Rendez-vous était pris à l’Olympic Café pour aller écouter The Devil and The Almighty Blues, avec en première partie The Well et Hyde. L’endroit est une salle miteuse aux peintures du plafond qui s’écaillent. Une insonorisation qui peine à contenir le crunch et les basses. Un carrelage antédiluvien aux couleurs de ces années où le troquet était un lieu de vie. en rentrant je me prends à penser “Voilà ce qu il reste des petites salles parisiennes, l’archétype de la peut-être prochaine cible des lois de sécurisation de la culture par l hygiénisme”. Ce sera encore un déchirement si l’Olympic devait subir le sort de ses consœurs comme La Mécanique Ondulatoire, le Batofar et autres Espace B. Car oui, ces lieux ne sont pas glamours, mais ils font vivre notre musique et je compte bien m’en payer un tranche ce soir.
Il est près de 20h lorsque Hyde ouvre le bal. Ce trio Parisien me semble faire montre d’un peu de stress mais l’envie d’en découdre prend le dessus. Le son est rapidement poussé plus fort pour abreuver une salle qui se remplit doucement. Le chant lorsqu’il cherche la mélodie est peut-être un peu approximatif, le fond de Fuzz et de Kyuss qui baigne les compositions offre à l’oreille ce terrain de jeu ou l’on s’éclate et où l’on ne cherche rien de plus qu’une mise en jambe facile d’accès. Pourtant il y à sur scène de belles surprises, lorsque le chant se fait cri, je découvre toute l’énergie qui peut se dégager de Hyde et le plaisir va crescendo. C’est déçus que nos trois acolytes doivent rendre la place avec un set écourté pour des raisons voisinage grincheux passé 22H. Le finish et son intro en forme de Jam qui nous entraîne vers un monde plus paisible aux sons hypnotiques et amers. L’outro gueularde et savoureuse de force fait de cette conclusion le morceau le plus complexe du set et le rend d’autant plus savoureux. Avant de quitter les planches on fête l’anniversaire d’un des membre de l’orga Below the Sun, un anniversaire braillard digne d’un tonneau de bière en perce. Finalement on est bien, là, en famille.
Après s’être fait refoulé du trottoir où visiblement même le fait de fumer une clope devient une gène, je redescend dans le ventre du café pour découvrir The Well. J’avoue ma méconnaissance du groupe…mais que s’est il passé, pourquoi m’aura-t -il fallu attendre pour les découvrir? The Well c’est une grosse énergie sur fond de blues. Les riffs sabbathesques mettent en joie. Je n’aurai pas été frappé par l’originalité du groupe d’emblée, mais quelle énergie se dégage du trio texan! Je suis sous le charme du duo de chant, d’une justesse rare. Le tout sous la houlette d’un check sound juste à souhait! Rien ne dépasse, le public scotche aux planches pour ne rien manquer, le jeu de scène est minimal, certes, mais les grimaces du guitariste Ian Graham hypnotisent le public et la menue Lisa Alley en impose derrière sa Rickenbacker. Au fond dans l’ombre Jason Sullivan s’applique à frapper juste ce qu’il faut, sans éclat de puissance et laissant ainsi un terrain de jeu propice aux deux autres. Sans forcer au renouveau c’est une musique qu’on chausse comme des pantoufles et ce qui est certain c est que les musiciens ne sont pas des manches. Les démonstrations de virtuosité sont contrôlées. Une musique qui fait le job plus que bien et j’ai hâte de revoir The Well de nouveau. Direction le merch donc, je veux creuser la question sur album.
Les maîtres de cérémonie The Devil and the Almighty Blues n’auront pas fait le déplacement depuis Oslo pour rien, c’est une salle pleine de près de 160 amateurs de croustillances bluesy qui sont venus admirer les quintette. A peine monté et ouvrant sur un “North Road” les Scandinaves emportent leur public. les gars sont positionnés et si le chanteur reste bras croisés lors de l’intro il est attendu de pied ferme pour son tour de chant. Alors oui, The Devil and the Almighty Blues ce n’est pas un monument d’originalité, il s’agit d’une bande de pote qui à intégré les standard du Rock, du Blues et du Stoner, mais qui a su l’élever au rang d’acte professionnel. Là, dans ce sous sol approximatif, il se passe quelque chose digne d’un studio. Les riffs collent à la perfection aux albums, la maîtrise est absolue et le public en prend plein la tronche. L’agressivité du bassiste soutient la rythmiques Blues, les guitares ont toutes les deux leur place et s’alternent en toute cohésion. L’ambiance monte d’un cran encore et on ressent bien que cette tête d’affiche était bel et bien attendue des initiés. Très vite la salle devient une étuve un cran à peine en dessous du sauna, la climatisation peine à compenser la fièvre des auditeurs. Il serait ingrat d’oublier la console qui fait un travail remarquable et offre une acoustique improbable dans une salle de ce type et même si le light show est statique il n’y a aucune faiblesse dans ce set qui va finir de déchainer les passions avec un “The Ghost of Charlie Barraccuda” qui clôture le set en jetant en pâture au public les dernières forces du groupe après un peu plus d’une heure de set.
Quittant la salle, le public est rendu aux rues sombres et crasseuses du quartier Poissonnière et on s’y sent bien, comme dans ces cafés concerts où l’on vit sans crainte que le ciel nous tombe sur la tête.
[…] joliment emportées vers des terres de psychédélisme ; pour moi la découverte de ce groupe en Live avait été une bien appréciable genèse. Cette fois-ci ils reviennent donc en annonçant la […]