TONER LOW, SARDONIS, FIEND – 19 février 2015 – Paris (Glazart)

Cela fera bientôt trois semaines que cette soirée a pris place. Trois semaines et j’en ai les intestins qui gigotent encore. Les Stoned Gatherings pour lancer la saison démontrent toute leur largeur d’esprit. Après une première soirée fleurant bon le sable chaud, cette seconde réunion est placée sous le signe de la légèreté d’un parpaing dans votre tronche. Soirée réservée aux plus avertis sur le papier, ça n’en restait pas moins une soirée à ne pas manquer.
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Pour ouvrir le bal, Fiend prend place et balance son stoner doom riche d’influences en toute simplicité. Découverte pour ma part, la musique de ce quatuor parisien jongle entre les différents atours de ce courant musical qui nous sied tant, pour en faire des pièces uniques. Riffs tantôt incisifs, tantôt plus lents, quelques interventions vocales du bassiste, on sent que le groupe ne veut pas céder à la facilité et veut proposer des morceaux florissants d’idées. Les structures des titres ne sont pas toujours évidentes mais quand le riff et surtout les intentions sont bons, ne boudons pas notre plaisir. Le public est encore un peu trop clairsemé pour les porter et certainement les aider à se lâcher un peu plus. Le set est propre, donne envie d’écouter et de réécouter tout cela dans des conditions optimales. On n’est pas dans le facile d’accès ce soir et les français (qui font croire qu’ils n’en sont pas) méritent que l’on tende une oreille plus précise sur leurs velléités d’offrir du lourd dans l’hexagone. Néanmoins l’ambiance se réchauffe petit à petit et ce n’est jamais facile d’être le premier à passer.

Après n’avoir assisté qu’à deux morceaux de leur set au Desertfest Anvers dû aux aléas d’un running order propre à ce genre d’évènements trop riches en bons moment, c’est avec grande joie que je m’apprête enfin à me prendre l’intégralité du Sardonis show dans les esgourdes. Pour ceux du fond qui ne suivent pas, Sardonis c’est deux belges au volant d’un rouleau compresseur instrumental. Exercice difficile en live quand tout repose sur quatre bras pour autant de jambes. Mais rien ne semble inaccessible à la débauche de riffs que l’on va se prendre. La complicité entre les protagonistes est totale et bien que l’on ne tape pas dans l’easy listening avec leurs morceaux d’heavy-doom, l’atmosphère reste détendue. On peut te rétamer la face à grands coups de buches mais rester dans un bon esprit de partage de mandales griffues et velues. Ca joue fort et ça joue bien. Voire ça joue très fort et très bien, le son étant juste énorme. Regards complices pendant les morceaux, brefs échanges pour caler le lancement des différentes ogives que le groupe distribue en toute générosité, on sent le duo content d’être là et c’est réciproque pour le public. Fort de cette alchimie les morceaux s’enchainent, variant sur les tempos, laissant la gratte occuper l’espace de 16 cordes (2 guitares + 1 basse) et la batterie celle des tambours du Bronx. Non pas besoin d’être plus nombreux, l’efficacité des arrangements bien que reposant sur la répétition des riffs, et l’énergie déployée suffit à mettre à genoux l’audience qui n’en demandait pas tant. Sardonis frappe très fort et marque les esprits. Aussi redoutable en live que sur album.

Voici venu le temps de la tête d’affiche. Pour le coup je les avais totalement manqués au Desertfest ainsi que lors de leur dernier passage à Paris il y a deux ans maintenant. Oui cette soirée c’est finalement l’occasion pour tout le monde de rattraper les erreurs passées. Parce qu’il y a des expériences extra-sensorielles qui méritent d’être vécues et Toner Low en fait clairement partie. Eclairage vert, feuille de chanvre projetée sur l’écran du fond, grosse caisse habillée d’une lumière rappelant une lampe à bulle, le décor est planté. Puis vient la première déflagration sonore. Et je pense qu’aucun mot ne saurait d’ailleurs rendre justice à la masse de son qui se dégage du trio néerlandais. A ce niveau « massif » n’est plus de taille à soutenir la comparaison, Toner Low nous scotche et notre esprit sous cette chape de doom enfumé ne peut s’échapper. Hypnotique dans le riff, groovant de basses saturées, nos tympans saignants du combat précédent, il ne reste qu’à notre corps entier de réceptionner les ondes et les fréquences ultra-baaasses. Mais l’ombre des problèmes techniques planent au dessus de ce show ce soir. La voix est inaudible et bien qu’il y mette toutes ses tripes arrivant presque à nous faire deviner ces intentions, les instruments écrasent tous sur leurs passages. Les intros de morceaux en backing tracks peinent à bien se lancer, créant des moments de respiration là où l’on devrait rester en apnée plonger dans la lourdeur des titres. La bassiste se retrouve même lors du rappel à devoir changer de tête d’ampli. Des détails face à la puissance allusive du doom batave soit. Mais des détails qui empêchent ce set ce soir du 19 février d’être aussi monumental qu’il allait être. Néanmoins quand les cordes et les tomes suintent le doom, ça fait mouche. L’audience est sous l’emprise des longues plages instrumentales et nous finirons tous prisonnier entre les épais murs de fumée dressés par le groupe.

Une soirée écrasante et unique par ces acouphènes de basse (pour reprendre un commentaire qui a fait suite à cette orgie de gras sons). Encore une fois les Stoned Gatherings nous offre des plateaux qui nous comblent et nous rassasient et malgré tout on en demande toujours plus.

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