 8ème -, Saint Vitus a pris d’assaut la péniche Petit Bain en plein week-end pascal. Ce que la capitale compte de doomsters s’était donc donné rendez-vous, les plus jeunes pour voir Dopelord (« c’est Saint Vitus ou Pentagram ? Je les confonds toujours » ou « je crois que l’on dit Saint Vitu, sans prononcer le S » sont des phrases qui ont été prononcées en ma présence), les plus vi-… les plus sages pour Saint Vitus. 40 ans de carrière cabossée, émaillée de lose et de séparations déchirantes, que le quatuor imaginait surement fêter avec Wino avant que ce dernier ne se fasse toper avec de la drogue plein les poches en Scandinavie. Si son interdiction de séjour en Europe est levée, permettant à ce dernier de tourner en ce moment même avec The Obsessed, Vitus a quant à lui repris Scott Reagers, leur chanteur originel, et fait revivre le frisson du groupe de mauvais garçons qu’ils étaient au milieu des années 80. Toujours avec Henry Vasquez (Blood Of The Sun) à la batterie et avec Pat Bruders (Crowbar et mille autres groupes) à la basse, pour encadrer l’indéboulonnable papi Chandler, crinière blanche et allure de druide thrash, l’incarnation du groupe sur les quatre dernières décennies.

Dopelord était attendu, c’est un fait, les polonais étant de cette mouvance de stoner de synthèse dont les titres finissent toujours par vous sauter aux oreilles par association musicale sur Deezer ou Youtube. L’histoire ne précise pas si le groupe s’est nommé comme cela grâce à l’aide d’un générateur aléatoire de nom de groupe stoner, comme il y en a des dizaines sur la toile (Dope Goat Sun Smoke Wizard Lord, par pitié arrêtez et appelez-vous différemment). Leur musique, elle, a clairement été générée en suivant attentivement la recette d’Electric Wizard, délayée par Monolord et saupoudrée de Windhand. Un mélange digeste certes mais il va sans dire que la faim de riff revient en un instant.

Et c’est tant mieux car des riffs, Saint Vitus n’en manquent pas, et les leurs, ils ne les doivent à personne. Même des décennies après, ils ne sont pas beaucoup à en avoir voulu. Pourtant la recette est parfaite. Les quatre papys font de la réminiscence (de nostalgie) et brossent en une heure trente leur drôle de carrière. Enfin pas vraiment en vérité puisqu’à l’exception d’un titre incontournable, tous les autres viennent d’albums sur lesquels a chanté Reagers. C’est même 5 extraits de leur effort à sortir qui seront joués ce soir. Il se murmure d’ailleurs que Season Of Mist s’attendait à un album plus doom, plus Wino finalement, alors que les extraits joués ce soir indiquent clairement que les racines punk hardcore de la formation sont de retour (les quatre premières sorties du groupe portent le sigle SST records). Il n’y a qu’à voir les remous dans la fosse tout du long du set pour s’en assurer.

Car c’est un sacré concert que va nous livrer la bande. Devant une audience acquise, dès le lancinant « Dark World », Vitus déroule son set, accélère constamment le tempo (la fosse devient folle sur l’intro de « Bloodshed ») et multiplie les moments mémorables, des grosses intros à la basse du brutal Bruders jusqu’à l’incontournable entrechoquement de bouteilles en ouverture de « Burial At Sea » en passant bien sûr par les invectives constantes de Dave Chandler dont chaque solo est acclamé comme il se doit. L’un des moments mémorables reste lorsque Reagers propose à la fosse de faire un circle pit, qui s’écroule presque instantanément (quelle idée de faire se secouer si vivement des fumeurs de weed aussi…). Sans répit le groupe déroule et revient, présenté par Henry Vasquez, transformé en maître de cérémonie, pour un rappel mordant, composé bien sûr de « Born Too Late », le seul morceau originellement chanté par Wino joué ce soir, puis « Hallow’s Victim » et « Useless », énième banderille de punk hardcore qui clôture leur album à paraître (ce qui est une grosse preuve de confiance en leur album à venir que de finir de la sorte). Le temps pour Reagers de remercier leur fournisseur de bière (qui n’était autre ce soir que Headbang Brewery, brasserie bio, locale et metal, montée par des membres des Stoned Gatherings) et les lumières se rallument sur une fosse hébétée.

A la sortie de ce concert épique, de loin le meilleur de Vitus qu’il m’ait été donné de voir, le premier ami croisé me dit « C’était pas terrible, trop speed. Je préfère avec Wino ». Pffff. Monde de merde.

 

 

Set List :

  • Dark World
  • White Magic / Black Magic
  • Remains
  • Hour Glass
  • War Is Your Destiny
  • One Mind
  • A Prelude To…
  • Bloodshed
  • 12 years In The Tomb
  • Burial At Sea
  • Saint Vitus
  • Born Too Late
  • Hallows Victim
  • Useless

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